Article 1. Mon avenir dépend de la décision de l'Entreprise.
Sheyra était une fille tout ce qu'il y avait de plus banale si l'on omettait son passé quelque peu bouleversant. Elle était très gentille et serviable et son esprit combatif était des plus encourageant pour ses amis. Seule sa situation familiale avait de quoi attrister. Sheyra avait perdu sa mère petite et son père, depuis, ne lui accordait plus la moindre attention. La mère de Sheyra avait été tuée par un agent de l'Entreprise qui estimait que son attitude n'était pas assez soumise. Sa fille avait donc appris très jeune qu'il ne fallait pas négliger l'existence de l'Entreprise.
Malgré tout, son passé ne l'avait pas empêché de vivre et elle était plutôt appréciée là où elle était scolarisée. Dès que quelqu'un avait besoin d'aide, que ce soit pour les cours ou une autre raison, Sheyra se faisait une joie de l'aider et cela fonctionnait aussi en sens inverse. Elle était très intelligente et maître dans l'art de comprendre les personnes l'entourant, rien qu'en les observant. D'ailleurs, c'était cette qualité qui lui avait coûté son avenir ce fameux jour...
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Tandis que le soleil brillait dans le ciel, le professeur continuait son cours d'histoire d'une voix monotone. Les élèves pour la plupart, discutaient ou jouaient avec leurs stylos sans écouter le discours de M. Stransy traitant de la crise économique de 2096 qui avait bouleversé la technologie et fait disparaître ordinateurs, téléphone et Internet de la vie courante.
Cela intéressait bien peu d'élève puisque aucun d'entre eux n'avait connu ces appareils. Les seules technologies qui subsistaient encore étaient réservées à l'Entreprise, donc il était imprudent d'en parler ou même de s'y intéresser.
Des bruits de pas calmes et réguliers se firent alors entendre, juste avant que ne s'ouvre la porte de la salle. Tous les élèves se levèrent immédiatement, presque au garde à vous. Un homme de grande taille se tenait à l'entrée de la pièce. Il était vêtu d'une armure sombre et d'un long manteau à capuche noire qui empêchait de distinguer ses traits. Son apparence seule inspirait la crainte.
Un lourd silence s'installait, et plus personne ne bougeait sinon l'homme en noir qui passait dans les rangs en observant les jeunes adolescents, d'un air que les élèves savaient tous impassible même si ils ne pouvaient voir son visage. Car l'homme qui était entrée était un agent de l'Entreprise.
Personne ne leurs manquaient de respect, sous peine d'être tué aussitôt. Ces agents provoquaient la peur où qu'ils passent. Et une règle d'or voulait que toutes les personnes qu'ils croisaient devaient se tenir droites, sans bouger, les yeux fixés au loin et sans ciller, dans la position que tous connaissaient depuis leurs plus tendre enfance, et que tous devaient arborer en cet instant, dans cette salle de classe, en présence de l'agent de l'Entreprise qui venait d'y entrer. Et cette règle était d'autant plus respectée aujourd'hui du fait que l'homme qui était entré n'était pas un simple agent. C'était un officier surnommé Silicium, un des plus connus, mais surtout un des plus craints. Un homme sans pitié dont on ne comptait plus les victimes.
Silicium continuait son inspection, et s'attarda sur une jeune fille aux cheveux noirs mi-longs et aux yeux bleus-gris, qui ne bougea pas d'un pouce, selon la coutume, tandis que l'officier s'approchait. Cette fille, c'était Sheyra, et le souvenir de la mort de sa mère lui rappelait de respecter les sous-fifres de l'Entreprise, et de ne pas ciller même sous la crainte. Elle, contrairement à beaucoup d'autre, n'avait pas peur, ou très peu mais elle était une des plus soumises.
L'officier l'évalua du regard sous sa capuche et la fixa dans les yeux sans qu'elle ne bouge plus qu'avant. Finalement après de longue minutes, il posa une main sur son épaule et dit d'une voix grave avant de partir:
- Je la prends elle.
Deux autres agents arrivèrent alors et l'accompagnèrent tandis qu'elle suivait sans mot dire l'officier, et que quelques élèves bouleversés laissaient couler des larmes.
Aucun d'entre eux ne la reverrait jamais comme ils la connaissaient alors.
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L'Entreprise. L'origine d'une Légende
Ficção CientíficaEn 2141, le monde, étonnamment, ne diffère guère de celui d'aujourd'hui; à un détail près: l'Entreprise. On ne s'oppose pas à l'Entreprise. On ne contredit pas l'Entreprise. On ne refuse pas l'allégeance à l'Entreprise sous peine de mort. La moindre...