J'ai beau me recroqueviller, me rouler en boule, me dissimuler tout entière sous mes couvertures, la peur, une peur comme je ne me rappelle pas en avoir connue depuis, se glisse vers moi, s'infiltre... C'est de là qu'elle vient...je n'ai pas besoin de regarder, je sens qu'elle est là partout...On vient...
<<-Non je t'en supplie>>
Cette voix, ...ces paroles, me hantent sans arrêt et voilà que je les réentends, mais tout n'est que dans ma tête, je dois cauchemarder. Pourtant tout me semble réel : le contact de mes doigts avec le drap, ma frayeur, l'odeur âcre de moisissure et par dessus tout, cette voix. Elle me semble familière, pas celle d'un membre de mon entourage, non, mais belle et bien celle qui surgit d'un événement traumatisant. Perdue dans mes pensées, je sursaute quand celle-ci reprend :
<<-Tu te rappelles de moi maintenant ?>>
Je tremble de peur et des sueurs froides coulent dans mon dos. Cette créature, ou quelle qu'elle soit, lit-elle dans mes pensées ? Rien que cette réflexion me donne la chair de poule. À force de ruminer, et malgré tout, ma curiosité prend le dessus et mon envie de soulever le drap augmente de plus en plus. Mon esprit, hanté par une frayeur indescriptible, lutte plus que tout mais finit par céder à la tentation. Mon bras, tétanisé la seconde d'avant, se débloque comme si une force surhumaine l'arrachait de mon corps, mes doigts attrapent lentement le drap, se referment dessus et, d'un coup, le lèvent. Qu'est-ce que je découvre ? Bien que scrutant les moindres détails de ma chambre, n'apparaît à mes yeux qu'un rien, le noir, le néant.
Mon horreur reprenant le dessus, je me roule en boule sous ma couette, et j'attends. Une minute me paraît durer une éternité quand je sens un courant d'air s'infiltrer sous ma couverture et caresser ma nuque. Mon sang ne fait qu'un tour tandis que je me tasse sur mon matelas et que mes ongles s'enfoncent dans les paumes de mes mains. Des gouttes de sang perlent de mes entailles et des mots surgissent de ma mémoire comme si ils eussent été endormis : cadavre, mort, meurtre. Mes souvenirs refont surface et c'est ce moment là que choisit ma victime pour poser sa main sur mon épaule. Je tressaille et me propulse de mon lit pour atterrir à l'autre bout de la pièce tel un puma. Mon regard s'enfonce dans les ombres les plus profondes et s'arrête sur mon lit. Deux yeux me fixent, à l'abris sous les draps. Ce corps semble être dans la même position que moi à l'instant, la même expression de peur mêlée à la curiosité. Suis-je folle ? Qui est donc cette étrange créature ?
Tout à coup je sens une mystérieuse attirance pour cette dernière, comme un aimant chercherait son opposé. Je m'approche doucement puis accélère le pas et enfin m'arrête devant cette boule emmitouflée de tissu. Je sens sa peur comme si mes sens s'étaient développés. Je me vois poser ma main sur son épaule et la sentir tressaillir sous mes doigts. Une connection s'établit entre elle et moi et je sens mon esprit transporté. Je me retrouve en boule sous ma couverture.
Le temps de sortir de ma torpeur et le monde reprend vie autour de moi. Je soulève brutalement la couette et me retrouve nez à nez avec mon reflet : mes longs cheveux bruns tombant sur mes épaules, mon regard vert brillant à la manière d'un chat, mes bras ballants...quand... Un détail qui jusqu'ici m'avait échappé me saute aux yeux : dans ma main se trouve un couteau. Serais-je toujours dans un cauchemard ? Comme pour me rassurer, je baisse le regard sur ma main et mon corps se tétanise devant l'horreur de la scène qui se déroule sous mes yeux. En même temps que celle dans le miroir, ma propre main se lève et avant que la lame ne s'enfonce dans mon esprit, une phrase que me répétait ma mère petite me revient en mémoire :
<<-Ta curiosité te tuera mon enfant>>
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Un ego maléfique
ParanormalOn nous a toujours dit de se méfier des gens mais...doit on aussi se méfier de nous même ? Personne ne nous l'a jamais conseillé ça. Cette part maléfique qui se cache en chacun d'entre nous et n'attend qu'un signe pour bondir.