Lovée tendrement dans le confort de ma grosse doudoune j'observais du coin de l'œil la gloire de la nuit dans laquelle se déchirer les étoiles, fougueuses danseuses de la plus somptueuse de toutes les valses ... Tournants les unes autours des autres et se cherchant sans cesse dans l'ombre de tant de nuages qu'elles fendaient de leur beauté incontestée... Lumineuses et envoutantes, je pouvais passer la nuit à les admirer du haut de ma triste destinée. Elles et leur ivresse revigorante...
Et d'une certaines manière j'aimais à penser que l'éclat de tant d'astres n'était en rien destiné au regard hagard de l'Homme et que derrière tant d'artifices se cachaient la majesté d'une attirance irrémédiable. En somme, la saison des amours qui les envoutée chacune, les poussant ainsi à se séduire à la déchéance du Roi soleil pour la renaissance de sa tendre compagne solidaire... La lune plus luisante que jamais qui renonçait à l'amour de son Roi pour l'attention de ses consœurs astrales... A la manière de la tragédie d'un Cupidon privé du propre bonheur dont il dotait autrui, la grande lune veillait à l'allégresse de son tendre peuple.
Cette pensée m'arracha un sourire terrible et fît saigner mon âme lorsque je m'abandonnais bientôt aux songes. Quel contraste indéniable avec la terrible épouvante qui définissait si bien mes propres émois amoureux... Force est d'admettre que noyée dans la romance promise dans la féerie de tant de récits, je commençais à languir mon tour alors que la réalité m'accablait du chagrin de ses ténèbres...
Mais pourtant dans l'obscurité de la nuit, je sentais déjà mon cœur saignait excessivement en repensant à la cruauté qui pouvait se cacher derrière cet éclat trompeur qu'était l'amour. Caché follement sous des kilomètres des plus factices de tous les discours. Des paroles vidées du moindre sens, des sentiments enflammés par le moindre geste et des pensées brûlantes qui auront bientôt finis par tromper la raison... Quelques émotions allègres qui vous inondent d'un charme trompeur et qui finissent enfin par vous déchirer l'âme et par scinder le cœur de mille maux démesurés...
Du moins, ce fût ainsi que m'étais apparu la fin de ma précédente relation à ses côtés. Et il devenait difficile de croire en la volupté d'un sentiment nommée pour sa tendresse et déguisé par sa propre passion.
Pourtant malgré haine, rage, et désespoir, je me tenais là, assise docilement à ressasser tristement un passé que je n'arrivais plus à enterrer... Contemplant la nuit sous le chant des cigales et serrant fermement contre mon cœur l'objet de ma présence irréfléchie, l'objet de tant d'espoirs. Une absurde lettre d'amour qui avait eu raison de moi par la beauté de ses mots et de sa niaiserie certaine... Une simple lettre qui avait pourtant réussi l'exploit de raviver en moi le feu de la foi, la magie de l'adhésion en ce vieux sentiment qui m'avait tant dérobé... L'amour électrisant et dévorant, la force de la flamme, la curiosité de ses conséquences sur l'Homme... La beauté entière de ce sentiment privé soudain de tant de ses travers...
Rien qu'en repensant au maigre contenu du pauvre papier froissé, je ne pus ni ne voulus jamais réprimer le sourire royale qui trônait fiévreusement sur la rosée de mes lèvres. De cette façon ce fût le cœur battant et la tête débordant de songes que je me noyais de nouveau dans l'idylle de ces mots...
"C'est ce soir sous le salue que m'accorde la lune et au souvenir de tant de tes sourires que je t'accorde ces mots débordants de tant...
Cette nuit, je me défais de la crainte et de la lâcheté et je t'ouvre mon cœur et me délivre de mes maux... Egoïste décision de ma part, mais terrible inquiétude qui me ronge déjà à l'idée d'imaginer tes grands yeux se poser sur l'encre de mes sentiments impétueux qui s'écoulent à n'en plus pouvoir... Et j'aimerais te dire tant... Te confesser à quel point refreiner le feu qui m'incendie me brûle l'âme et à quel point la fraîcheur de ta présence m'enivre... J'aimerais te déclarer l'étendue de ton importance dans une vie. Te confier ta profondeur dans ce monde qui me parait si terne en ton absence. Dans l'obscurité et la pénombre tu es la lumière qui éclaire mes jours depuis l'ébauche de nos échanges... Mais je meurs d'envie de toi, et si seulement tu savais combien je te désires... Eloise je te veux mienne, et trembler à tes pieds et pleurer à tes bras ne m'effraie plus du moment que je peux prétendre à la mélodie de ta voix... Je ne demande rien de plus que le joyau de ton attention et la majesté de ta flamme. Aimes moi, je t'en conjure, adore moi comme tu me brûles le cœur. Car je pourrais aimer pour deux... Mais te savoir indifférente me brise l'être et réduit mon existence à un néant intarissable... Car...je t'aime? Ridicule à dire et pourtant je ne suis plus que l'esclave de la tyrannie de la passion... Le cœur à ses raisons que la raison ignore; et tu es ma raison. Alors rejoins moi tant que le courage me gagne encore... Au grand jardin je t'attendrais pour faner l'espoir d'une destinée ou pour faire fleurir la fortune de l'amour. A vingt trois heures je t'attendrais jusqu'au levé du jour."
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T'aimer à m'en oublier.
Short StoryEloise est seule, âme éprise et torturée, Eloise ressasse le passé et langui ce jour... Ce jour où enfin elle rencontrera la belle âme qui lui adressa une fois cette lettre de félicité. Eloise est seule et la nuit est belle; et enfin ce soir il se j...