At the Edge of Time : Fake Memories

Chapitre 2 - Regrets

Les nombreuses sirènes ne secouèrent pas le jeune homme d'un millimètre.

Ses yeux se vidaient de toute vie, le regard fixé sur le corps gisant devant lui. Les pieds dans la mare pourpre, les mains d'Enzo tremblaient, de plus en plus fortement. Le véhicule secouriste se gara, ce qui força la foule à bouger, leur laissant le libre accès à la dépouille.

Le brouhaha étouffait les multiples sirènes de la police, la panique se faisait de plus en plus ressentir au fil des secondes, alimentée par l'atmosphère tendue et morbide de la place de la gare.

Le temps reprit son cours pour le garçon lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Une jeune femme prit la parole d'un ton désolé :

— Hé petit, viens avec moi.

Enzo, encore confus, hocha simplement la tête. Malgré le fait qu'il n'entendait presque pas la demoiselle, il suivit ses pas, et s'assit sur le bord du véhicule à sa demande.

— Je vais te poser quelques questions, sur ce qui s'est passé et ce que tu as vu, c'est d'accord ?

La jeune policière gardait un semblant de sang froid malgré la détresse du jeune garçon. Une aura de bienveillance et d'aise entourait la demoiselle, ce qui aida un peu Enzo à coopérer.

Pendant que ses collègues calmaient et dissipaient la foule, elle commença son rapide interrogatoire, son corps accroupi pour regarder le jeune homme dans les yeux.

- J'aimerais tout d'abord que tu m'expliques avec tes mots ce qui s'est pass—

Avant de pouvoir finir sa phrase, quelque chose lui coupa la parole.

Encore... ?

Une nouvelle fois, on aurait dit le son d'un carillon d'église, le garçon et la jeune dame tournèrent alors leurs têtes vers la tour de l'horloge qui surplombait la gare. Une silhouette se tenait sur le rebord de celle-ci à observer la situation, et plus particulièrement Enzo.
La policière eut tout à coup la tête lourde, comme si le son oppressant l'écrasait. L'adolescent lui, plissait les yeux pour fixer la silhouette, il se releva en titubant légèrement pour faire face à la forme qui se dessinait en haut de la tour.

Il serra le poing à la seconde où il reconnut la tenue que portait cette ombre.
Entraîné par un besoin soudain, Enzo commença à courir en direction de la tour...

De son côté, la policière s'écroula au sol, quelques secondes après que le garçon partit en courant. Un à un, ses collègues, ainsi que la foule, tombèrent à leurs tours.

Durant sa course l'adolescent ne remarqua pas ce qui se déroulait derrière lui. Impossible pour Enzo d'entendre sa propre respiration ni ses bruits de pas, le son du clocher était omniprésent.

Il courait sans s'arrêter, pourtant son objectif n'avait pas de réel sens. À quoi bon faire face à cette personne ? Sans même y réfléchir, la soif de vengeance poussa le jeune garçon à continuer son chemin jusqu'au clocher.

Arrivé devant l'édifice, le son infernal cessa quelques instants. Le jeune homme leva la tête, à la recherche de signes de la silhouette, jusqu'à qu'un son strident venant de derrière lui le fit se retourner de peur.

Quelques mètres devant Enzo se tenait une silhouette de dos.

Elle faisait à peu près sa taille, voire un peu plus grande et était vêtue d'une très longue veste cachant une grande partie de son corps. Enzo serrait le poing de plus en plus tandis que l'inconnu se retournait lentement. Son visage, camouflé par une longue capuche, ne permettait pas au jeune homme de mettre une figure au meurtrier ayant tué sa chère et tendre Hana.