1. Le commencement

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Law dépose avec une précaution mécanique un cœur dans une poche à moitié remplie de celsior. Il porte des gants en latex, anciennement blancs, une blouse noire par dessus un sweat de la même couleur, un masque chirurgical, un jean tâché et son habituel bonnet blanc et tacheté.

- Law, le presse Diamante.

Ce dernier est nonchalamment adossé à un des murs de la pièce, juste à côté de la porte, les bras croisés. Sans lever la tête, Law devine qu'il ne le lâche pas des yeux. Le Chirurgien de la Mort ne se laisse pas déconcentrer par si peu, il referme le sachet contenant l'organe d'un mouvement sec de la main, mais pas brusque pour autant. Un coup d'œil à l'horloge digitale suffit à lui donner de quoi repousser les appels pressants de l'autre homme.

- Ne sois pas si impatient, Diamante, il reste vingt minutes, lâche Law d'un ton nonchalant.

Ses yeux semblables à des nuages d'orages font rapidement le trajet entre le corps sur la table d'opération et les organes disposés dans une valise noire. Il ajoute le cœur à l'intérieur, entre deux reins et un foie.

- Un ou deux poumons ?

- Un, réponds Diamante sur le même ton.

'Quel gâchis.' songe Law. Ceux là sont en assez bon état en plus, de son vivant le type ne fumait pas. 'Je pourrai toujours le conserver pour une future transaction...' C'est donc au tour des poumons de trouver leurs places dans une poche de celsior chacun. L'un rejoint le cœur, les reins et le foie à l'intérieur de la valise, l'autre atterrira dans une glacière. Le Chirurgien de la Mort referme rapidement la fermeture éclair.

- Tu connais la chanson : le celsior-, commence Law.

- ...à une durée limité de conservation, termine Diamante avec agacement en s'emparant brusquement de la valise.

Le médecin se détourne déjà de son vendeur pour commencer à ranger la salle d'opération clandestine.

- Je compte sur toi pour qu'il ne reste plus aucune traces, Law.

Et l'homme quitte la salle, sans un mot, sans un geste de plus. Trafalgar reste immobile un instant, le temps que les pas dans les escaliers disparaissent.

Puis quand il est sûr d'être seul, le regard du Chirurgien de la Mort tombe sur le visage du cadavre qu'il vient de disséquer. Un homme âgé d'environ une quarantaine d'années, groupe sanguin AB, 1m81, 78 kg, 43 en pointure de chaussure... Law sait beaucoup de chose sur l'identité de ce corps et en même temps il ignore beaucoup de choses. Ce type avait-il des gosses ? De la famille peut être ? S'il est ici c'est qu'il devait crouler sous les dettes. Law, comme à chaque fois, ne peut s'empêcher de se demander si cet homme méritait de mourir en étant personne. Un inconnu, simple tas de chair et...

Stop.

Automatiquement, son cerveau passe à autre chose avec cette froideur qui lui fait parfois un peu peur. Mettant ses pensées perturbatrices sur le côté, Law commence le nettoyage minutieux de son matériel. "Faire disparaître les traces" c'est une de ses spécialités. Il est le fossoyeur de ceux qui passent entre ses mains, d'où le surnom de Chirurgien de la Mort.

Au bout d'un quart d'heure, il ne reste plus que le corps. Law n'aime pas s'en occuper lui-même. Il se débarrasse de ses gants, de sa blouse et de son masque avant de se saisir de son téléphone de "travail" : un vieux smartphone qu'il change régulièrement pour éviter d'être tracé ou piraté. Il compose un numéro appris par cœur et on décroche au bout de trois sonneries.

- Allô ?

- "Après la mort, il n'y a rien.", dit-il simplement.

- "Et la mort elle-même n'est rien." J'arrive. Même endroit que la dernière fois ?

Sanitized Heart (One Piece)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant