Chapitre 1 partie

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— Capu, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer ! Et aussi une moins bonne, d'ailleurs...

— Vas-y, je t'écoute !

— Eh bien tu te souviens l'entretien que j'ai passé à Paris, la semaine dernière ? Ils m'ont rappelé. Je suis pris, je commence lundi prochain !

— Mais c'est génial ! Fini les petits boulots à la con sans rapport avec ton master !

— Ça veut dire que je vais aller m'installer à Paris.

— Bon ok, ça va demander un peu d'organisation au début mais on se verra les weekends, le temps que je puisse te rejoindre et...

— Non, t'as pas compris Capucine. Je pars. Tout seul. C'est à dire sans toi.

— Quoi ? Mais... Ça n'a pas de sens ! Tu as peur de quoi ? Que je regrette de quitter mon formidable job de vendeuse et la vie rennaise pour te suivre ? Je te rassure, c'est pas vraiment un sacrifice !

— Ça n'a rien à voir. En fait, ça fait un moment que je pense que toi et moi, ce n'est plus trop ça. On n'est plus sur la même longueur d'ondes, tu vois. J'ai essayé, je t'assure, mais ça ne fonctionne plus. Et là, c'est l'occasion !

— Dis plutôt que tant que tu n'avais pas de vrai job, ça t'arrangeait moyen de me plaquer ! Non mais j'y crois pas !

Arthur, au plus fort de son courage, vient de me larguer après quatre ans de relation, dont deux de vie commune. J'accuse le coup. Je n'ai rien vu venir. Hier encore nous avons parlé de nos plans pour les vacances d'été. Hier encore j'ai pris soin de racheter ses boissons énergisantes dont j'ai horreur pour lui faire plaisir. Hier encore nous avions un avenir ensemble. Et puis pfiout ! Plus rien ! Dans le temps de le dire, je me retrouve seule, quoique affublé d'un coloc hypocrite et malhonnête pour les cinq jours à venir. Je fulmine. Mais je ne lui fais pas de scène. S'il voulait du drama pour se sentir désiré, tant pis pour lui. En ce moment, j'ai plus envie de le virer à coup de pied au cul que de perdre ma dignité à le retenir à corps et à cris. S'il veut mettre les voiles, alors bon vent !

Je ne décolère pas pendant plusieurs jours. Lui se fait tout petit et prépare son déménagement sans trop la ramener. L'ambiance à la maison est tendue. Heureusement, mon supplice prend fin au moment où il me remet son jeu de clés et monte dans sa voiture chargée de toutes ses affaires, sans exception. Nous avons séparé les biens communs en parties équitables : tout pour moi et rien pour lui. Après tout, c'est lui qui me quitte de manière indécente, il ne mérite même pas que je lui laisse un torchon !

La solitude me frappe de plein fouet ! Je n'y suis plus habituée depuis longtemps déjà. Pour être franche, je ne l'ai jamais été puisque j'ai quitté le cocon familial pour m'installer avec Arthur. Célibataire. Ce mot tourne en boucle dans mon esprit depuis deux bonnes heures. Je suis assise sur le canapé à regarder l'écran noir de la télé éteinte. Maintenant qu'il n'est plus là, je me laisse aller aux larmes. Oui je suis en colère qu'il se soit foutu de moi pendant des semaines, voire des mois. Mais j'admets que je suis triste aussi. Si lui n'y trouvait plus son compte, moi par contre, mes sentiments étaient sincères. Et j'ai beau lui en vouloir, je pleure quand même sur cet amour perdu, sur les souvenirs merveilleux qu'il me reste et sur nos projets qui ne verront jamais le jour. Je sais que je rebondirai. J'ai vingt-quatre ans, je suis sociable et, sans me lancer des fleurs, je ne suis pas trop mal : un mètre soixante-cinq, plutôt bien proportionnée malgré quelques rondeurs, des cheveux châtains, longs et naturellement ondulés, de grands yeux verts et une bouche pulpeuse. Ça va, il y a du potentiel tout de même ! Mais avant de partir en quête d'un remplaçant, je vais m'accorder quelques semaines pour broyer du noir. Et pour me laisser un peu aller : acquisition d'un pyjama tue-l'amour en pilou pilou, depuis le temps que j'ai envie d'essayer sans oser l'avouer, et grève de l'épilation ! Sur cette grande décision, je me lève fermement décidée à me préparer des cookies remonte moral. J'aime cuisiner quand je suis d'humeur morose. Ça m'occupe l'esprit et grignoter le résultat m'apaise. En ouvrant le placard à épicerie, je tombe nez à nez avec son pack de Red Bull. Nouvelle crise de larmes. En plus, il ne reste pas assez de farine pour préparer mes douceurs, plus non plus de chocolat, ni en pépites, ni en tablette. C'est officiel, ce dimanche est le dimanche le plus déprimant de toute mon existence.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 09, 2022 ⏰

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