Chapitre 1

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Cassidie pleurait. Elle avait peur de l'homme bizarre qui l'avait enfermée au fond d'une cage. Elle avait peur du noir aussi. Elle avait été jetée dans un cube qui faisait tout juste un mètre de côté. Elle voulait s'enfuir, mais elle ne pouvait pas. Elle était terrifiée et l'épouvante la faisait hoqueter, pleurer, s'étouffer. Et plus elle s'étouffait dans ses larmes, plus elle paniquait.

Avant ça, tout allait bien jusqu'à ce que cet homme débarque. Enfin aussi bien que possible. Et puis alors qu'elle sortait par l'arrière-porte de la cour du restaurant dans lequel elle faisait la plonge, elle l'avait vu, cet homme étrange qui arrivait droit sur elle et qui l'avait immédiatement effrayée. Il n'était pas normal, ça se sentait tout de suite. Elle n'avait jamais vu personne comme ça. Ses longs cheveux gris sombre sales et gras, ses yeux noirs fantomatiques, sa peau blafarde, la grosse cicatrice sur son œil droit, tout était inquiétant et bizarre. Il portait une drôle de tenue en cuir renforcée de petits clous argentés. À sa ceinture pendait une corde et une sacoche, une autre ceinture barrait son torse. Et puis les couteaux... elle avait eu l'impression de voir des couteaux partout sur lui. Qui en aurait autant, à part un assassin ?

Elle avait eu le souffle coupé par ses yeux vides d'émotion posés sur elle et sans lui dire quoi que ce soit, il l'avait attrapée par l'épaule pour le conduire vers la sortie de la cour. Là, elle avait hurlé, mais ça n'avait servi à rien. Pas plus lorsqu'elle avait essayé de se dégager. Il avait juste serré plus fort et l'avait poussée sans ménagement vers une petite fourgonnette blanche sans rien écrit dessus. Mais quand il avait ouvert les portières arrière, il avait dévoilé cette cage, ce cube de métal dans lequel on enfermait les chiens errants et les chats de gouttière. Elle s'était débattue pour ne pas entrer là-dedans et il n'avait pas hésité à la tenir par les cheveux pour la forcer. Les portières s'étaient refermées et elle était maintenant terrorisée, dans l'inconnu total et incapable de réfléchir.

La fourgonnette avait démarré et l'avait emportée. Où est-ce qu'il l'emmenait ? Pourquoi ? Pourquoi !

Elle croyait ne pas pouvoir supporter plus d'effroi jusqu'à ce qu'elle entende le moteur s'arrêter. Elle hurla à l'idée qu'il ouvre la porte et l'attrape à nouveau. Elle se recroquevilla tout au fond de la cage en répétant inlassablement « non, non, non non... ». Mais il n'y avait plus aucun bruit. Elle était toujours là, enfermée dans le silence et elle ne percevait plus rien d'autre qu'elle-même, sa respiration paniquée et les hoquets de ses sanglots.

Une portière s'ouvrit d'un coup. Elle hurla, mais ce n'est pas le visage affreux de son ravisseur qu'elle vit, mais tout le corps d'un adolescent qu'il poussait sans ménagement contre elle. Elle eut le souffle coupé quand il lui tomba dessus. Il se recroquevilla contre elle pour éviter que ses jambes ne soient brisées par la porte en métal qui se refermait brusquement.

— Pardon, je t'ai fait mal ?

C'était une voix qui avait mué, mais qui avait quand même quelque chose de très jeune, une belle voix douce et rassurante, pourtant elle pleura de plus belle, paniquée et douloureuse.

— Oh lala, murmura-t-il.

Il se redressa comme il le put, mais cette cage était bien trop petite pour eux deux. Il se plaça à genou à côté d'elle, courbé en deux, appuyé au mur en face d'elle pour garder l'équilibre.

— Du calme ! Ne pleure plus, c'est tout, tout va bien, lui souffla-t-il. Je sais que tu as peur, mais c'est fini, maintenant. Je te promets que je ne laisserai personne nous faire du mal.

Elle ne parvint pas à répondre, elle n'arrivait plus à s'empêcher de pleurer. Elle avait l'impression qu'ils étaient si serrés dans cette petite boite qu'ils allaient mourir étouffés. D'ailleurs, elle avait déjà de plus en plus de mal à respirer.

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