Partie 5 - Coupable

293 31 7
                                    

Je ne trouve pas le sommeil, seul, dans le grand appartement de Franck plongé dans le noir.

Il s'est échappé pour dormir avec Fehdi, ça lui arrive souvent en ce moment, on croirait qu'ils essayent de faire un enfant. Ou peut être qu'il en a marre de moi..

Je suis allongé sur le canapé, observant l'immeuble d'en face et les quelques appartements encore allumés. Des gens qui ont une vie simple.. une famille heureuse, un couple qui ne sait pas la chance qu'il a de baigner dans des codes de société évidents..

Et je me retrouves une fois de plus avec comme seule compagnie ma conscience. Loin d'être tranquille.

J'essaye de le chasser de mon esprit.

Le visage de Nino. J'y penses jour et nuit. Ali et Nino. Nino et Ali.. Je ne sais plus.

Je me suis fais une raison et décider de ne jamais rien tenté avec Nino. Demain on présentera notre exposé et puis je l'éviterais du mieux que je peux.

On s'est revu plusieurs fois à la bibliothèque après les cours, et chaque fois, je le dévorais des yeux, j'avais tellement envie de lui, de le toucher, de l'embrasser, l'étreindre..

Il est tellement captivant quand il parles, si intelligent, et si sexy.. si innocent..

Combien de fois je nous ai imaginé sur cette table, nous embrasser sauvagement.. retirer nos vêtements..

Qu'est ce que je me sens coupable..

Comment et pourquoi Nino réveille-t-il ce genre de pulsions en moi ?

Quand je penses à Ali.. Je me trouves degueulasse de juste songer à faire des choses comme ça avec un autre garçon, c'est horrible.. mais il n'est plus là.. Il pourrait être n'importe où dans le monde, qui sait si il pense toujours à moi..

Il est peut-être dans les bras d'un autre lui.. et moi je me morfonds. Et si... non..

Ali, il est tellement beau dans mon souvenir, tellement. Je nous revois à la lumière de la lune derrière ma maison en dessous du grand palmier, caché par des grands buissons. On restait là des heures à s'embrasser, parler, rigoler, dormir. Tout faire ensemble, tout le temps. Il me manque tellement..

Je me rappelle un de ces soirs..

Je revois son beau sourire éclairé seulement par la lune quand le ciel était bien dégagé. Il aimait les étoiles Ali, et il passait des heures à m'en parler, me donner le nom de tel et tel astre, me raconter l'histoire de chaque étoile, tout ce qu'il savait. Mais moi j'étais captivé seulement par lui.

Ali était dans mes bras, nous étions allongé en dessous du palmier en question, en silence, je passais ma main dans ses cheveux en souriant. Qu'ils étaient doux ses cheveux.

«Ali : Younes ?

Younes : Oui ?

Ali : Est-ce qu'on va s'aimer toute la vie ?

Younes : Je l'espère de tout mon coeur et toi ? Et pourquoi ça ? T'en doutes ?»

Il m'embrasses la main.. tendrement, et se relèves pour me faire face. Je dégage les cheveux qui lui tombent sur le visage. Ça le fait toujours sourire. Il aime ces petits gestes d'immense attention mêle imperceptible pour certains. Ali est très observateur.

«Ali : Non je t'aimerais toute ma vie Younes !
Mais ici.. enfin c'est compliqué on est pas libres on doit se voir en cachette.. faire semblant d'être amis.. J'ai pas envie d'épouser une femme ni d'avoir d'enfants avec elle alors que je ne l'aimerais jamais.

Younes : On restera pas ici toute notre vie Ali.. Un jour on s'aimera aux yeux de tous et très fort.

Ali : Très très très fort.»

Il m'avait embrassé après avoir prononcé ces mots. Quel baiser. Mes lèvres me brûlent rien que d'y penser. Ce doux baiser que je ne retrouverais peut-être jamais. Mon cœur se serre tellement fort à l'idée de ne jamais plus revoir Ali. Je préférerais mourir maintenant si tel est mon destin. Je suis pour le reste de ma vie à lui. Et il est à moi.

Je tombes de fatigue. Je pleures un bon coup avant de m'endormir les yeux humides en serrant ma bague contre ma poitrine. Loin des yeux près du cœur..

«Franck : Bah t'es encore là toi ?»

Un grand soleil illumine la pièce.

«Younes : Putain il est quel heure ?!»

Je me lève en panique. Je me suis endormi sur le canapé sans mettre de réveil. Je suis en retard.

10 appels manqués de Nino.

Des tonnes de messages.

«T'es où ?»

«Younes ?»

«??»

Et ainsi de suite. Je me sens super mal.

«Younes : Franck donne moi les clés de ton scooter, question de vie ou de mort.

Franck : Euh ouais plus de mort là, tu sais pas le conduire Younes.

Younes : Pas le choix dépêche ! Attends je m'habille.»

Je sais le conduire son scooter il abuse. À peu près. Il est garé une rue après l'appartement, ce qui me mets encore plus en retard le temps de le repérer. Ils se ressemblent tous ces scooters de parisiens.

J'arrive devant la fac Dieu merci je peux garer le scooter à la seule place restante juste devant la porte. Nino m'attends. Il a l'air à deux doigts de peter un plomb. Je l'ai jamais vu comme ça. Je m'approcher..

«Nino : C'est mort.

Younes : De quoi ? L'exposé ? Mais non je suis là.

Nino : Je reviens de la salle du prof. Il a dit que c'était non et qu'on repassera la semaine prochaine avec déjà des points en moins. Merci du coup.

Younes : Jsuis désolé Nino... j'ai pas réussi à dormir jusqu'à tôt ce matin. Vraiment désolé.»

Si tu savais que c'était parce que je pensais à toi encore et encore.. Et à combien je me déteste d'oser te comparer à Ali..

Il ne réponds pas. Il me regarde juste sans rien dire. Ça a tendance à m'énerver quand il fait ça, on dirait un teubé.

«Younes : Comment je peux me faire pardonner ? Dis n'importe quoi et je le fais.»

Il a l'air surpris. Moi aussi pour le coup. C'est sorti tout seul.

Il a l'air d'hésiter avant de prendre la parole.

«Nino : Bon.. tu fais quoi ce soir ?»

Younes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant