Partie 2 - Prison dorée

446 34 10
                                    


Je suis arrivé à Paris en fin d'après-midi, la température plus supportable que ce matin à mon départ. Mais le cœur toujours lourd.

J'ai du attendre pas loin de 15 minutes mes valises, j'ai cru qu'ils les avaient perdu en cours de route...

Mais mes deux valises arrivent en dernier, j'ai emporté à peu près tout ce que j'avais soit tous mes vêtements, un ballon de basket, mon ordi, et une boîte de gâteaux que je trouverais jamais en France, 100% bled.

Je les récupère tant mieux que mal sur le tapis roulant qui avance vite punaise. Et je me retrouve là à attendre... qui ? Purée j'ai oublié. Franck, un ami de la famille apparemment que je ne connaissais pas, jamais vu jamais entendu parler mais qui avait proposé de m'héberger ici à Paris le temps qu'il faudrait. Il avait pas peur que je le contamine lui ! J'ai enregistré son numéro je devrais l'appeler mais.. j'ai pas encore de puce. Il a du essayé de m'appeler. La galère la galère je..

« ? : - Younes ? »

On me tape sur l'épaule en appelant mon prénom.

C'est un homme d'à peu près ma taille, type caucasien, la peau quand même assez mat, des cheveux noirs mi-longs, la trentaine bien avancée, propre sur lui et plutôt.. beaugoss en fait.

« Younes : - Euh.. oui ? »

« ? : - Franck. »

Il me tends la main avec un sourire. Il a l'air super détendu pour un mec qui va accueillir un étranger chez lui pour une durée indéterminée.

« Younes : - Ah, enchanté désolé j'ai pas pu répondre j'ai pas encore de..

Franck : - Oula, oula je t'ai aperçu directement t'en fais pas, je pouvais pas vraiment te rater en fait. »

Il rigole. Je rêves ou il me drague là ? Tu m'étonnes qu'il ai pas peur que je le contamine il est déjà malade aussi.

« Franck : - Je vais pas te manger juste te loger mon grand. Ta valise je vais t'aider.

Younes : - Ouais ça va merci »

Il va me gonfler.

Il me pose un tas de question pendant le trajet en voiture. Des banalités fatiguantes, si je fais du sport, quel style de musique j'écoute, si je suis déjà venu ici en France... Je réponds brièvement parce que j'ai juste envie de dormir sans me réveiller. J'ai encore envie de pleurer. Je joues avec ma bague le reste du chemin, en la serrant fort comme à mon habitude quand les larmes montent. Franck me sort de mes pensées.

« Franck : - Tu dors à gauche ou à droite ? Le temps que le canapé-lit arrive. Je vais pas te laisser dormir sur le canapé comme un chien quand même !

Younes : - Euh.. à gauche enfin, 'n'importe.»

Question conne. Mais il veut sûrement juste faire la conversation. Il est gentil je suis juste pas de la meilleure humeur en cette fin de journée..

Il m'aide à monter mes valises une fois arrivé en bas de chez lui. Je détaille la rue, très parisienne, belle à la lumière du coucher de soleil. Franck habite dans un quartier chic de la capitale, ça me plaît c'est beau.

Une fois arrivé au troisième étage c'est le choc.

«Younes : - Purée, il est vraiment grand ton appart' !
Franck : - Oui je crois qu'on peut dire ça ! »

Et purée il est vraiment grand. Spacieux mais bien décoré, que des trucs qui ont l'air d'être super chers. Une entrée d'une taille respectable qui mène à un salon très grand avec deux grands canapés et une télé qui fait la taille d'un lit. Il doit même pas aller au ciné Franck avec ça chez lui. Il me fait visiter les lieux et j'en finis pas d'halluciner tellement c'est beau.

«Younes : - On voit même la Tour Eiffel !

Franck : - On ira visiter si tu veux.

Younes : - À voir !»

Il est vraiment gentil Franck finalement...

Il me propose d'aller boire un verre, aucun de nous n'as très faim en définitive.

On finit par atterrir dans un bar de la capitale pas très loin de chez Franck ..

Le soleil est en train de se coucher, le cadre est plutôt beau, carrément agréable même mais je m'y fais toujours pas. Franck essaye toujours et encore de faire la conversation et de détendre l'atmosphère mais j'arrive vraiment pas à faire semblant. Je me sens vide.

«Franck : Younes ?»

Je relève la tête surpris.

«Younes : Oui ?

Franck : Comment il s'appelle ?»

Oh... Il a deviné. Je fais tant pitié que ça à voir alors. J'essaye de noyer le poisson, en vain.

«Younes : Qui ça ?

Franck : Eh bien celui qui t'a sûrement fait cadeau de cette bague que tu serre si fort dans tes doigts.»

C'est vrai que je faisais ça de façon machinale quand j'étais sur le point de craquer. Mes jointures avaient blanchies tellement je serrais mon précieux anneau.

«Younes : ... Ali»

Une larme coules sur ma joue en même temps que je prononce son prénom. Je pensais tenir plus longtemps que ça avant de pleurer devant Franck. Ça m'énerve et j'ai l'air faible, ridicule. Franck me regarde sans rien dire quelques instants.

«Franck : Tu veux me raconter ?

Younes : Franck le prends pas mal mais... non. Je veux dire je peux pas.»

J'ai même eu du mal à finir ma phrase. J'en perds la voix.

Franck n'insiste pas, et on finit chacun notre verre en silence.

Chacun fais sa vie le reste de la soirée.

Je fais peur à voir dans le miroir. J'ai les yeux rouges et gonflés et les cheveux en bataille. Je suis vraiment fatigué. Pourtant je ne peux me résoudre à fermer les yeux, car c'est son visage que je vois à chaque fois. C'est souvent cette même journée que je me repasses en boucle.

«Ali : Younes ! Je vais te tuer hmar !»
Ali me cours après , tout mouillé et moi je rigoles, parce que je sais qu'il n'a aucune chance de me rattraper.

J'arrive à articuler entre deux éclats de rire :

«Younes : Allez ! T'auras moins chaud bébé !»

Il faisait très chaud ce jour là, et Ali et moi avions décidé de passer l'après-midi dans le désert à la sortie du village, on s'était arrêté à une oasis que personne ne connaissait, avec une petite étendue d'eau et des palmiers pour nous protéger du soleil. J'avais vidé le reste de ma bouteille d'eau sur Ali et il était en furie.

«Ali : T'es pas drôle mes cheveux ! Regarde c'est la merde maintenant»

Il avait de beaux cheveux longs et noirs, ondulés mais pas bouclés. Ils encadraient son visage fin, la peau basanée, il avait des traits fins, des beaux yeux marrons clairs, un nez imposant mais très bien fait, et des lèvres, des lèvres vraiment magnifiques que je connaissais par coeur.

Je l'embrasse pour me faire pardonner, il en profite pour me jeter de l'eau dessus et j'éclate de rire à nouveau. Il m'a bien eu. On ris de plus belle ensemble.

«Ali : Je t'aime.»

«Franck : Younes ?»

Franck passes sa tête par l'encadrement de la porte et m'arrache à mes douces pensées.

«Franck : Je vais me coucher, fais comme chez toi, réveille moi si tu as un problème ou.. si tu veux peut être discuter.
Younes : Merci.. bonne nuit»

Il disparaît.

Je me couches sur le canapé, et, je m'endors en regardant par la fenêtre, le cœur lourd.

Ali..

Younes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant