Chapitre 1

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Lorsque le contrôleur du métro dans lequel je me trouvais s'est changé en monstre avec une superbe dentition, j'ai eu peur.
Il était vrai que ce n'était pas la première fois que je voyais ce genre de métamorphose mais cela fait parti des choses idiotes qui nous surprendra toujours. Parfois les passants dans la rue avaient une apparence qui paraissait clignotante et s'obstinaient à me lancer des regards féroces.
Notez que cela m'a valu plusieurs crises cardiaques et des séances de psy.
Mais dans le cas présent, je ne pouvais pas penser que ce fou furieux n'était pas là pour moi.

J'attrapai la main de Meredith, ma meilleure amie, et lui soufflai :

- Le conducteur... C'en est un. C'est un monstre. Plutôt effrayant dans le genre poilu et très grand.

- Encore tes hallucinations ? Faut que tu en parles avec un spécialiste... Ça devient urgent !

- Mais non ! Tu sais très bien ce que ma mère va faire.

Dès que le métro s'arrêta à la station, je la tirai vers la sortie la plus proche. Comprenez moi, je préfère m'écarter au maximum des bêtes étranges et poilues. Ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.

Mais malheureusement, ce n'était pas du goût de Meredith de sortir trop tôt. Elle pesta :

- Eira ! Tu sais très bien que ma station est bien plus loin ! Et la tienne aussi ! Maintenant je vais être en retard pour mon cours de soutien ! Quand est-ce que tu comptes en parler sérieusement avec ta mère ?

Je ne répondis pas, perdue dans mes réflexions. Chaque fois que j'essayais de parler avec ma mère de ce que je voyais, elle hésitait, c'était comme si elle me cachait un secret. Mais elle finit toujours par m'envoyer chez un psychologue...
Et j'en avais vraiment marre des questions gênantes qu'ils posaient à chaque fois, du style "Comment ça se passe avec ta mère ?" ou "Vois-tu souvent ton père ?"
Meredith reprit :

- Cette fois, ne la laisse pas te prendre un autre rendez-vous, arrache-lui le téléphone et le secret ! Ça règlera beaucoup de problèmes.

Elle fit un petit clin d'oeil et sur ce, nous reprîmes le métro et nous nous arrêtâmes à la bonne station cette fois-ci.

Comme à son habitude, Meredith mangeait avec moi dans l'appartement où je vis avec ma mère. Cette dernière travaillait dans un journal beaucoup lu à Chicago. Elle était sensé finir tôt aujourd'hui et je pourrais lui en parler avec l'appui de Meredith. Lorsque ma mère rentra, je l'apostrophai immédiatement :

- Maman, il faudrait que je te parle. C'est assez important.

Ma mère posa son sac et releva la tête. Elle semblait exténuée, des cernes noirs encerclaient ses yeux bruns et des mèches de cheveux blonds sortaient de son chignon habituellement parfaitement tiré.

- Attends un peu Eira. Je viens tout juste de rentrer. Et moi aussi j'ai à te parler. Le proviseur m'a encore appelé et...

Je la coupai d'une voix sèche :

- J'ai encore vu des monstres.

Ma mère recula et regarda tout autour d'elle, comme si quelqu'un allait surgir. Une fois un peu calmée, elle me fixait avec des yeux vides et murmura :

- Le psychologue... Tu y retourneras. Ça va s'arranger, tu verras.

- Non ! Explique-moi ce que tu sais. J'en ai marre de tes mensonges. J'ai l'âge de comprendre tout et n'importe quoi.

- Ce n'est pas le sujet. D'abord, tu es renvoyé une fois de plus du lycée.  Deuxièmement, je préfèrerais t'en parler seule à seule, d'accord ?

Je me tournai vers Meredith. J'avais espéré son aide mais il semblait que j'allais devoir m'en passer. Je bredouillai une sorte d'excuse. Cette dernière s'en alla rapidement. Ma mère s'assit à la table de la salle à manger et je m'installai en face. Elle commença d'une voix calme et posée, différente de la voix chevrotante avec laquelle elle avait parlé plus tôt :

- Tu souviens de ta grand-mère ? C'est... Du moins, c'était... Ce qu'ils appellent une demi-déesse.

Ce dernier mot fut chuchoté, mais je l'entendis parfaitement. J'allais répliqué tandis que ma mère mit sa main devant moi. Elle reprit :

- Non Eira. Ce n'est pas un mensonge. Et si tu vois ces "choses", c'est que tu en es une aussi.
- Mais... Mais tu n'es pas une déesse !
- Non c'est vrai. Ton parent divin devrait te revendiquer là où je vais t'emmener. C'est un endroit pour les gens comme toi.

Avec le ton qu'elle a pris, j'avais l'impression qu'elle me classait dans une catégorie. Que je n'étais plus humaine. Que je devenais un monstre.
Ma mère partit dans sa chambre et en ramena deux billets d'avion pour New-York. Elle m'expliqua qu'elle avait tout prévu depuis longtemps, pour être prête au cas où. Le vol était pour ce soir.

Je finis de préparer ma valise et ma mère m'emmena à l'aéroport.

Lorsque l'avion atterrit, mon appréhension monta. Où est ce que ma mère peut bien m'emmener ? "Un endroit pour les gens comme toi", voilà mon seul indice.

Voilà j'espère que cette histoire ainsi que ce chapitre vous plaira ! N'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir !

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