TOXIC BOY [M.Yoongi] - TERMINÉE

9.

 Min Yoongi

Je n'apprends pas de mes erreurs surement, mais je n'ai pas réussi à calmer mon esprit quand je rentrais chez moi. Évidemment que je ne suis pas le premier choix quand il s'agit de la ramener après l'une de nos soirées, parce que je ne l'ai jamais fait, parce que je ne lui parlais que très peu, parce qu'elle n'a jamais été proche amicalement parlant. Mais quand personne ne regardait, j'ai été celui qui lui tenait la main, celui qui l'embrassait, celui qui l'aimait le plus, celui qui l'aime toujours autant.

Alors, il est 3H du matin et je toque à sa porte, comme si toquais à l'entrée de son cœur, pour la supplier de m'y laisser entrer, encore une fois, encore une dernière fois.

Et vraiment qu'est ce que je croyais ? Qu'elle allait m'ouvrir tout sourire ?

Je préférais quand je ne ressentais rien, quand c'était le vide à l'intérieur parce que je ne me posais pas de questions. Mais maintenant que j'ai goûté à ses lèvres et sa douceur, j'en veux encore, comme un putain de taré ayant une addiction. Et pourtant je n'ai pas fait d'efforts pour la garder, je lui ai fait du mal et j'ai pensé qu'elle n'oserait jamais partir. Sauf que Ae-Cha n'est pas une gamine qui s'accroche à l'illusion du prince charmant ou du bad boy qui devient meilleur. C'est une femme qui n'a rien eu d'acquis et qui s'est battue pour obtenir ce qu'elle voulait, alors jamais elle ne se contentera de simplement attendre et recevoir.

Et moi, je pensais que l'amour ne demandait pas d'effort, que ça serait simple après ce que j'avais vécu. Après être devenu l'ombre de mes propres noirceurs, sauf que ça aussi c'est un combat. Ou plutôt ... l'amour s'entretient, quitte à paraître niais mais qu'est ce que ma fierté a apporté avec elle ? Tout bonnement rien, j'ai même perdu dans cette histoire, beaucoup.

Je sonne encore.

On dirait un psychopathe.

Encore ce silence, puis je crois percevoir des pas derrière la porte.

- Ae-Cha, s'il te plaît ... J'aimerais te parler.

Au début, je pensais qu'elle allait faire semblant de ne pas être juste derrière le battant, je pensais que j'allais me prendre un vent mais sa voix me répondit :

- Je suis encore à moitié bourrée et je travaille demain Min, casse-toi.

- Ouvre moi.

Je l'entends bouger et un petit bruit se fait entendre contre le bois, elle s'est sûrement adossée à la porte.

- J'ai pas la force et l'envie de me battre contre toi. Les voisins vont appeler la sécurité si tu continues à traîner dans le couloir.

- Ou dire que tu as de mauvaises fréquentations et que par conséquent tu n'es pas une personne recommandable.

- Je confirme que tu es une mauvaise fréquentation.

- Je suis désolé.

- Tu ne l'as jamais été pendant notre relation, ce n'est pas quand il est trop tard et que c'est fini, que je voulais entendre tes excuses.

- Ae-Cha.

- T'es bourré ?

J'ai bu, certes, un peu. Parce que j'avais besoin de pas être sobre et c'est lâche comme manière de faire, de tout rejeter sur la faute de l'alcool.

Je m'assois par terre, sur son palier :

- Ae-Cha, j'aimerais tout recommencer.

- Je t'ai déjà trop donné ...

Un son étouffé se fait entendre de l'autre côté et j'essaie de distinguer ce qu'elle fait.

- Il est encore là ?

Moi et ma jalousie mal placée, moi et mes défauts, moi et mon moi fragile. Cette scène est ridicule. Je suis ridicule, je m'accroche à des bribes du passé parce que moi j'étais heureux, mais elle ?

- Qui ?

- Eh bien, tu sais, Hoseok t'a ramené.

- Pourquoi ? T'as peur que je l'ai baisé pour me venger de toi ? Contrairement à toi, je n'utilise pas d'autres personnes pour te blesser.

- Quoi ? Non ! Je ...

- Je sais très bien que tu l'as pensé. Et tu sais pourquoi ? Parce que toi, c'est ce que tu as fait, c'est ce que tu aurais fait. Parce que t'es comme ça Min.

Bordel, qu'est ce que je suis détestable, je me hais. Et le pire dans tout ça, c'est que je suis plus calme qu'avant, que j'ai appris à compter sur les autres, à faire confiance grâce à eux, grâce à elle.

Elle vient de faire référence à quelques semaines avant son départ, suite à une dispute, encore une, une énième. Pour lui donner tort, pour me prouver que je n'étais pas si attaché que ça, que je pouvais ... Que je pouvais quoi ? Etre une merde ?

Je l'ai trompé avec l'une de ses collègues.

Parce que c'était ce que je faisais de mieux, blesser avant d'être blessé.

Et encore, je me suis amélioré. Je ne veux pas être pire qu' hier mais j'ai tellement de failles que je cache derrière ma froideur, ma confiance, mon indifférence ...

Pourtant Hoseok et Ae-Cha m'ont poussé à progresser, tous à leurs manières m'ont aidé, à accepter et à devenir meilleur selon ma propre morale et mes valeurs. Et finalement, je me déçois quand même.

La nuit ne m'a jamais fait aussi peur que ce soir-là, quand j'ai compris que j'avais franchi la dernière limite, que ses pleurs étaient silencieux et qu'elle avait simplement pris ses affaires sans un bruit, sans un son, comme un fantôme.

Merde, c'est pour ça que j'aurais dû tout arrêter avant que ça ne commence mais maintenant c'est trop tard. Parce que je suis égoïste et c'est le seul sentiment que je laisse parfois apparaître ...

Combien de temps je suis resté à me peler le cul ? Suffisamment pour que le soleil se lève et que je sois brusquement réveillé quand mon dos qui était jusque-là appuyé contre la porte se retrouve sur le sol et que mon champ de vision se limite au parquet et à une paire de talons vernis.

- Les éboueurs ne sont pas encore passés ? les déchets s'accumulent ici.

Putain, un réveil qualitatif. Je me redresse et je sens mes muscles raidis me faire payer le prix d'une nuit très peu confortable. Qu'est-ce qu'il m'a pris de débarquer chez elle ?

Elle claque sa porte et s'en va sans plus m'adresser d'attention que ça.

Mais tant qu'elle m'adressera encore quelques mots, même pour chercher à me toucher, c'est qu'elle m'accorde encore quelque chose ...

Rien n'est perdu.