La vérité, l'âpre vérité

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Rêver, pour un demi-dieu, ça craint un max.

Parce que ça ne peut jamais être de simples rêves. Il faut toujours que s'y mêlent des visions, des présages et tout cet attirail mystique qui prend vraiment la tête.

Y/N rêvait qu'il était debout, entouré par la glace, au sommet d'une falaise. Pour son plus grand malheur, il reconnut l'endroit : ses rêves l'y ramenaient sans cesse depuis qu'il était arrivé à la Colonie des Sang-Mêlé, trois ans auparavant. Du coin de l'œil, il pouvait voir ce qui semblait être un village en ruines, mais ce n'était pas ce qui captait son attention. Le paysage, l'océan qui s'étendait, cent mètres en dessous, voilà qui était beau. Et calme. Il ne savait pas pourquoi, mais à ce moment-là, alors qu'il se tenait debout et que le vent ébouriffait ses cheveux, il avait besoin de se calmer.

Mais le calme ne fait jamais que précéder la tempête. Derrière lui, un bruit qui ne pouvait pas être causé par le vent : la neige crissait sous un poids trop important. Une partie de son esprit – celle du Y/N qui rêvait – savait déjà ce qui allait se passer. Une autre – celle du Y/N qui se tenait debout au bord de la falaise et cherchait à se calmer – ne tarderait pas à s'en rendre compte.

Fut-ce le vent qui l'alerta, ou un cri ? Difficile à dire, dans le rêve. Toujours est-il qu'il se retourna et fit face à un monstre. Ses écailles étaient vertes, sa gueule immense, ses crocs suintants d'un liquide puant et acide. Ses deux têtes, de part et d'autre de son corps, étaient tournées vers lui, si bien que son long corps semblait former un U comme pour le cerner. Les yeux étaient jaunes et brillaient méchamment. Ce monstre, c'était Mme Atkins. Enfin, c'était l'Amphisbène. Mais l'Amphisbène avait pris la forme de Mme Atkins à l'Institut Champlain, se faisant passer pour une surveillante afin de le croquer, trois ans plus tôt.

Sur le coup de la surprise, il recula. Problème : dans son dos se trouvait une chute de cent mètres dans le vide. L'Amphisbène lui sauta dessus alors qu'il tombait en chute libre, droit vers l'océan couvert de plaque de glace.

Soudain, Y/N était de nouveau sur ses pieds, en train d'avancer alors que le sol s'effondrait juste derrière lui. Plus vite, toujours plus vite, jamais assez vite. S'il s'arrêtait, il tomberait dans un puit sans fin. Sans fin il verrait la lumière s'éloigner, jusqu'à ce qu'elle soit si loin qu'il ne puisse plus la voir, alors qu'elle serait pourtant bel et bien là, au-dessus de lui. Mais il serait trop loin.

Un morceau du sol s'effondra et il manqua de perdre l'équilibre et de tomber en arrière. Quelle était cette chose qui le tirait dans son dos ? Pourquoi n'avait-il absolument plus aucune force ? Trop de questions superflues. Il devait juste continuer à avancer.

Mais ce rêve avait un scénario bien ficelé, et la fin était toujours la même : un morceau plus gros que les autres se détacha, il sauta pour essayer de rejoindre la terre ferme, il se rata. La chute dura une éternité.

 Soudain – non, plutôt lentement ; avec une lenteur soudaine – New York apparut autour de lui. Il valait mieux oublié tous les clichés que l'on avait sur cette ville quand on était dans ce rêve. Au lieu des rues bondées de monde, du bruit des voitures et des éclairages aveuglants, tout était désert, le vent seul soufflait et de la brume envahissait Manhattan. Cette ville était un rêve à elle seule. Une ville endormie.

Puis Y/N vit Ethan. C'était la partie la plus étrange du rêve, parce qu'il était sûr qu'il ne s'y trouvait pas. Normalement, il était toujours acteur de ses rêves : soit il voyait par ses propres yeux ce qu'il verrait seulement plus tard, soit il se voyait lui-même en train d'agir plus tard. Là... c'était juste Ethan, qui avançait dans la brume et qui tenait sa lance comme s'il se préparait à se battre.

"Réveille-toi..."

C'était la voix d'Ethan. Étrange, parce qu'Ethan n'ouvrait pas la bouche dans son rêve.

Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le dernier Olympien - Livre 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant