Field Of Roses - Tome 1 "Les Secrets de l'Académie Stone"

Bienvenue

Êtes-vous prêts pour une nouvelle légende ?

Celle-ci est bien plus sombre... Bien plus sanglante.

Il n'y aura pas de lumière pour vous sortir de là.

     Cette douce nuit ne fait que commencer... Mais, bientôt, elle sera tachée de sang.

Tu vas te réveiller. Bientôt. Tu seras tirée de ton éternel sommeil de glace, et tu retrouveras toute ta force, toute ta grandeur d'autrefois. Il faudra un peu de temps avant que tu sois capable d'accomplir ce pourquoi tu es revenue.

     Il te faudra du temps, de la force et du courage pour sortir de ta prison de glace.

     Tu as l'air si sage... Si innocente. Ton corps, inconscient – notre corps – allongé dans la neige, froide et pure... Il me suffit de tendre le bras pour y verser ces pétales de roses rouges. Elles flottent dans les airs, se mêlent aux flocons de neige et tourbillonnent un instant avant de recouvrir ton corps.

     Ces pétales de roses rouges contrastent avec la blancheur de la neige – elles sont pareilles à des taches.

     Est-ce notre sang qui se répand sur le sol... ?

  Bienvenue

« Il ne va pas tarder à neiger, c'est sûr. ».

Cette voix qui résonne dans ma tête, et qui n'a presque rien d'Humain, semblait avoir les réponses dont j'ai besoin, et toutes celles aux questions que j'ignore encore.

     Elle observait le ciel à travers l'immense fenêtre de sa chambre. S'étendant quasiment du sol au plafond, l'encadrement de la porte-fenêtre avait un sommet pointu, triangulaire, et le cadre était fait de cuivre. Sur la poignée, des dessins étranges étaient gravés. Elle avait toujours été fascinée, depuis son arrivée ici, par tous ces petits détails. Elle s'efforçait de les remarquer, de les analyser et de les déchiffrer au mieux, afin de comprendre les règles de ce monde qui la dépassait, et auquel visiblement, elle n'appartenait pas.

     Redescendant de la petite marche sur laquelle elle s'était hissée pour observer par la fenêtre, la jeune fille, qui aurait bientôt dix-huit ans cet hiver, s'avança dans sa chambre. Celle-ci, petite et circulaire, ne contenait qu'un lit, une armoire et une toute petite coiffeuse en bois d'ébène, dont les rebords étaient gravés et représentaient des roses en relief soigneusement taillées dans le bois, elle était surplombée par un très élégant miroir. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était tout ce dont elle avait besoin. Ses objets personnels se résumaient à une bourse en toile posée sur la commode et à l'améthyste en pendentif, qu'elle portait sans arrêt autour de son cou.

     Elle s'avança sur le sol, posant ses pieds nus l'un derrière l'autre, les bras écartés comme une équilibriste. Le froid des pierres qui composaient le sol et les murs, remonta par la plante de ses pieds nus, provoquant un frisson qui lui secoua la poitrine, l'obligeant à rabattre ses bras avec lesquels elle s'entoura.

-       Shay !

La jeune fille avait sursauté dès l'instant où l'on avait ouvert la porte avec fracas. Elle fit volte-face, dévisageant le jeune homme qui se tenait devant elle.

-       Tu ne frappes donc jamais ? J'aurais pu être nue !

Il releva un sourcil, et fit un pas dans la pièce. Elle recula instinctivement. Il était plus grand qu'elle d'une tête environ, bien plus large d'épaules. Puisqu'ils vivaient ensemble, dans le même pavillon à l'intérieur de l'Académie, elle avait déjà eu l'occasion de le voir torse nu – et elle savait qu'il était musclé et taillé comme un dieu grec. Son visage avait des traits très réguliers, il possédait des pommettes saillantes, un léger sourire en coin, très rare – puisqu'il passait son temps dans un mutisme agressif et solitaire – et une mâchoire large et puissante. Sa peau était un peu pâle mais moins que la sienne. Il avait de grands yeux aux iris couleur lavande, qui lui donnaient des frissons chaque fois qu'ils se posaient sur elle, et des cheveux d'une couleur argent dont quelques mèches tombaient parfois sur ses yeux.