Elisop Oneshots [IdentityV]

Une suite à deux

Lunar Phase x Music Master

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Il était... un maître dans son art. Ses doigts délicats dansaient sur les touches et créaient une mélodie si harmonieuse qu'elle était capable d'adoucir le cœur du plus dur et calmer la colère d'un nourrisson. Vêtu de son costume turquoise dont les broderies fleuries semblaient lui donner un air féérique. Ses apparitions étaient rares, mais lorsqu'on le voyait performer, c'était là un souvenir qui resterait gravé dans les mémoires.

Un génie de la musique, disait-on.

Cependant, il avait beau être capable dans sa profession et doté d'un immense talent, le maître de la musique était avant tout un être humain comme tous les autres et il pouvait lui aussi rencontrer des difficultés.

L'issue ici, c'était le manque d'inspiration.

Il avait le début, les premières notes, une courte partition incomplète qui traînait sur son pupitre et prenait la poussière depuis bien trop longtemps. Il avait tenté diverses combinaisons mais rien ne lui venait à l'esprit et lorsqu'il trouvait enfin une piste, cela ne lui convenait pas au final.

Il était bloqué, face à un mur, au fond du trou.

Un bruit strident et cassant remplit la salle tandis que ses poings vinrent s'écraser contre les touches noires et blanches de son piano dans un fracas. Ses paupières étaient fermées sur elles-mêmes de par l'irritation et ses ongles grinçaient silencieusement contre l'ivoire.

C'était tout bonnement insoutenable.

Pourquoi n'y arrivait-il pas? Il ne s'agissait là que d'écrire une nouvelle chanson comme il l'avait toujours fait! Rien de sorcier et pourtant, cela semblait aussi difficile que de renverser un pays seul muni d'un bâton.

"Puis-je?" demanda une voix grave et à la fois douce et sereine.

Ses yeux s'ouvrirent de surprise et se levèrent vers la figure avançant vers lui. La vue d'un homme à l'apparence éthérée le charmant au premier coup d'œil et faisant virer son visage au rouge instantanément. Était-ce un dieu qui venait d'apparaître devant lui? Le mâle portait une robe et un voile blancs adornés par des décorations ambrées, un masque digne d'un travail d'orfèvre éclipsant la moitié de son visage, seulement pour illuminer encore plus le faible sourire dessiné sur ses lèvres et la marque brillante sur son menton.

"Qui..."

"Mon identité n'a aucun sens étant donné que je ne ferais apparition qu'alors de la pleine lune."

L'homme déclara et vint s'asseoir sur la même banquette que le pianiste, leurs corps se frôlant si légèrement et étroitement. Un frisson parcourut celui aux cheveux d'argent et il replaça ses mains sur ses cuisses par embarras, tentant de garder son regard fixé sur le piano au lieu de zieuter sur sa droite où se trouvait l'étranger. 

"Hum..."

"Il suffit de prendre plaisir."

"Pardon-?"

Le pianiste leva finalement la tête vers l'autre homme et à cette distance, il pouvait voir des mèches brunes dépasser de sous son masque. Ils étaient bien plus proches que ce qu'il pensait. Soudain, l'étranger leva sa main droite, révélant une sorte d'accessoire en forme de griffes sur ses doigts. Il la posa lentement et appuya alors sur une touche pendant quelques secondes, un son clair résonnant avant de diminuer et laisser place au silence.

"Quand était-ce la dernière fois que vous avez créé pour vous et non pour les autres?"

L'homme aux yeux gris haussa un sourcil. Créer... pour lui?

N'était-ce pas ce qu'il faisait déjà?

Il s'arrêta pour penser.

Peut-être qu'il ne le faisait pas en fait.

"Je... ne suis pas sûr."

Le brun acquiesça d'un faible murmure avant d'appuyer sur une autre touche, plus aiguë cette fois.

"Ce ne sont pas les désirs de votre entourage qu'il faut écouter mais votre coeur."

Là, il leva sa main gauche et laissa tomber son index sur une note plus grave.

"Comment le faire?"

"C'est simple, il faut écouter." affirma-t-il.

Ces mots sortant de sa bouche semblaient comme la chose la plus évidente et la plus complexe à la fois. Voyant que le pianiste n'avait toujours pas l'air de saisir l'importance de ses paroles, l'être à l'allure divine continua à traîner ses doigts sur quelques autres touches au hasard.

"C'est-"

Il comprit enfin.

Le mystérieux homme ne disait pas que des bêtises tout compte fait. Ouvrir son cœur et écouter... Il était en train de le guider pour trouver le reste de la chanson. Ravivé par une nouvelle ambition, le pianiste ramena ses mains au-dessus du piano. Leur ombre le survola avec une certaine hésitation pendant un instant mais il brisa éventuellement ce mur de glace en appuyant sur plusieurs notes, les unes après les autres. 

Le coin des lèvres du brun se releva un peu plus en constatant que le pianiste avait retrouvé son enthousiasme et il continua donc à l'accompagner.

Ils jouèrent ainsi ensemble jusqu'à ce que la chanson n'arrive à sa fin lorsque le maître de la musique fut satisfait.

Le jeune pianiste laissa ses mains léviter au-dessus du piano, en transe. Il l'avait enfin fait.

Tout cela était grâce au brun et il se tourna vivement vers lui afin de le remercier mais à cet instant précis, son corps se figea en sentant une paire de lèvres se poser contre les siennes.

Le rouge lui monta aux joues et sa poitrine se réchauffa.

C'était un sentiment si étrange, aussi particulier que le fait qu'il échangeait un tel contact avec une personne dont il ne connaissait même pas le nom.

Toutefois, cela semblait comme l'une des choses les plus merveilleuses qu'il avait expérimenté jusqu'à présent et il répondit à l'embrasse en posant délicatement sa main contre la joue du mâle, ce dernier venant passer son bras derrière sa taille pour l'attirer plus proche de lui.

Ses doigts glissèrent sous son masque en même temps qu'ils s'embrassaient passionnément et dans la fugacité de cette nuit, le pianiste ne se rappellerait que d'une paire de pupilles céruléennes.