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Dans la cohue de l'aéroport, nous nous repérons comme nous pouvons, tous les sens en alerte et fatigués par tout ce qui les sollicite.

J'aime les gens, j'aime le bruit. J'aime les yeux brillants de ceux qui se retrouvent ou ceux qui se quittent, j'aime les rires des enfants qui découvrent l'escalator ou qui sont habitués, ceux des personnes âgées qui connaissent parfaitement le chemin ou se perdent entre les terminaux. J'aime le mélange des langues, l'odeur de la nourriture dans les restaurants, le son des machines à boissons à deux euros cinquante la bouteille d'eau. J'aime beaucoup de choses dans les aéroports, dans les gares, dans les transports publics : de l'excitation du voyage à la tristesse d'un retour (bien que l'inverse puisse être vrai aussi), des sourires gênés des parents qui tentent de garder leurs enfants calmes aux retrouvailles grands-parents/petits-enfants, des grandes baies vitrées du duty free aux petits points tout moches sur les parois intérieures de l'avion.
Je supporte le fait d'être éloignée des places de mes amis, de passer le trajet à côté de quelqu'un qui n'a pas eu le temps de se doucher entre deux vols particulièrement longs, de sentir l'odeur de la pâtée du chien qui se tient juste devant moi (il est mignon en même temps), de ne pas me trouver du côté du hublot, d'entendre les petits derrière moi jouer à la tablette sans écouteurs.

Mais il y a une chose que je n'aime pas, que je ne supporte pas : les couples qui passent leur temps à se papouiller et à roucouler, t'empêchant de passer pour aller faire pipi.

Et ça, ça, bon sang.

La tête collée contre les petits pois gris tout dégueu de la paroi, je compte mes inspirations et mes expirations pour ne pas me faire dessus.

Je suis une personne calme, très calme, très très très calme - tellement que parfois on me reproche de trop l'être - mais là je sens que je vais craquer, me mettre à pleurer (oui, je fais partie de ceux qui pleurent quand ils sont en colère ou qu'ils paniquent), péter une durite comme on dit. Je ne peux même pas me ronger les ongles à cause du masque qui recouvre mon masque, je ne peux pas non plus me gratter les avant-bras à cause de mon pull (la climatisation est trop forte et au-dessus des deux amoureux), ni jouer avec les doigts d'Haneul car elle est a l'opposé de l'engin.

Les prix des billets paraissaient séduisants mais qui, pour l'amour du ciel, a décidé de prendre un vol aussi pourri ?
(ton compte en banque, ma petite Emilie)

Alors que je me concentre sur le rythme de la musique, le son se coupe. Hein ? Je regarde mon téléphone : écran noir.

Bon sang.

Ce. N'est. Pas. Grave.

Tout. Va. Bien.

Mon portable est mort, je vais me faire dessus, les enfants derrière moi rient de plus en plus fort, j'ai probablement pris froid, les bruits de bouche des deux amoureux à côté de moi résonnent dans ma tête qui me fait mal, je pue mais tout va bien.

Mesdames et Messieurs, nous vous annonçons qu'il ne reste plus que quatre heures de vol.

Il ne me reste plus que l'image d'Haneul qui veut s'éviter les ennuis et le souvenir de la chanson que j'écoutais pour tenir jusqu'à la fin du voyage.

🌼🌼🌼

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Comme frères et sœur [BTS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant