Malediction

Chapitre 7

Domicile de Samantha Waters,

Atlanta, Georgie,

Mardi, 11 juin 1996 – 18h35

Dana et Fox ne dissimulèrent pas leur surprise lorsqu'ils pénétrèrent dans l'appartement de Samantha Waters ; la disposition des lieux était en effet assez étonnante et ne correspondait en aucune façon à celle d'une construction ordinaire. Au rez-de-chaussée, se trouvait une immense pièce peuplée de diverses sculptures en métal. Un vieil ascenseur qui ressemblait plutôt à un monte-charge les conduisit à l'étage.

« C'est une ancienne caserne de pompiers. », leur apprit Sam tandis qu'elle ouvrait la porte d'entrée. Aussitôt, un gros berger allemand vint saluer les invités, visiblement heureux d'avoir de la visite. Une petite fille blonde arriva à sa suite : « Du calme, Denzel. », commanda-t-elle doucement. Le chien tourna la tête dans sa direction puis vint se placer à ses côtés : il semblait avoir compris ce qu'elle attendait de lui.

« Eh bien, commenta Fox, c'est ce qu'on appelle un chien bien dressé ! »

La fillette sourit tout en passant un bras autour du cou de Denzel : « Il n'est pas méchant. Il est juste content quand il voit du monde. Pas vrai, Denzel ? »

Les oreilles du chien semblèrent se redresser, comme pour confirmer.

« Agent Mulder, Agent Scully, je vous présente ma fille, Chloé. Chloé, voici des amis... Ils vont manger avec nous.

-Génial ! », s'exclama la petite, ravie par la nouvelle. Entre-temps, une femme avait fait son entrée dans la pièce principale ; grande, les cheveux foncés et frisés, elle attendait vraisemblablement d'être présentée, ce qui ne tarda pas.

« Voici Angel Brown, mon amie d'enfance. Angel habite avec nous pour s'occuper de Chloé. C'est elle qui utilise l'atelier que vous avez vu. »

La prénommée Angel serra tour à tour la main de Mulder et de Scully : « J'ai entendu que vous alliez dîner avec nous... Je suis désolée, mais le repas ne sera pas digne d'un quatre étoiles...

-Ce n'est absolument pas grave, certifia Scully. Du moment que j'échappe au sandwich typiquement américain, je suis ravie ! »

Bailey, qui semblait être un familier des lieux, alla prendre place sur le canapé qui se trouvait installé près d'un poste de télévision ; Chloé, toujours accompagnée de Denzel, lui rapportait avec animation les dernières nouvelles de l'école. Mulder, lui, examinait l'appartement avec une grande attention, surpris par une multitude de détails, et en particulier par un imposant dispositif de sécurité. Au-dessus de la porte d'entrée et des fenêtres, en effet, il parvenait à distinguer un système d'alarme très sophistiqué, qui avait probablement coûté une fortune à la propriétaire de l'endroit et qui aurait plutôt eu sa place dans une banque ou une bijouterie.

Angel Brown proposa un apéritif à ses convives, puis ils passèrent tous à table. Le repas était composé d'une pizza, de salade à la vinaigrette et de blancs de poulet découpés en tranches. Mulder observa avec amusement le manège de Chloé, qui, entre deux bouchées, s'arrangeait pour offrir un morceau de viande au berger allemand en cachette de sa mère. Lui-même attrapa un morceau de poulet et le tendit au chien après avoir mis la main sous la nappe ; Chloé surprit son geste et lui adressa un clin d'œil complice, tandis que Denzel avalait la tranche avec appétit.

La soirée s'acheva aux alentours de 22h30 ; Mulder et Scully prirent congé de leurs hôtesses et sortirent à la suite de Bailey Malone. Fox était plus que songeur et il finit par le laisser entendre : « Cet appartement est assez inhabituel, déclara-t-il alors que tous trois regagnaient leurs véhicules respectifs. De loin, on ne croirait pas qu'il est habité. Sans parler des systèmes de sécurité...

-Vous êtes très observateur, Agent Mulder. », nota Malone en ralentissant le pas.

« Non, pas vraiment. En fait, je crois que je suis surtout curieux. Et c'est ma curiosité qui me rend observateur...

-C'est le FBI qui a aménagé cet endroit. L'appartement est sans cesse protégé par des agents, et nous l'avons également équipé d'un système de vidéosurveillance, directement relié au quartier général du VCTF.

-Pourquoi toutes ces précautions ? Questionna Scully, soudain très intriguée. L'Agent Waters a des ennuis ? »

Bailey soupira : « C'est le mot qui convient. En vérité, il n'est même pas assez fort pour décrire la situation. Il y a quatre ans, le mari de Sam a été assassiné par un tueur en série qu'elle pistait. Vous en avez peut-être entendu parler, on l'a surnommé Jack de tous les coups... Le premier meurtre qu'il a à son actif semble dater de 1988 ; Sam s'est occupée de l'enquête, et Jack a alors commencé une sorte de jeu de piste avec elle. Aujourd'hui encore, il lui laisse des messages sur les lieux de chacun de ses crimes. Il change de méthode à chaque fois, et nous n'avons aucun portrait-robot vraiment fiable. Notre seul moyen de la protéger est de maintenir une surveillance devant son domicile, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. »

Dana était réellement effrayée par ce récit : « Mon Dieu, c'est horrible ! Et vous n'avez vraiment aucune piste concernant ce Jack ?

-Rien du tout, malheureusement. À la mort de son mari, Sam a quitté le VCTF et s'est réfugiée chez Angel, dans l'anonymat le plus total. Et puis j'ai refait appel à ses services. Au début, c'était juste pour une affaire, je ne voulais pas la forcer à revenir...mais elle a choisi de réintégrer le Bureau. Entre-temps, Jack les a localisées, elle et Chloé, et c'est là que nous avons mis en place ce programme de protection.

-C'est vraiment terrifiant. », murmura Scully.

Bailey approuva avant de monter en voiture ; les deux agents regardèrent le véhicule s'éloigner, puis Dana se retourna pour contempler la rue presque déserte.

« Je me demande comment elle a pu tenir, avoua-t-elle. À sa place, je crois bien que je serais devenue folle.

-Il faut avoir une sacrée personnalité pour être profiler. », déclara Mulder, pensif. « Je ne sais pas si j'aurais vraiment été capable de travailler pour le VCTF. Côtoyer continuellement des tueurs en série, essayer de deviner leurs motivations, de les comprendre... Pff, je préfère de beaucoup les petits hommes verts !

-Tu sais quoi ? », lui lança Dana en s'approchant de leur voiture. « Je crois que c'est aussi mon cas ! »