Neith: voleuse de la capitale

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Je ne fais pas ça par plaisir, c'est sur, mais il est dur de vivre quand on est orpheline dans les bas-fonds d'Hassar, capitale marchande des Terres Arides.
Donc je vole, du vol à la tire surtout, c'est moins risqué. Neith cours à travers les rues, le courtisan qu'elle vient de détrousser s'est rendu compte de la disparition de sa précieuse bourse et n'en démord pas. Seulement, elle connait bien le coin, et il n'y a aucune chance qu'il ne l'a rattrape. D'un coup, elle tourne dans une petite ruelle a droite, monte sur une poubelle et grimpe sur le toit, sa victime est semée. De là elle peut voir le soleil se coucher à l'ouest, enveloppant la ville dans son manteau pourpre. Les hauts dômes de la ville percent le ciel tel des doigts, cherchant toujours à s'approcher un peu plus des étoiles et l'odeur du souffre extrait des mines vint caresser ses narines. Elle a faim et il se fait tard, il faut rentrer. Neith prend donc le chemin du retour, sautant de toit en toit jusqu'à son foyer, un taudis misérable sur une auberge minable et douteuse, mais tout de même son foyer. À peine est elle a une vingtaine de mètres de l'auberge qu'elle entend déjà la rumeur des disputes. Soudain, sortis de tout les coins de la rue, un groupe de soldats l'encerclent. Revenir chez elle était une erreur, déjà les gardes de la capitale, les chiens du Grand Émir l'attendaient. Tous vêtus de vert émeraude et armés de lances et autres lames, ils hurlérent à Neith de se rendre et c'est ce qu'elle aurait fait, si un ivrogne n'avait pas eu l'idée de s'attaquer aux soldats. Saisissant sa chance, dans une foulée inattendue, elle sauta par dessus l'ivrogne et couru, couru aussi vite et aussi loin qu'elle le pouvait, et qu'importe de renverser des étales, de bousculer des passant, c'est pour sa vie qu'elle courait. Elle s'enfonça dans les profondeurs de la ville, là où la lumière se fait rare et que l'espoir n'est devenu qu'une légende chanté dans les contes d'antan. Elle s'enfonça dans les profondeurs de la terre, dans la cité de la mélancolie. Après avoir couru sur plus de trois lieux, passat par les chemins les plus périlleux et les passages les plus étroits, exténué et à bout de souffle, Neith se réfugia dans une cave abandonné pour reprendre des forces.
C'est au plus profond de la nuit que lui vint cette question, exprimée par tout son être, de toute son àme, "Pourquoi ?". La bourse volée lui sembla étrangement lourde, qu'y avait-il dans cette bourse pour qu'un courtisan aille jusqu'à faire appel a la garde ? Alors elle l'ouvrit, lentement, comme si elle avait peur d'abîmer le cuir, et elle comprit, elle comprit pourquoi. Ce courtisan n'aurait jamais dû se trouver là, et encore moins avec "ça".
À l'aube, Neith répartit dans son exil, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les mines, l'odeur du souffre agresse les narines, la lumiére du soleil est peu à peu remplacée par celle des torches et les passants furent de moins en moins nombreux, de plus en plus lents, de plus en plus silencieux, comme des fantômes, Neith aussi était silencieuse, peut être plus par peur de briser le silence pieux des mines d'Hassar que par peur des gardes, mais pas une seule fois elle ralentit. Elle ne courait plus pour sa vie, elle fuyait quelque chose de bien pire que la mort, car qui sait ce que les soldats lui infligeraient, si par malheur, elle tombait entre leur griffe. Sa course dura trois mois, trois mois de cavale avec pour seule compagne sa solitude, croisant de temps à autre un vieux mineur, fatigué et âgé, se confondant avec la roche jusqu'à ne faire plus qu'un. Malheureusement on ne fuit pas éternellement son destin.
Un jour(?), alors qu'elle continuait son errance silencieuse, Neith le retrouva au tournant d'un boyau, un garde. Son sang ne fit qu'un tour. A peine la soldat eu elle le temps de lancer l'alerte, un cris, qu'elle était sur lui. Ils se battérent, roulant à terre, se rouhant de coups, puis elle remarqua le poignard accroché à la ceinture de du soldat. Elle s'en saisit puis le planta.

Elle l'avait fait. Le cadavre était la, gisant dans son propre sang. Elle n'était désormais plus qu'une voleuse des bas-fonds, une enfant ou une pickpocket, elle était désormais une meurtrière.

Encore une fois elle fuit, plus par peur de la mort, plus par peur des gardes, mais par peur d'elle même, par peur de ce cadavre qui la fixe de ces yeux morts, ou qu'elle aille. Ce cadavre engendré de ses propres mains, telle un enfant de la mort, elle était mère et croque-mort.

Elle comprit comment chaque chose issus des cendres retournent au cendres, elle comprit comment "ça" est arrivé, extrait il y a bien longtemps, au temps des pionniers d'Hassar, dans la plus profonde des mines, là où la roche est trop dure et l'air trop rare. Sorti des entrailles de la planéte dans la plus grande des violences. Issus des temps immémoriaux, alors que les Anciens Rois se battaient encore le contrôle du monde.
C'est là qu'elle se rend.

Courant plus vite encore, elle atteint le fond des mines d'Hassar. Dans ce trou à rat elle se vit piégée par les gardes, fidèles limiers, dos à la roche, encerclée de toute part, aucun endroit où fuir.
Mais pourquoi fuir encore et toujours, fuir la violence des hommes, fuir la mort et tant d'autres, elle en a marre, dans ces mines millénaires elle prit alors une décision que jusqu'alors personne n'eu envisagé.

Elle mangea

"Ça"

La suite, bien peu de gens peuvent la raconter, mais d'après les rares survivants, les étoiles s'illuminerent sur le toit du monde qu'était la grotte et la terre se fendit,dans un grondement de déséspoir, emportant le régiment de soldats lancées à la poursuite de Neith.
Ce fut la dérniere fois qu'on la vit, mais une chose est sûre, elle n'est pas morte, car elle posséde la plus puissante des armes :

l'Immortalité.

Chroniques des Terres AridesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant