Amon: chasseur d'épices

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La barque fend les dunes de sable, les voiles gonflées par le vent chaud. Enrubanné sous ses multiples tissus, Amon est en chasse.
Il cherche un signe, un indice qui pourrait le mettre sur la piste d'un nuage rouge, un nuage d'épices. Les nuages rouges sont produits par une espèce de champignons andemique des déserts des Terres Arides, les lucioles. Les lucioles libèrent leur spores sous formes d'énormes panaches de fumée écarlate, qui sont ensuite récupérés par des chasseurs d'épices, comme Ash, la plupart du temps au compte des marchands. Ce n'est pas son cas.
Amon navigue sur les mers de sable sur sa frêle esquife, seule garante de sa survie. Le soleil atteint son zenith quand, enfin, il trouve ce qu'il cherche, de longues traînée pourpres laissées par un nuage rouge.
La piste est fraîche, sa cible doit se trouver à 2 ou 3 kilomètres. L'embarcation accélére, il éspère en finir avant le crépuscule, afin d'éviter le réveil des baleines des dunes, une de espèces les plus dangereuses des Terres Arides.
Le nuage se rapproche, plus que 500 mètres, il est de taille conséquente, 300 mètres, 100 mètres, Amon pénétre dans le brouillard de sang, toute voile dehors.
La récolte d'épice en soi n'est pas très compliqué, mais le nuage d'épice est soumis à des vents violents et un air très peu respirable.
Bravant vent et tempête, Amon se rapproche de l'oeil du cyclone, mais quelque chose cloche, la brume est trop dense, et les vents trop fort. À la moindre dune l'embarcation menace de s'envoler, cependant il tiens bon, manœuvrant sa barque avec dextérité il s'approche.
Une silhouette sombre et massive se dessine dans la brume, il était la cause de toutes ces perturbations. C'est une créature sans âge, venu des légendes et chants oubliés, annonciateur de catastrophes, il aurait terrassé une armée par sa seule force,
Le Déabrüa.
Corps de gorille, pattes d'aigle, cornes de taureau et trompe d'éléphant, tout dans ce monstre inspirait la terreur et l'admiration. Il était la Bête.
Pas un instant, Amon n'eut éspèré combattre ce monstre, et ce malgré sa splendide maîtrise du harpon. Personne n'était revenu vivant d'un duel avec ce monstre, cette incarnation de la violence, plus terrible encore que l'homme ou l'animal, il était le Déabrüa.
Cependant le harpon n'était pas le seul talent d'Amon, ce dernier avait passé quelque années au sein d'une tribu nomade et avait appris, au cours
de son initiation à la voile, la citarre.
Ainsi, il se mit à jouer, une douce mélodie, résonnant doucement dans les vents violents. Le Déabrüa n'avait jamais entendu une telle chose et, intrigué, se rapprocha de l'esquife, le vent se calma un peu, Amon joua plus fort, la tempête devint un simple vent de l'ouest, Amon joua plus vite, et le vent devint une simple brise matinale. Il joua comme cela pendant trois jours et trois nuit, sans jamais s'arrêter, sans que la moindre baleine ne vienne le déranger, apeurées par le monstre. Au troisième jour, attendri par la douce mélodie émanant du curieux instrument, et pour la premiére fois depuis plus de 500 ans, le Déabrüa ...
Dormi ...
Amon joua encore, durant trois jours et trois nuits, et le Déabrüa dormait...
Au troisième jour, alors que la Bête dormait d'un sommeil des plus profonds, Ash s'arrêta, saisi son harpon, et le planta violemment dans la gorge du monstre.
Ce dernier hurla, hurla à en briser les cieux et fendre la terre, et dans un dernier souffle de vie, il se jeta sur Amon. Il lui prit un bras, en tant que prix à payer, et il s'effondra.
Le jour qui suivit fut le jour le plus silencieux qu'ait connu le désert, le vent ne soufflait plus, les dunes ne mugissaient plus et les créatures cachés sous le sable ne sifflérent plus .
Le Déabrüa, seigneur des déserts, était mort.

Alors le chasseur vint à sa carcasse et lui sectionna les cornes, symbole de sa force et de sa grandeur. Et dans les massifs blocs de kératine, il commença à tailler ce que plus tard on appellera,
Le collier du Béhemoth.
Offrant force et puissance à son porteur.
À ce qu'il advient de Amon, certains dirent l'avoir vu sur un champ de bataille à l'extrême nord des Terres Arides, d'autrent dirent qu'ils s'était retiré en ermitage aprés avoir vendu son collier a un seigneur-marchand.
Tout est possible, rien n'est sûr,
car c'est l'homme qui a térassé la Bête.

Chroniques des Terres AridesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant