Lorsque je regardais pas la minuscule fenêtre de ma chambre, la seule chose que je voyais, c'était du gris. Partout, un épais brouillard réduisait presque ma visibilité à zéro. C'était à peine si je pouvais voir à plus de cinq mètres devant moi. Anxieuse, j'eus une pensée pour mon chauffeur d'autobus. Conduire dans de telles conditions devait forcément être dangereux, alors je pris la décision de me rendre à l'école en marchant. Quoi de mieux pour commencer une journée qu'une petite promenade?
Je quittai mon poste d'observation pour aller me préparer en vitesse. Puisque je ne prenais pas la bus, je prendrai plus de temps à atteindre mon école, alors je devais tout faire à la vitesse grand v. Je me dirigeai donc d'un pas rapide vers ma commode et j'attrapai une tenue au hasard que j'enfilai en quelques secondes à peine avant de quitter ma chambre sur la pointe des pieds. J'avais beau être pressée, je ne voulais surtout pas le réveiller et m'attirer sa colère. Surtout que maman était déjà au travail, alors elle ne pourrait rien faire pour moi.
Une fois arrivée au bout de l'étroit corridor, je me dirige vers la cuisine, cette fois d'un pas un peu plus rapide, mais tout aussi discret. Je l'atteins à peine cinq secondes plus tard. Lorsque maman s'était fiancée à lui, nous avions du déménager. À cause de lui, nous avons quitté notre grande maison, celle dans laquelle j'avais grandi avec papa, pour aménager dans une toute petite maison.
Celle-ci ne contenait que quatre pièces. Lorsqu'on franchissait la porte d'entrée, on arrivait directement dans le salon. Au fond du salon, sur le mur droit, s'ouvrait un corridor contenant quatre portes. La première, qui était en réalité une arche, menait sur la cuisine. La deuxième menait sur ma chambre, la troisième sur la salle de bain et la quatrième, celle au bout du couloir, s'ouvrait sur sa chambre à lui. C'était la pièce que je détestais le plus.
Tout en réfléchissant, j'attrapai une tranche de pain que je mis dans un petit sac en plastique et une pomme. Je pris une croquée du fruit, puis je me dirigeai vers le placard du salon. Une fois arrivée, je l'ouvrai et m'emparai de mon sac d'école, un vieux fourre-tout en toile qui traînait toujours au fond du garde-robe, et j'y rangeai la tranche de pain.
Une fois que ce fut fait, je me mis en route vers mon dernier arrêt avant de quitter la maison, soit la salle de bain. J'ouvris la porte avec précaution. Puisque cette pièce se trouvait juste à côté de sa chambre, c'était l'endroit le plus dangereux, là où je devais me montrer le plus prudente, là où je devais faire le moins de bruit. Je poussai donc la porte très lentement avant de me diriger sur la pointe des pieds jusqu'au miroir. Il était trop haut pour que je puisse voir mon reflet, mais, de toute façon, ça ne servait à rien de regarder.
Je savais déjà ce que je verrais si j'y jetais un coup d'oeil. Premièrement, mes longs cheveux châtains ondulés de la même façon que ceux de ma mère attirerait mon regard. Ensuite, mon attention se détournerait sur mes grands yeux bleus. Les même que papa, selon ma maman. Autrefois, il pétillait toujours, mais aujourd'hui, ils étaient ternes, presque aussi gris que le brouillard à l'extérieur.
Plongée dans mes pensées, je ne me rendis pas compte que la porte était entrain de se refermer doucement. Je ne m'en aperçu qu'au moment où elle se referma complètement dans un claquement sinistre qui éveilla toute la peur qui sommeillait en moi. Un long frisson me parcouru lorsque, un instant plus tard, j'entendis le plancher de bois de sa chambre craquer sous ses pas. Sans prendre le temps de réfléchir, j'ouvris la porte à la volée et je me mis à courir vers la porte d'entrée, m'emparant de mon sac au passage.
-Attends que je t'attrape, tu vas voir ce que tu mérites pour m'avoir réveillée, espère de petite sotte! Hurla-t-il en sortant de son antre.
Heureusement, j'étais déjà au bout du couloir, alors il n'aurait pas le temps de me rattraper. J'accélérai quand même, par mesure de prudence, mais, comme prévu, j'arrivai bien avant lui. J'ouvris brusquement la porte et je me sauvai sans prendre la peine de la refermer. De toute façon, nous n'étions encore qu'au début de l'automne et il faisait encore assez chaud, alors maman ne me réprimanderait pas à cause du chauffage.
Soulagée de lui avoir échappé, je poussai un soupire et ralentis un peu la cadence, puisque je savais qu'à l'extérieur, je ne craignais rien. Depuis qu'il avait épousé maman, il était devenu très paresseux. Il ne sortait pratiquement jamais de la maison. En fait, les seules fois qu'il le faisait, c'était lorsque me mère ne pouvait pas aller lui acheter sa boisson. Dans ces moments là, il était bien obligé de sortir, alors il le faisait, mais toujours en maugréant et en se plaignant.
Avec les vendredi soirs où j'allais observer les étoiles, ces moments-là étaients les meilleurs, puisque je n'avais pas à l'endurer et que je pouvais profiter d'un tout petit moment seule avec ma mère, chose qui était devenu très rare depuis sont arrivé dans notre famille. Enfin, si on peut encore appeler ça une famille...
Plongée dans mes pensées, je ne me rendis compte que j'étais arrivée à l'école lorsque les cris de joie de mes camarades résonnèrent à mes oreilles. Forcée de la faire pour préserver les apparences, je me mis à sourire tout en observant la cour de récréation, à la recherche d'un ami. Finalement, après quelques secondes, j'aperçus la chevelure rousse éclatante de ma meilleure amie et je courus à sa rencontre.
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Muette (abandon)
General FictionJ'ai prononcé mes premiers mots à l'âge de quatre ans. Déjà, je n'étais pas normale. Les médecins disaient que j'avais un retard de développement, que j'étais malade, mais ils ne savaient pas. Ils ne me connaissaient pas et ils ne me comprenaient pa...