Prologue

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Depuis que je suis toute petite, je rêve aux étoiles. Elles traversent mes nuits, les rendant plus douce, éclairant mes doutes et mes peurs. Elles m'ont toujours rassuré mieux que quiconque n'aurait pu le faire et, même si ça peut paraître idiot, leur présence dans le ciel a toujours réussi à me rendre plus calme, plus sereine. D'ailleurs, lorsque j'étais plus jeune, mon caractère en inquiétait plus d'un. J'ai mis 4 ans à prononcer mes premiers mots et dès mon troisième anniversaire, les médecins ont commencé à se pencher sur mon cas, soucieux. Ils ont d'abord cru que j'avais un retard de développement, un retard de langage. Ça aurait pu être le cas, mais ils se trompaient. Ce n'était pas parce que je n'ai pas parlé avant mon quatrième anniversaire que je ne savais pas le faire. Ce n'était pas parce que je ne parlais que très rarement que j'étais idiote. Non, moi si je ne parlais pas beaucoup, c'était parce que je trouvais ça inutile, alors je me contentais d'observer tout ce qui se passait autour de moi, d'enregistrer tout ce qui se déroulait.


Je vivais dans un monde qui n'appartenait qu'à moi et ça me plaisait. Seulement, les médecins qui traitaient mon dossier dit ''compliqué'', ne partageait pas mon point de vue. Selon eux, j'étais malade, anormale. Ils croyaient à tord que mon mutisme avait une explication médicale, mais ils se trompaient et ils ne voulaient pas l'admettre, alors ils m'ont fait subir examen après examen, scanner après scanner et test après test pour découvrir enfin ce qui n'allait pas avec moi.


Ils ont continué ainsi pendant un peu plus de deux ans et, en cours de route, ils en sont arrivés à plusieurs diagnostiques qui se sont tous avérés faux. Un jour, l'un d'eux à même cru que j'étais atteinte d'une forme légère d'autisme. Je me souviens à quel point ce mot avait effrayé mes parents. Ma mère s'était effondrée dans les bras de mon père qui ne cessait de répéter que c'était injuste, que ça n'arrivait jamais aux gens comme eux, que ça n'arrivait qu'aux autres.


Heureusement, quelques jours plus tard, les médecins avaient annoncé à ma mère que je ne souffrais pas de cette maladie, que mon trouble du langage était du à autre chose, mais mon père, lui, n'a pas eu autant de chance. Aucun médecin n'a jamais pu lui annoncer la bonne nouvelle, puis qu'entre temps, il est décédé dans un accident de voiture. Il est mort d'un coup. Le matin avant de partir il m'a serré dans ses bras, puis c'est arrivé à peine quelques heures plus tard.


À l'époque, je ne savais pas que je voyais mon père pour la dernière fois. Peut-être que si je l'avais su je lui aurais adressé quelques dernières paroles ou j'aurais prolongé notre étreinte, mais non. Il a fallu qu'il parte sans prévenir. Au début, je lui en ai voulu, mais ma maman m'a dit que les anges avaient besoin de lui au paradis et qu'il veillait sur nous. C'est là que je lui ai parlé des étoile pour la première fois.


Je n'avais que six ans, mais déjà, je démontrais une grande curiosité pour ces astres qui illuminaient la nuit. Elles me fascinaient et l'idée que mon père puisse être au ciel parmi elles rendait sa mort beaucoup moins triste. Ma mère, qui elle aussi a bien aimé cette image, ses mise à me lire une tonne de livre sur ces taches de lumière que j'affectionnais de plus en plus.


Moi et ma mère étions très proche l'une de l'autre. Elle m'aimait beaucoup et c'était réciproque. Nous n'avions pas besoin de nous le dire, puisque nous le savions toutes les deux. Nous nous le montrions à l'aide de gestes et de petites attentions plutôt qu'à l'aide de mot. Après tout ce temps, ma mère avait enfin fini par accepter mon silence quasi perpétuelle et elle le respectait. Ainsi, lorsque nous étions ensemble, elle se contentait de me raconter des histoires sur les étoiles et moi je l'écoutais avec toute l'attention dont je disposais.


Malgré la mort de mon père, nous étions heureuses toutes les deux. Nous avons vécu une année entière dans cette quiétude, jusqu'à ce qu'il vienne la troubler.


Lui qui s'était montré si gentil, si avenant au départ, lui qui avait fait tant de promesses à ma mère, lui qui semblait si parfait. Lui qui se cachait derrière son grand sourire et ses fossettes, lui qui, après avoir aménagé avec nous, s'est mis à boire sans se cacher, lui qui a commencé à battre ma mère, lui qui a brisé toutes ces belles promesses qu'il lui avait fait et lui qui a causé la mort de celle que j'aimais le plus au monde.

Muette (abandon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant