brûlures/

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elle croyait être heureuse. elle le pensait, elle le voulait. mais la morosité avec laquelle elle avait grandit s'étendait sur fond gris au creux de son ventre, formant une toile dépiécée, au couleur de l'ennui et de la vie qui n'en était pas une.
elle observait son amertume évoluant, fascinée pour la noirceur qui s'étendait au fond de ses entrailles, telle une toile d'araignée dans laquelle elle était tombée.
elle voyait déjà le sombre insecte refermer sur elle ses pattes velues, cacher le soleil une dernière fois.

elle avait peur. terrifiée par la vérité de ce qu'elle était. terrifiée par le monde qui l'entourait. la nuit, alors que la ville dormait, on entendait jeanne crier dans son sommeil.
cris de souffrance, de torture. ces cauchemars se reflétaient sur les murs de sa chambre, les monstres l'entouraient. elle était tétanisée, brisée par ses nuits faussement reposantes. elle se réveillait en hurlant.

son corps était un poids qu'elle trainait toute la journée. son corps ne recueillait plus que ses remords et ses regrets. son corps était mort dans les draps immaculés de ses espoirs. espoir d'une renaissance. nostalgie d'une enfance ratée. enfant maltraitée, incomprise dans une famille qui l'avait oubliée.

elle n'allait plus aux beaux-arts. elle passait ses journées enfermées dans son appartement dépravé qui commençait à s'effondrer autour de sa dépouille. les murs s'effritaient, de l'eau s'infiltrait dans les murs, transformant le foyer de jeanne en un marais néfaste. mais jeanne restait allongée sur son canapé resté sec malgré l'invasion des eaux. elle ne mangeait plus et le étudiants qui passaient auparavant la voir l'avait abandonnée.

elle était une peintureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant