oh, la pluie roule sur paris aujourd'hui

jour de pluie dans cette après-midi d'avril

les pas frappaient le sol d'une rapidité sans pareille. les oreilles enfermées dans une bulle musicale grinçante, la jeune femme échappait à la réalité du monde qui l'entourait. au milieu des voies ferrées qui ne sont plus utilisées depuis des années, elle semblait si petite face à la gare aux toitures de fers, menaçant de tomber d'un instant à un autre. elle pouvait sentir l'effluve amère des rails mouillés et usés par ses narines, et elle grimaça. les gouttes coulaient par milliers de ce ciel gris et humide, identique aux pensées maussades qui traversaient l'esprit de la fille. elle tenait fermement son sac de cours, comme un rocher qui l'empêchait de s'envoler dans l'air. le vent frappait si fort aujourd'hui, lui semblait-il. ses pieds fragiles n'avançait que très peu, ralenti par l'air terrible. la pluie se confondait sur ses joues salées, tandis qu'elle soupirait rageusement. elle aurait aimé être aussi haute que les oiseaux, à survoler le ciel nuageux, le cœur léger et libéré de ses problèmes. les cris des trains se transposait aux siens, intérieurs. dans ce chaos de la nature, au milieu de ses longs rails qui serpentent la ville, elle s'accroupit soudainement, pour déverser son désarroi, son âme en peine, et ses soucis coulèrent le long de ses joues, sortirent de sa bouche, roulèrent les rails de fer. les machines au loin accompagnaient sa respiration, elle voulut se calmer mais tout explosa au fond, elle cria dans cette après-midi d'avril, il n'y avait personne pour l'entendre, alors son cœur rejoignit les débris pluvieux autour d'elle. il se transformait en boue pâteuse, présente dans le peu d'herbe qui avait bien voulu pousser autour des pierres. elle se laissa dans sa bulle, au milieu de gare. et en haut, les oiseaux tournaient en ses nuages gris.