Il entendit une voix lointaine l'appeler. Il ne se retourna pas, et observa le paysage à travers la petite fenêtre se présentant à lui. Les vitres semblaient immaculées, sans la moindre trace de poussière. Etouffé d'un sentiment familier, il posa sa main sur le verre propre, et d'un geste presque trop mécanique il actionna la poignée. Le mécanisme grinça, puis l'encadrement s'écarta finalement pour laisser passer un filet de brise. L'air était frais, mais pas pour autant désagréable. Ce même sentiment familier s'empara à nouveau de lui, mais cette fois il ne fut pas suffoquant.
Curieux de comprendre la provenance de cette émotion, il se pencha légèrement dans l'encadrement, et dirigea son regard sur le sol. Malgré les dizaines de mètres le séparant du sol, son vertige ne prit pas le dessus. Il contempla les feuillages des arbres danser en bas, observant avec une fascination naïve la nature s'agiter. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris le simple plaisir d'admirer ce qui l'entourait ? Il ne savait plus. La culpabilité et bien d'autres choses avaient envahi son quotidien bien trop vite sans qu'il n'ait pu le remarquer.
Alors que ses yeux se plantaient sur la terre, plusieurs silhouettes sortirent des feuillages, rôdant aux alentours de l'immense bâtiment dans lequel il se situait. Il les devinait parler de choses et d'autres, peu amusantes selon ses pronostiques.
Des silhouettes, il en voyait tout le temps passer. Peu l'intéressaient, parce que peu ne s'intéressaient réellement à lui. Si ce n'était personne. Mais cela il n'y prêtait pas réellement attention.
En regardant ces individus, l'inconfort et le malaise s'éprirent soudainement de lui. Ils étaient devenus difformes à ses yeux, et une étrange impression l'étreignit. Celle d'être épié. Les silhouettes parurent à présent comme des regards souhaitant brutaliser son esprit. Alors qu'ils semblaient lui hurler des horreurs, paniqué il venait de brusquement fermer la fenêtre. Se laissant tomber dos à celle-ci, des questions submergèrent sa pauvre tête. Des questions qu'il ne comprenait pas, qu'il ne souhaitait pas comprendre. Pendant longtemps il avait désiré ignorer ces voix, pourtant elles ne l'avaient jamais lâché.
Des sanglots vinrent défigurer son expression, qu'il cacha en croisant ses bras sur ses genoux. La réalité voulait le rattraper. Après tout, personne ne voulait qu'il soit tranquille. Même son esprit ne souhaitait pas laisser ce court moment de paix durer plus longtemps, alors en qui pouvait-il seulement avoir confiance ? Qui daignerait ne serait-ce qu'un instant lui accorder de la gentillesse ?
« Sèche donc tes larmes... »
Accompagnée de ces paroles, une étreinte vint l'entourer. Une main caressa tendrement son dos tendit qu'il sentit un visage se coller au sien. Cette douce chaleur accentua les larmes qui continuaient leur route.
« Tout va bien, tout va bien je suis là... tu vois ? »
Ses membres tremblaient et aucun mot ne voulait sortir de la cage que formait à présent sa gorge. Fébrile, il se laissa faire par l'individu. Il avait maintenant sa tête contre la poitrine de cette mystérieuse personne.
« Je suis là... ne pleure plus. »
Continuait-elle de répéter, caressant toujours les cheveux du garçon sanglotant. Un silence s'installa peu à peu, alors que ce dernier se calma progressivement.
« Pourquoi... »
Arriva-t-il enfin à prononcer. Il avait l'impression de suffoquer.
« Pourquoi tout ça m'arrive... »
La silhouette le tenant dans ses bras ressemblait à une femme, pas réellement âgée mais pas non plus très jeune.
« Je ne sais pas. Mais ce n'est pas ta faute.
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Ekeind
General FictionLorsque son père meurt, Louis Hakatsu, alors âgé d'une vingtaine d'années, prend la tête de la compagnie la plus influente et la plus importante de la Région, répondant au nom d'Etond. Il poursuit ainsi le labeur de son géniteur tout en étendant ses...