[a theloise story]
Londres. 1814.
Éloïse n'aime pas beaucoup la compagnie des jeunes gens de son rang. Les conversations ennuyeuses et insipides, les bals, trouver un mari sont tout un tas de préoccupations dont elle souhaite s'acquitter. La rebelle...
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L'odeur du papier et de l'encre n'avaient de cesse d'envahir la petite imprimerie. Mais l'unique occupant n'avait pas l'air d'en être troublé, bien au contraire. Une énième journée s'achevait, et il était tard mais Théo Sharpe était toujours présent, à son poste habituel. Rester à Chancery Lane ne le dérangeait pas, le garçon aimait être entouré des livres, ainsi que des manuscrits - tous plus intéressants les uns que les autres... Lorsque certains exemplaires n'étaient pas vendus, son patron l'autorisait même parfois à les emporter chez lui. Pour son plus grand plaisir. Quoi de mieux que d'enrichir son esprit, par la force des idées ? Bien entendu, celles du jeune imprimeur étaient assez radicales - et plutôt novatrices pour une société si étroite d'esprit. Mais Théo gardait en lui un timide espoir de changer les choses... De se battre pour les droits de tous, faire entendre les voix des minorités - les femmes entre autres.
D'ailleurs, cela faisait quelques temps qu'il n'avait plus revu une certaine jeune femme. Quelquefois, il se posait sur le perron, s'attendant secrètement à la voir surgir de nul part - avec un livre sous le bras - telle la femme moderne qu'elle était.
Il espérait revoir Éloïse Bridgerton.
Mais elle ne venait pas. Elle ne venait plus.
Discrètement elle semblait s'être évaporée.
A son plus grand regret.
Le jeune homme s'en maudissait. Il n'avait pas le droit d'espérer une telle chose, c'était tout simplement interdit, hors d'atteinte. Il n'avait pas le droit de la désirer a ce point. Elle n'était tout simplement pas de son monde. Éloïse était une dame. Les dames paradent dans les bals à la recherche du célibataire le plus intéressant de Londres. Les dames ne sont pas censés s'intéresser aux garçons comme Théo Sharpe. Elles sont encore moins censées lui plaire. Diable, comment se faisait-il qu'Eloïse Bridgerton possédait toutes les qualités qu'il admirait chez un être humain ? Ces questions sans réponses n'avaient guère fini de le torturer...
Tout en essayant tant bien que mal de chasser ces pensées qui fusaient dans son esprit, le jeune imprimeur s'assied sur la table en bois, une feuille à la main. Il tentait de se perdre dans les mots, mais rien n'y faisait.
Et tout à coup, trois coups se firent entendre contre la porte boisées. Trois coups, lents et peu rapprochés. Sans doute un client, qui n'avait toujours pas compris que l'imprimerie était fermée. Ce qui était en effet peu clair étant donné les lumières allumées... Théo soupira longuement.
"Entrez".
La porte s'ouvrit, mais il ne daignait détacher ses yeux du feuillet entre ses doigts tous tâchés d'encre.
"L'imprimeur n'est pas là, repassez demain".
- Ce n'est pas l'imprimeur que je viens voir.
Ni une ni deux, Théo leva immédiatement les yeux, laissant tomber le papier de ses mains, ce dernier suivant les lois de la gravité. Non, ce n'était tout de même pas...