𝐂𝐑𝐎𝐖𝐍 ; jenlisa

♛ - prologue

𝐩𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞
.- ♔ -.

— À l'aide...

Une faible voix semblait s'élever de l'extérieur, avant d'être bien vite balayée par le vent glacial qui sévissait dans le Royaume depuis au moins deux nuits, réduisant tout ce qui se trouvait sur son passage à une ombre gelée, morte : les récoltes des paysans comme les animaux qui n'avaient nulle part où s'abriter...

   Pris de surprise, les habitants du Royaume n'avaient eu le temps d'abriter leurs récoltes et s'étaient contentés de se cloîtrer chez eux aussi rapidement que les premiers flocons de neige étaient tombés, acceptant sans lutter, de maigres repas et des températures extrêmement basses, priant seulement pour que la neige cesse aussi vite qu'il était possible...
Bien vite, des vents violents avaient rejoint la neige, provoquant plusieurs tempêtes et des nuits plus que glaciales, totalement invivables.

   Pourtant, alors que toute forme de vie humaine et animale s'était abritée là où le froid ne pouvait qu'à peine s'immiscer, au milieu de cette nuit noire et glaciale, quelqu'un s'avançait dans l'obscurité, traînant le pas et trébuchant parfois sur quelques bouts de bois ou pierres égarés.
En ces temps invivables, la dernière chose que l'on était sûr de pouvoir apercevoir à l'extérieur était la silhouette d'un être humain qui avançait péniblement, la neige au niveau des genoux, le souffle court.
Vêtue de vêtements qui, au premier regard, donnaient l'impression d'avoir été faits ou rapiécés de morceaux de tissus divers, la silhouette qui avançait péniblement dans la neige semblait porter quelque chose dans ses bras.
Son souffle irrégulier formait un nuage blanc devant sa bouche et ses mains tremblantes peinaient à porter ce qu'elle tenait dans les bras.

   Avec cette obscurité si intense, il était quasiment impossible de distinguer quoi que ce soit : tout ce que l'on pouvait entendre, c'était le son de sa propre respiration frénétique et le crissement de ses pieds dans la neige.
Pourtant, malgré cela, la silhouette continuait d'avancer sans s'arrêter, comme si quelque chose d'invisible la poussait à avancer malgré les conditions météorologiques actuelles.
Finalement, ses pieds qui s'enfonçaient dans la neige dans des crissements répétitifs depuis ce qui lui semblait être des heures, finirent enfin par rentrer en contact avec une surface dure et plate, ce qui la fit presque trébucher quand elle sentit enfin ses pieds sortir de la profonde couche poudreuse.
Tombant à genoux, sans lâcher ce qu'elle tenait dans les bras, elle reprit difficilement sa respiration en tâtonnant d'une main tremblante la surface lisse et dure du sol sous ses genoux, essayant désespérément de percevoir où est-ce qu'elle se trouvait.
Tentant de se relever maladroitement, elle retomba sur ses genoux aussitôt : le froid et la fatigue avaient enfin totalement pris le contrôle de ses muscles après des heures de marche, empêchant ses jambes de supporter son poids.
Elle tenta tant bien que mal d'avancer, rampant presque sur le sol de pierre pavé, espérant atteindre ne serait-ce qu'une maison ou un bâtiment qui pourrait lui permettre de mettre à l'abri ce qu'elle tenait dans ses bras de ce froid glacial.