Altaïr
L’aéroport était bondé de gens qui tenaient leurs enfants par la main, de cadres qui couraient une valise à la main, sûrement en retard. Les enseignes scintillaient de leurs éclairages multicolores, l’odeur du café frais flottait dans l’air. Un matin banal dans l’aéroport d’Orly.
Mais parmi tout les gens qui cheminaient de ci de là, Altaïr restait planté dans l’entrée, il était effrayé de découvrir le nouveau monde qui l’attendait, pourtant avec sa carrure de grizzly, sa cicatrice sur le visage accentué par son regard dur et le tatouage qui remontait dans son cou, il semblait inébranlable. Bâtit pour résister à la plus tumultueuse des avalanches.
Sa sœur tapota dans son dos et il sursauta, il ne l’avait pas entendu arriver, à part le bourdonnement dans ses oreilles il n’entendait quasiment rien. Il était sourd de l'oreille droite et partiellement de l’autre mais ça ne tarderait pas à se dégrader.
“-Oups désolée.” sourit-elle gênée. Il comprit plus ou moins ses excuses et se détourna. La poche de son jean vibra, il souffla et ouvrit les messages, sa sœur, évidemment…
“Prêt pour le grand départ ?” Il fit une moue dubitative, avant de répondre cyniquement oui. Il n’était pas grognon de nature, en vérité il était un bon vivant, les photos de sa galerie pouvaient le prouver, mais depuis son accident 1 an auparavant il avait perdu le goût des choses, il avait dû quitter le métier qu’il adorait, les amis qu’il s’était fait, la femme qu’il aurait épousé mais qui le trouvait désormais trop encombrant… Cela aurait dû lui faire pousser des cheveux blancs si ceux-ci n’étaient pas déjà dépigmentés.
“-Allez ! Haut les coeurs ! T’en à que pour un mois d’après le médecin ! tu verras tu seras rentré en moins de deux !!!” Il éteignit son téléphone et soupira.
Juste un mois de réhabilitation, d’après le médecin, dans ce pays salvateur, 6 mois pour obtenir une place dans un avion. Il consulta les écrans de l’aéroport pour trouver son quai de départ, son vol partirait dans 2 heures. Sa sœur l’accompagna jusque devant les dernières portes. Elle lui fit un câlin dont elle seule avait le secret, il embrassa le haut de ses cheveux avant de la quitter d’un signe de la main. Il ne lui montrait peut-être pas assez mais il était content qu’elle l’ait accompagnée jusqu’ici.
Il atteignit son siège non sans mal, il sentait le poid des regards sur sa clavicule quand il bousculait sans s’excuser, qu’il ne se retournait pas quand on l’appelait ou bien qu’il n'entendait pas les hôtesses de l’air. Il se sentait déjà fatigué alors que la journée venait à peine de commencer, il mit son casque sur ses oreilles pour être sûr que personne ne le dérange et lança une playlist classique dont il avait appris à apprécier les vibrations depuis qu’il n’entendait presque plus. Il se laissa porter par le décollage en se demandant à quoi pourrait bien ressembler Itohu, la cité salvatrice.* * *
MelodyMelody se réveilla sous le son mélodieux d’une harpe qu’il avait lui même demandé à Elope d’enregistrer comme sonnerie par défaut. En bon Ituhien, Melody était un citoyen cliché de Itohu. Quant à Elope, c’était l’intelligence artificielle qui gérait la plupart des foyers de Itohu. Loin d’être un modèle, le jeune homme se retourna dans son lit et rapporta la couverture sur sa tête en grommelant.
“-Dois-je prévenir l’accueil que vous aurez du retard ?” Elope et sa voix presque humaine. Il enleva la couette et le soleil chatoyant le fit frissonner, une belle journée s’annonçait.
Melody était d’un caractère optimiste infaillible, et quand on habitait Itohu depuis sa naissance, c’était comme une seconde nature. Il finit par s'asseoir sur son lit et étirer ses bras, il bougea ses jambes alors que son fauteuil dernier cri s’approchait de lui pour qu’il se hisse dessus. D’un design particulier blanc ivoirien qui marchait à l’énergie solaire, il était l’une des dernières grandes inventions Itohu.
“Melody tu es réveillé ?”
“-Oui maman j’arrive !”
Non Melody n’habitait pas toujours chez ses parents, c’est ses parents qui travaillaient avec lui, ou plutôt sa mère. Son hôtel, Les Glycines, accueillait tous les visiteurs et ceux qui attendaient que leurs habitations soient rénovées, ou construites. Leur île s'agrandissant de jour en jour, la terre habitable s’étendait avec la population et cette population devait pouvoir être logée. Son fauteuil à sustentation magnétique suivit le chemin intégré dans son code, une fois sa routine matinale terminée et à l’aise dans sa chemise tartan et sa salopette ocre, Melody descendit les escaliers et sa mère vint l’embrasser en lui laissant une grosse trace violette sur la joue.
“Mamaaaaaaaan. “ se plaignit-il affectueusement.
“-Mon chéri regarde toi tu es si grand maintenant ! dire que bientôt mon petit bébé aura 25 ans, pourquoi faire autant de mal à ta pauvre mère !” Elle lui tira les joues comme elle le faisait quand il était encore un enfant.
“On a de nouvelles réservations ?” tenta-t-il de distraire sa mère.
“-Eh bien il y a les places pour les cures qui devraient être vite utilisées, entre l’avion d'aujourd'hui et les bateaux ça va nous faire du beau monde !” Melody sourit, il adorait faire de nouvelles rencontres, il adorait la nouveauté en général ce qui ne manquait pas à Itohu. Il devait encore aller vérifier les chambres pour être sûr que le séjour des futurs locataires se passe divinement bien.
“Ne te surmène pas mon petit chou hein !”
“-T’inquiètes pas maman ! Oublies pas aujourd’hui on devrait recevoir le stock.” Elle fit un pouce en l’air avant de se remettre au travail, Melody ouvrit la porte direction le centre pour se préparer à accueillir les nouveaux visiteurs.
VOUS LISEZ
Itohu, La cité utopique
RomanceItohu est une nouvelle cité, c'est LA cité par excellence. Bijoux de technologie et havre de paix, elle a réussi à s'instaurer comme l'endroit à visiter. Très prisée du grand public, peu de chanceux on le privilège d'obtenir un billet pour cette île...