Chapitre 1

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     La brise venait caresser son visage, soulevant légèrement sa longue chevelure rousse et ondulée qu'elle tentait vainement de repousser dans son dos, tandis que ses beaux yeux bleus fixaient la grande bâtisse qui s'élevait face à elle. Héléana était ébahie. C'était la première fois que l'université lui semblait si proche et si inaccessible à la fois. L'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

     Un sentiment de renaissance poignit dans son bas-ventre, fruit du mélange que lui causaient l'excitation et l'anxiété à l'idée de commencer cette nouvelle vie. Le lycée lui paraissait déjà si lointain, comme une page qu'elle avait tournée il y a des années pour laisser place à un tout nouveau départ. Là, devant ce grand bâtiment reconnu pour ses réussites et ses prouesses dans la formation de futurs prodiges dans le monde du droit et de la justice, l'étudiante se sentait nauséeuse. Les émotions se mêlaient sans qu'elle ne puisse les arrêter, sans qu'elle ne puisse les apaiser. Mais elle ne pouvait pas rester là, le regard perdu dans l'immensité de cette infrastructure. Elle devait avancer. Alors, elle fit un premier pas tout en prenant une grande inspiration. Et comme poussée par la brise qui ne cessait de l'effleurer jusqu'ici, elle marcha d'un pas décidé jusqu'à la grande porte bleue foncée par laquelle des dizaines d'autres étudiants entraient, tous plus différents les uns que les autres. Rien n'était comme avant, et rien ne le sera plus jamais. Là où tout le monde semblait fadement se ressembler au lycée, ici, nul n'était pareil. En effet, c'était un tout autre monde. Un espace qu'elle ne connaissait pas, une foule qui n'arrivait même pas à l'étouffer tant l'admiration lui agrippait les entrailles.

     C'est en balayant les environs du regard que ses yeux se posèrent plus intensément sur les différents individus de l'université. Elle voyait des groupes déjà formés, des personnalités plus extravagantes que d'autres, comme cette fille aux cheveux noirs et bleus et aux lèvres maquillées d'un violet prune, qui attendait patiemment à l'entrée. Ou alors, des personnes plus introverties, plus silencieuses, plus en retrait, comme ce garçon adossé contre le mur, tenant un livre dans ses mains tandis que ses yeux bruns, cachés derrière le verre de ses lunettes rondes, cherchaient quelqu'un dans les alentours.

     Héléana ne reconnaissait personne de son lycée. Et même si cela reviendrait à montrer une surestime de sa propre personne, elle en vint à penser qu'elle avait été la seule à être acceptée en droit parmi tous ses anciens camarades de terminale.

     D'un pas curieux, elle avança dans les couloirs sans se presser, bien que l'heure actuelle nécessitait qu'elle accélère le pas sous peine d'arriver en retard à sa réunion d'entrée. Cependant, la visite de l'établissement lui semblait plus importante qu'une vulgaire réunion qui l'ennuierait probablement à mourir. Alors, faisant mine de ne pas connaître cette information - tout de même essentielle, rappelons-le - elle marcha à travers les couloirs, parcourant ces derniers avec enthousiasme et un grand sourire aux lèvres.

     Peu à peu, elle remarqua que les étudiants se faisaient de moins en moins nombreux au fur et à mesure qu'elle avançait dans les couloirs, les seuls restants lui paraissant âgés. Cela la ramena à la réalité qu'elle s'était efforcée d'ignorer le temps de plusieurs minutes ; la réunion d'entrée des nouveaux élèves devait avoir commencée. Or, elle ignorait où cette dernière se déroulait. Elle n'avait pas pris le temps de lire ses mails ce matin-là, et la connexion internet était médiocre dans l'enceinte des bâtiments. Elle était donc bel et bien perdue.

     Dans un soupir exaspéré - mais silencieux - elle fit demi-tour et tenta de trouver des étudiants semblant être du même âge qu'elle. Mais tout ce qu'elle trouva fut des couloirs, pour la majorité, vides. Confuse, et sentant l'angoisse la gagner peu à peu, elle s'adossa quelques secondes contre une fenêtre et prit une grande inspiration. Elle tenta de se connecter une nouvelle fois au site de son université afin d'accéder à ses mails – et peut-être obtenir davantage d'informations - mais rien n'y faisait, elle n'y parvenait pas. L'agacement prit l'ascendant sur le stress. Elle prit tout de même le temps d'envoyer un message à sa meilleure amie, Colleen.

À tes yeux : Perdus dans les miens, TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant