Chapitre I : Une enfance détruite.

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Dans un petit village d'Homme, vivait une jeune femme mais, pas n'importe laquelle. Enira était un elfe des montagnes du Nord. C'était un peuple appelé "supérieur" mais, malheureusement très rare suite aux attaques des Orcs qui avaient causé leur perte. Lorsqu'Enira n'avait que cinq ans, les Orcs s'en étaient pris à sa cité. Elle avait réussi à fuir de cette dernière, à feu et à sang. Cet évènement avait beau s'être passé il y a plus de dix longues années, elle s'en souvenait encore, comme si c'était hier...

            Enira et ses parents habitaient à Dresil, l'une des plus grandes cités elfiques que le monde ait jamais connu. Cette cité était surnommée "la cité fleurie" en raison de l'abondance de ces végétaux. C'était une ville d'une magnifique architecture entourée d'une immense muraille et d'une porte tout aussi grande et solide. La vie y était calme et apaisante. Nombreux étaient les voyageurs épuisés qui prenaient plaisir à y séjourner. Certains affirmaient même que deux autres cités seraient identiques à celle-ci.

            Les elfes y habitant avaient une particularité : à la place de vieillir comme les autres elfes, ils grandissaient à la manière des Hommes jusqu'à leur vingt ans. Puis, arrivés à cet âge, ils entamaient leur semblant d'immortalité.

            Le peuple des elfes était neutre, il n'était l'ennemi d'aucun autre peuple, mis à part les Orcs et autres créatures corrompues par la soif de pouvoir, bien sûr. Elle accueillait les Hommes, les Mages, ainsi que les Nains avec une même bonté constante ; même si, jusque peu, elle considérait les Nains comme un peuple inférieur, démuni de tous sentiments. Ceci était à présent terminé, même s'il restait toujours quelques villes elfiques éloignées de la capitale pensant cela.

            Le jour de la fin de Dresil, tout le monde s'y occupant de façon habituelle, personne ne se doutait que quelque chose de monstrueux aller se produire. Mais lorsqu'il fut sonné trois heures, la bataille éclata. Les Orcs étaient arrivés, à dos de Lycanthrope, les armes aux mains, prêts à se battre. Heureusement pour eux, les voyageurs qui s'étaient arrêtés à Dresil quelques temps plus tôt, étaient repartis. Ces derniers étaient principalement des Hommes, accompagnés de trois Nains et d'un Elfe originaire de la Forêt d'Eldrian, connue pour ses diverses plantes médicinales.

            Lorsque les Orcs entrèrent dans la cité, qui n'avait pas eu le temps de refermer les portes, ils détruisirent tout, sans aucune exception. Que ce soit les bâtiments ou les vies, ils réduisaient tout à néant. Les archers n'étaient que trop peu nombreux contre eux. Quant aux autres combattants, ceux qui magnaient les armes blanches de corps-à-corps, ils étaient opposés à de puissant Lycanthropes qui ne faisaient qu'une bouchée de leur misérable armée.

            Enira, elle, pleurait devant ce carnage, elle n'avait jamais vu de chose aussi atroce. Elle était si jeune... Un archer pris néanmoins les choses en mains, emmenant les enfants à l'abri. C'était Erwän, un jeune homme d'à peine quatorze ans. Il était attentionné et très mature pour son âge. Il faisait partit de l'élite des archers de Dresil et avait un quotient intellectuel très élevé. Lorsque les plus jeunes furent à l'abri du danger qui les guettait, Erwän dut retourner aider les autres combattants. Les enfants ne le revirent plus jamais.

            Quelques temps plus tard, les Orcs et leurs montures Lycanthropes étaient partis. La cité, ou du moins ce qu'il en restait, était désert. Tout avait été réduit à cendres. Les enfants restèrent alors là, plusieurs heures, jusqu'à ce que des voyageurs passent par là. Ils découvrirent les ruines et comprirent ce que ces cinq enfants faisaient là, seuls. Ils les menèrent donc dans la ville la plus proche de façon à ce qu'ils ne restent pas comme cela, à mourir de faim, de soif ou encore de froid.

            Le temps passait et Enira, ainsi que les quatre autres rescapés de Dresil — Jiever, Prïmme, Naya et sa sœur jumelle Foya  — éraient de villes en villes à la recherche d'un toit où dormir. Un jour, ils se firent adopter par un couple de fermiers. Les cinq amis avaient une vie dure, mais ils étaient nourris et  abrités. Plus Enira restait chez les fermiers, plus ils la détestaient. Ils la trouvaient fainéante — elle qui travaillait le plus — ingrate et différente. Au fil du temps, une habitude s'installa : chaque soir, Enira se faisait battre. Lorsque ce rituel était enfin terminé, ses quatre amis, qui entendaient ses cris étouffés par un vieux tissu qu'elle serrait dans sa mâchoire, venaient la retrouver près de son lit pour lui passer un chiffon humide sur les traces de fouets. C'était atroce, Enira souffrait.  

            Le jour de ses dix ans, alors qu'elle avait fugué, Enira courrait dans les rues du village adjacent la ferme qu'elle venait de quitter. Elle monta dans une charrette sur le point de partir. Quelques heures plus tard, épuisée, elle arriva dans un petit village d'Homme où Dray, un armurier renommé, la recueillit.

            Depuis, elle ne peut arrêter de penser aux personnes lui ayant fait du mal, l'ayant rejetée, ou ne l'ayant pas aidée...

Une jeune femme pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant