Ma tête me faisait souffrir le martyr. J'avais l'impression qu'un troupeau de buffle venait de me piétiner l'esprit. La vive lumière du soleil brillant haut dans le ciel me brûlait la rétine mais j'ignorais cette douleur supplémentaire. Je devais savoir où je me trouvais.
Je devais ? Non... j'avais besoin de le savoir. Je ne savais même pas où est-ce que je me trouvais, et quelle heure il était.
- Voyons voir... marmonnai-je dans ma barbe. Je suis sur une île paumée au milieu de l'océan, avec comme seules provisions... les plantes comestibles de cette terre aride.
Jetant un rapide coup d'œil autour de moi, je repérai une drôle d'embarcation à une place, dotée d'une voile claire et d'un moteur. Celle ci reposait sur la plage de sable dorée, comme à l'attente d'un capitaine voguant avec elle sur les eaux calmes.
Un peu plus loin, une caisse de bois brute enfoncée dans la terre battue au centre de l'île miniature, et dont le couvercle légèrement ouvert semblait indiquer que quelqu'un y avait déposé un contenu à l'intérieur. Les hautes herbes vertes semblables à des fougères entourait une petite cabane dissimulée dans l'ombre des cocotiers.
- Drôle de rêve, que de se retrouver sur une île déserte...
Je marchai lentement vers le petit bateau, prenant soin de ne pas laisser entrer de grain de sable brûlant entre la semelle de mes sandales et ma peau pâle...
Une minute. "La semelle de mes sandales" ?!? J'étais pourtant quasiment sûre de n'avoir aucune chaussure de ce type là dans ma penderie.
Suspicieuse, j'inspectai rapidement mes vêtements, mon corps et mon reflet dans l'eau bordant ma terre. Une curieuse tunique rouge ceinturée par un large pan de tissus noire faisait office de vêtement, et une multitude de bracelets et de bagues en tout genre accompagnait mon atypique tenue.
Glissant mes doigts dans ma chevelure, je sursautai en sentant aucune résistance contre mon épiderme.Ainsi donc, même mon apparence aurait évolué.
Mes boucles blonde jadis arrivant au niveau de mes épaules tombaient désormais au niveau de mes reins, plus sombre que les ailes d'un corbeau, plus lisse que l'eau pâle. Mes formes autrefois voluptueuses et qui me complexaient tant s'étaient volatilisées pour m'octroyer une silhouette fine et musclée, dotée néanmoins d'attributs purement féminins plutôt voyants.
Je sursautai et étouffai un cri de surprise lorsque je me rendis compte que des prunelles d'un violet envoûtant remplaçaient mes sempiternelles iris brunes.
Mon apparence physique venait donc de changer radicalement, et sans la moindre idée du pourquoi.- Réfléchis, Ayano. Il existe forcément un moyen pour toi de rentrer à Tokyo...
Au bout d'une vingtaine de minutes à cogiter assise sur la plage, je me décidai à enfin bouger pour faire un inventaire complet de ce que j'avais à disposition.
A savoir pas grand chose...
La caisse de bois brute ne contenait que des gourdes remplies d'eau, quelques pommes et des petits paquets de viande séchée à l'odeur peu ragoûtante. J'ignorais de quel animal provenait cette viande, mais jamais je n'aurais imaginé une effluve pareille. Fort heureusement, celle-ci était emballée dans une sorte de simili cuir beige, fermé par des cordons végétaux.
L'île miniature ne m'offrait que quelques noix de coco, et pousses de banane à disposition, la cabane n'abritant rien d'autre qu'une couverture noire toute trouée par le temps.
Une soudaine envie de me rouler en boule et de déverser toutes les larmes de mon corps me saisit, et je me fis violence pour ne pas céder à la tension d'accueillir le désespoir à bras ouverts. Ma mère ne serait pas fière de moi, si elle me voyait dans ce piteux état.
Chargeant mes maigres provisions sur le navire de fortune qui s'offrait à moi, je défis du mieux que je le pouvais le nœud retenant l'embarcation au ponton de l'îlot, avant de donner une impulsion à la coque pour que celle-ci prenne le premier courant marin à disposition.
Pourquoi quitter cette île pour explorer l'inconnu ? Même moi je l'ignorais. Une seule chose était sure, mon instinct me murmurait - non, me criait - que rester ici n'augurait rien de bon.
Et heureusement que je ne m'étais pas trompée. Car à peine quelques mètres parcouru, une vague titanesque retomba sur l'île, l'engloutissant dans les flots tumultueux. Pourtant, aucune tempête à l'horizon susceptible d'avoir déclenché cet étrange phénomène marin. Les remous provoqués par le tsunami miniature firent dériver mon bateau sur le grand océan.
J'eus beau tourner la tête dans tous les sens, rien ne se profilait à L'horizon, pas même l'ombre d'un bateau de croisière sur lequel j'aurai pu m'abriter ou demander de l'aide. Je piochai distraitement dans mes réserves de nourriture, grignotant nerveusement une pomme rouge avant de jeter le trognon dans l'eau.
A peine le reste eut touché la surface de l'eau qu'une ombre impressionnante vint le cueillir avant de disparaître sous la surface.
Ainsi, il y aurait donc des poissons non répertoriés dans cet océan emplit de mystères.
Pourquoi disais-je "non répertorié" ? Eh bien parce qu'il était improbable qu'un tel animal existe sur Terre. Les écailles violettes aux reflets argentés de l'animal nageant à l'avant de mon navire dégageaient une belle lumière blanche, scintillante et suivant le fil des courants.
En me penchant un peu plus vers l'étendue bleue, je me rendis vite compte qu'une incroyable faune et flore vivait en dessous de moi, mêlant couleurs et formes diverses mais toutes plus originales les unes que les autres.Une étoile de mer sur son rocher semblait me faire signe du bras, comme pour me saluer. Un peu plus loin, un banc de petits poissons dorés aux moustaches plus longues que leurs corps se liaient aux nombreux coraux verts accrochés aux roches blanches.
Orientant du mieux que je le pouvais le gouvernail, je fondis l'écume des vagues en direction de ce que j'estimais être le nord, une intuition m'indiquant que ceci était ma destination.
Donc pour résumé la situation, me voilà dans une embarcation précaire avec à peine de quoi me nourrir une semaine, perdue au milieu de l'océan dans un monde dont j'ignore l'entièreté. Et pour couronner le tout, ma peur thalassophobie risque à tout moment de revenir et me jouer un mauvais tour.
Riant aux éclats malgré l'incertitude de mes chances de survis, je filai plus vite que le vent vers l'inconnu.
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Ma Couleur (Ace x OC)
FanfictionUn accident. Un stupide accident de la route. Voilà la cause de cette énorme galère. Franchement, si le karma voulait se jouer de moi, je crois qu'il ne pouvait guère mieux le faire que maintenant. Allongée sur la plage de sable fin, je scrutai av...