Charlie est amoureux d’Axelle depuis des années.
Il ne lui en a jamais parlé car il est attaché à sa ville d’enfance tandis qu’Axelle a de grandes ambitions et souhaite quitter la ville. Au cours d’un week-end entre ami.e.s, ils se retrouvent à faire un trajet ensemble lorsque soudain, ils sont surpris par un accident de voiture…
C’est l’odeur de brûlé qui me réveille. Le volant est bien plus près de moi que d’ordinaire, le toit est enfoncé au-dessus de nos têtes. La voiture a fait des tonneaux, merde. Je tourne difficilement la tête, une douleur intense tapant dans mon crâne. La conséquence du choc avec l’airbag sans doute. Axelle est sur le siège passager, en position fœtale, sa ceinture toujours attachée la retenant sur son siège, l’airbag dégoulinant comme un vieux chewing-gum du tableau de bord défoncé.
J’essaie de ne pas paniquer, même si je crève de peur en la voyant immobile, inconsciente, désarticulée. C’est moi qui conduisais, et même si cette voiture folle nous a foncé dessus, j’aurais dû être capable de l’anticiper, de l’esquiver. Je ne peux pas supporter l’idée de l’avoir tuée.
Je tends la main vers elle, et saisis son poignet. Je cherche l'artère, comme on nous l’a appris dans les cours de secourisme au lycée. Je tâtonne, je ne vois pas ce que je fais. Et puis, à force de persévérance, le soulagement, je sens un pouls qui cogne, faiblement, mais cogne contre mes doigts fébriles. Une larme de soulagement coule sur ma joue, elle est chaude et me réconforte, alors que le froid m’étreint, malgré cette belle journée de printemps. Ma main glisse dans la sienne, j’ai besoin de ce contact proche d’elle.
J’essaie de me redresser pour mieux la voir mais la douleur me transperce, me broie de l’intérieur, comme si quelque chose traversait mon ventre. Je suis incapable de bouger d’un pouce, le souffle coupé par cette douleur intense. Alors je l’appelle, et je ne reconnais pas la voix faible et paniquée qui sort de ma bouche.
- Axelle ! Choupi ! Est-ce que tu m’entends ?
Sa main bouge faiblement alors que je l’appelle par « notre » surnom. Ou alors, n’est-ce qu’une impression. L’odeur de brûlé persiste, mais aucun bruit, aucun mouvement autour de nous à part ceux de la nature. Nous sommes entourés de vert, des herbes hautes qui passent par les vitres brisées de la petite voiture d’occasion que mes parents m’ont offerte quand j’ai obtenu mon permis, l’été dernier.
Je décide de continuer de parler à Axelle, malgré le bourdonnement dans ma tête, la douleur dans mes entrailles.
- Choupi, je veux que tu te réveilles. Ouvre les yeux, regarde-moi. S’il te plaît.
Mais elle ne bouge pas. Sa main chaude dans la mienne que je caresse du pouce, j’essaie de la rassurer.
Le conducteur qui nous a foncé dessus, me forçant à faire un écart nous conduisant au fossé, a forcément appelé les secours, ils ne vont pas tarder.
- Choupi, on va bientôt venir nous chercher, et cet accident ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Tu sais, comme quand on s’est fait engueuler par les parents l’autre jour parce qu’on est rentré tard et qu’on avait coupé nos téléphones. Au final, on s’était bien marré ce jour-là, quand on avait rendu fous les vigiles du magasin en faisant 30 fois le tour du même rayon. Ils ont finalement arrêté de nous suivre quand ils nous ont entendus éclater de rire, tu te souviens ?
Elle ne rit pas, elle ne bouge pas. Moi je ris, et je sens s’installer dans ma bouche le goût métallique du sang. Je m’en fiche, je ne pense qu’à elle, à la réveiller, à la maintenir en vie.
- J’ai toujours aimé passer du temps avec toi de toute façon. J’adore ta façon de rire à mes blagues, même quand elles ne sont pas drôles. J’aime quand tu me piques mon écouteur dans le métro, sur le chemin de la fac. Tu le faisais déjà au lycée, tu te souviens ?
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Car Crash
Ficção AdolescenteCharlie est amoureux d'Axelle depuis des années. Il ne lui en a jamais parlé car il est attaché à sa ville d'enfance tandis qu'Axelle a de grandes ambitions et souhaite quitter la ville. Au cours d'un week-end entre ami.e.s, ils se retrouvent à fair...