Un jour, il comprendra

Partie 1

Le 2 mai, un jour bien sombre mais aussi plein de joie. Le jour de la Mort, mais aussi celui de la Victoire. Le jour où la Lumière avait vaincu les Ténèbres. Le jour où un enfant était devenu orphelin. Le jour où Teddy Lupin était devenu orphelin.

Cela faisait 17 ans qu'il n'avait pas vu ses parents et il en souffrait tous les jours, il était un orphelin de la guerre, cela il le savait, il savait beaucoup de choses pour son âge, il voulait que ses parents soient fiers de lui-même s'ils ne pourraient jamais lui dire. Alors il apprenait, il faisait ressortir son côté maraudeur, quand il était seul, il laissait ses cheveux d'un bleu électrique passait à un rose éclatant, il aimait être comparé à ses parents, qu'on lui raconte les exploits, le courage dont ils avaient fait preuve, mais il aurait aimé qu'il soit plus lâche, qu'il reste avec lui au lieu d'aller se battre, d'aller mourir.

Teddy se trouvait dans la Cabane hurlante, le lieu qui lui rappelait le plus son père. Tout à coup, il entendit un bruit, et à travers ses larmes, il vit un hibou, celui de son parrain Harry, Ted se leva et vit une lettre accrochée à la patte de l'oiseau. Prenant la lettre, il constata qu'il n'y en avait pas une, mais trois. Il décida de prendre celle qui avait l'air d'avoir le plus vécu, celle où l'on voyait une trace de larme, celle où il reconnut l'écriture de son père.

Teddy, mon fils,

En voyant ton sourire, tes petites, mais surtout tes magnifiques cheveux à l'effigie de ta mère, je pleure, je pleure en sachant que mon temps est compté, que je peux être arraché à la vie cette nuit, que je ne pourrais te voir grandir, que je ne pourrai pas voir tes cheveux d'un bleu électrique passait de ceux d'un bambin à ceux d'un homme.

Mais à travers ses larmes qui coulent le long de mon visage pour venir s'écraser sur ce parchemin, je souris en pensant que tu es merveilleux, que tu es mon fils, que mon sang coule dans tes veines, que tu es normal.

Alors, oui, je mourrai, mais je tenais à te dire que je serai toujours fier de toi, ne remet jamais en doute ses paroles, à travers la mort, je serai fier de toi et de celui que tu deviendras.

Ton père qui t'aime et qui t'aimera à jamais

Faisant tomber une énième larme sur la feuille, Teddy pris la deuxième lettre, celle de sa mère, il reconnaitrait cette écriture partout, sa mère écrivait même en rose, la vie n'était pas rose, mais sa mère, elle l'était.

Mon petit bonbon bleu,

Je viens de te trouver un surnom en plus, peu être que tu ne t'en souviens pas, mais avec ton père, on en trouvait des farfelus, des drôle, des mignons. Je pense que ton père a trouvé le surnom qui te qualifiait le mieux : Mon fils.

Cette guerre dure depuis longtemps, qui sait si on en verra le bout un jour, si on serra encore là pour pouvoir en profiter. Je me demande pourquoi je t'écris cette lettre, des questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi cette impression que je ressens au plus profond de moi, cette peur qui ne fait que grandir fasse à la guerre qui a déjà fait des millions de morts. J'ai peur de faire partie des morts et par extension de ne pas pouvoir grandir. Peur de ne pas pouvoir t'apprendre à marcher, à parler. J'ai peur de n'être qu'une ombre dans ta vie, peur de n'être que la femme qui t'a mis au monde, peur de n'être qu'un fantôme qui plane au-dessus de ta tête.

Mais qu'importent mes peurs, ce que je veux avant tout, c'est ton bonheur alors la mort ne m'arrachera pas cela ainsi que l'amour que je te porte, il traversera la Mort pour vivre en toi.

En me battant, lors de ces combats, je pense à toi, c'est pour toi que je me bats, c'est pour toi qu'on gagnera cette guerre.

Ta mère Dora

P.S. : Tu es la SEULE personne qui peut m'appeler par l'horrible sobriquet que ma mère a choisi en tant que prénom.

En lisant les derniers mots, il ne put s'empêcher de rire au travers des perles de cristal qui glissait le long de ses joues. Sa mère était donc si puérile dans ce genre de situation ? Si insouciante face à la vie ? Si naturel en parlant de la Mort ? Si sa mère ?

Sa mère dont on lui avait tant de fois compté les exploits, le courage, la fierté, la sympathie. La légende. Elle était une légende, un conte, un songe, une héroïne que la guerre avait façonnée, puis détruit.

Ses parents n'étaient plus que des paroles, des mots qui aussitôt prononcé disparaissais pour laisser place au vivant. Mais n'est ce pas l'inverse, la Vie qui laisse place à la Mort ? On lui avait toujours dit que c'était la Vie puis la Mort, le Passé puis le Futur, le Vent puis la Tempête, la Haine puis l'Amour, le Début puis la Fin. Mais dans ce mélange de paroles, qu'était le Début, qu'était la Fin ? Une histoire ne se lisait pas de la Fin au Début, dans quel sens la vie s'écrivait-elle ? Toutes ses questions qui ne trouvaient pas de réponse et qui n'en trouveraient sans doute jamais.

Il ouvrit alors, fébrile, la lettre de son parrain, qui était écrite d'une main tremblante.

Teddy,

Quand j'ai vu leur corps, je n'ai pu m'empêcher de penser à une chose "Que va-t-il devenir ?" Aujourd'hui, 17 ans plus tard, jour pour jour, j'ai ma réponse, tu es devenu quelqu'un de fort, de loyal, de courageux. Quelqu'un pour qui je donnerais ma vie, tu me diras qu'avec un peu de chance, je m'en sortirai encore, indemne physiquement, mais détruit psychologiquement.

Quand un bébé perd ses parents, il ne s'en rend pas compte, quand cet homme est rentré dans ma chambre et qu'un éclair vert est sorti de sa baguette, je n'ai pas compris que ma mère était morte. Pour moi, elle se relèverait, souriante, comme toujours.

C'est comme la tienne. Qui aurait pensé que la joyeuse jeune femme aux cheveux roses mourait cette nuit-là ? Personne.

Mais qui peut penser que quelqu'un va mourir ? Personne.

Je ne veux pas avoir eu la chance de leur parler et que tu en sois privé à cause de ma peur. J'ai confiance en ton jugement et en ta loyauté, qu'elle m'aille à moi ou à tes parents. Ils ont accepté leur sort depuis le temps, je suppose. Alors, va dans la forêt interdite, tu y trouveras Firenze. Il te guidera.