La Lovotique [Vminkook]

1. Viser les étoiles

"Nan attends... oublie les verres, on va prendre directement deux bouteilles en fait. Allez fais pas trainer Jimin, on a soif nous."

Le client rigola et Jimin se contenta d'acquiescer. Il termina de noter la commande sur son petit carnet.

La cafétéria pour laquelle il travaillait comme serveur était la seule qui se démarquait pour son côté rétro. Tout le personnel était humain et les anciennes méthodes de travail continuaient de s'appliquer ici. Les serveurs comme Jimin ne pouvaient par exemple pas noter les commandes des clients en utilisant leur montre à holographique. Les tables ne disposaient pas de la fonction de nettoyage et recyclage automatique des plats car cela se gérait encore en cuisine. Tout ce matériel coutait de toute façon trop cher pour les commerçants de la ville basse. Malgré ces barrières financières, Fjord, le propriétaire de la cafétéria, avait donc choisi de ne pas se laisser abattre lorsqu'il avait décidé d'ouvrir son commerce.

Il avait fait le choix de parier sur une cafétéria à l'ancienne, comme ce qui se faisait encore beaucoup il y a une quarantaine d'année en arrière. Fjord avait travaillé d'arrache-pied pendant deux ans pour promouvoir sa cafétéria. Elle était maintenant réputée pour ce fameux côté rétro qui amusait la clientèle.

"Je vous apporte les boissons de suite et le reste dès que c'est prêt." répondit Jimin.

Il tourna les talons pour aller porter la commande en cuisine mais se stoppa net lorsqu'il sentit une main taper sur ses fesses. Effrayé, Jimin resta un instant paralysé. Il n'osa plus bouger et serra son petit carnet contre son torse.

"Tu finis à quelle heure beauté ? On se fait un trip toi et moi ?"

En l'an 2103, se faire un trip était une expression bien connue de tous. Cela voulait tout simplement dire avoir une relation sexuelle sans lendemain. Car des relations avec lendemain, cela ne se faisait plus vraiment.

Les êtres humains avaient développé de plus en plus de réticences à s'engager avec un autre être humain. Il y avait à ça une seule raison : le développement des robots faits pour tenir compagnie. Il y en avait deux sortes.

La première, la plus élaborée, regroupait tous les robots qui avaient été programmés pour servir de compagnon de vie à un humain. Dociles, personnalisables presque à l'infini, les lovebot n'étaient fait que pour servir et à chaque nouvelle génération de machines, ils se rapprochaient encore plus du comportement humain. Mais à l'instar d'un humain, ils étaient programmés pour que leur propriétaire soit satisfait en tout temps en fonction des critères pré-sélectionnés lors de leur mise en service. Ces robots là étaient plus ou moins onéreux. La quantité d'options de personnalisation dépendait en effet du budget de l'humain.

La seconde sorte de robots de compagnie englobait tous ceux qui étaient la pour faire fonctionner le business de la prostitution. Si elle était illégale pour les humains, elle était complètement autorisée pour les machines. Un ou plusieurs êtres humains pouvaient donc ouvrir une entreprise de services sexuels en proposant différents modèles de machines. Pour quelques minutes ou pour une nuit entière, les sexbot seraient programmer là aussi en fonction du budget du client.

C'est donc ainsi que les êtres humains avaient vite été complètement dépendants de ces robots qui répondaient à leur moindre désir affectif et/ou sexuel. De moins en moins d'humains s'essayaient aux relations de longue durée avec un de leur semblable car cela leur semblait maintenant trop contraignant.

Aussi, en dehors du travail, les êtres humains étaient surtout amener à se côtoyer pour se faire un trip, avant de repartir chacun de leur côté.

Jimin, lui, n'avait pas recours à ça pour plusieurs raisons qu'il gardait pour lui-même.

"Alors ? J'ai rien fait depuis deux jours, j't'assure que ça va être bon."