La Lovotique [Vminkook]

22. La troisième espèce

"Je suis enfermé ici comme un prisonnier. Ils pensent que je suis ravi de la vie qu'ils m'offrent mais non... ils se méfient de moi je le sais. Je suis enfermé dans cette cage dorée. Moi non plus je n'ai pas confiance en eux. Plus maintenant... mais quels choix s'offrent à moi ? Dis le moi toi."

L'homme à la blouse grise regarda par dessus ses lunettes comme s'il attendait une réponse. Mais celui au visage immobile sur la chaise d'opération ne répondit rien. Alors il rabaissa le regard et reprit son travail. Des outils bien spécifiques entre les doigts, il termina de positionner méticuleusement une très fine plaque d'alliage dans le bras qu'il avait incisé. Pendant plusieurs minutes, il ne parla plus et enchaina les manipulations lentes et complexes. Lorsqu'il eut terminé d'aligner les feuilles d'alliage alors encore souples, il poussa son tabouret roulant en arrière, et soupira.

Il fixa son oeuvre et le visage de celle-ci. Les yeux pourtant ouverts, aucune réaction n'était visible. L'homme se détourna de sa création et marcha jusqu'à son bureau. Complètement en désordre, un amat de pièces robotiques et autres médicaments parsemaient la table. Dans un coin, à moitié caché par une pile de journaux, il y avait un petit écriteau portant la mention Docteur Dan Pratt, scientifique émérite de l'Académie pour le Progrès.

Le Docteur Pratt alla chercher un petit dispositif qui n'avait l'air de rien, mais qui coutait à lui seul des centaines de milliers de crédits. Il le positionna au dessus des feuilles d'alliage, l'alluma, et une faible lumière rouge fut projetée sur le bras ouvert. En une minute, les feuilles d'alliage avaient été séchées et avaient durcit plus que du diamant. Cet alliage là était une combinaison de celui qui était plus communément mis sur les robots en tout genre, et d'autres composés classés top secret. Il coutait quelques millions de crédit, et chaque feuille, aussi fine soit-elle, était plus résistante que l'alliage courant chez les robots actuels.

Il s'attela ensuite à recoudre la peau du bras en contrôlant une machine chirurgicale à distance. En un coup d'un laser bien spécial, la cicatrice de cette intervention fut effacée, comme si rien de tout ça n'avait jamais existé.

Le docteur Pratt écarta toute la robotique qui remplissait la pièce et retira sa blouse grise. Il se servit de quoi se désaltérer et fixa profondément celui qui était toujours en veille sur son fauteuil. Il eut alors un regard triste et se mit à secouer la tête et à prononcer des choses inaudibles. Puis il revint s'asseoir sur son tabouret, et passa ses doigts dans les cheveux de cet être compliqué.

"Tu es beau... je ne t'ai pas choisi tu sais. Ils t'ont choisi pour moi. Ils pensaient que ça me ferait oublier. Mais je n'oublie rien. Jamais. C'est ma malédiction. Un cerveau bourré à craquer. Je crée des merveilles... ou des abominations. Mais eux... ils pensent savoir mieux que moi lequel est lequel ! Tu es beau... mais je ne t'aimerai jamais. Mon coeur est déjà pris tu comprends ? Je ne peux pas t'aimer. Mais je ne te rejetterai jamais. Je ne suis pas comme ça. Dois-je essayer de t'aimer ? Non... Quand vont-ils m'autoriser à t'activer pleinement ? Tu es prêt... je le sais. Mais ils me surveillent... ils ont peur de moi... et de toi. Ils te surveillent toi aussi tu sais. Alors ne fais pas de faux pas, et continue d'ignorer tout de toi... Spin."

Dan approcha son visage de celui de Spin et entrouvrit ses lèvres. Il fixa la bouche de sa création, hésita, puis se ravisa. Il se rassit lourdement sur son tabouret et tourna son poignet vers lui. Là, directement incrusté dans sa peau, il s'était implanté une version améliorée et unique de la montre holographique que possédait le commun des mortels. Il pianota dessus en regardant Spin, et quelques secondes plus tard, il reprit vie devant lui.

Spin se releva lentement avec un son plaintif. Il fronça un peu les yeux et secoua la tête.

"... cet anesthésiant est trop puissant Doc. Je le dis à chaque fois, ça nous fout des coups et on doit pioncer plusieurs heures après pour se remettre. On perd un temps précieux sur les entrainements."