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juin 1917,sous les bombes et la boue

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juin 1917,
sous les bombes et la boue.

        la nuit frappait à son tour sur le champ de bataille, forçant les survivants d'un énième massacre à quitter le champ de bataille. sous la pluie de météorites rouges andrinoples, les corps des réfugiés s'accroupissaient dans la pénombre du clair de lune, apparaissant une infinité plus petit encore qu'ils tentaient de se faire. les casques s'entrechoquaient au rythme violent des bourrasques de vent, créant dans cette atmosphère terrifiante une cacophonie assourdissante. tapis dans leur habitation de fortune, deux hommes au teint cadavérique, aux doigts fuselés tel les pinceaux qu'ils tenaient autrefois, la fatigue peinte sur leurs deux visages peints de boue, ils observaient avec lassitude le mur terne de leur appartement. plus loin, une lampe grésillait en disharmonie avec le bruit des casques verts qui s'entrechoquaient. un morceau de pain bouffé depuis bien longtemps par leurs colocataires les insectes trainait sur la table en vieux bois, laissant les deux coréens natifs sur leur faim.

    —    vous deux ! les avait alors apostrophé un vieil homme au teint tout aussi blafard que le leur. prenez vos armes et dirigez vous sur le bord des tranchés, on manque de mains d'œuvres.

         le cœur en bouilli sur la main, le sang des ennemis, des amis, dégoulinant comme de la boue sur leurs vieilles bottes trouées, les larmes vides de sens perlant sur leurs joues creuses, les deux jeunes hommes suivirent leur supérieur d'un pas rapide. leurs mains tremblaient, et si on poussait notre observation plus loin, tout le reste de leurs corps en faisait de même. leurs armes posées sur leurs frêles épaules tanguaient au rythme de leurs gestes plus ou moins brusques.

    —    encore une nuit sans pouvoir fermer l'œil hein ? avait demandé le premier au second.

    —     qu'on soit ici ou bien six pieds sous terre, j'trouverais jamais le sommeil. le repos n'existe plus hélas.

    —     quand la guerre sera finie, car elle se finira bien un jour, on partira loin d'ici. quelque part où les conflits n'existent pas, un endroit qui nous laisse choisir notre destin.

minho et jisung, pas de noms de famille, pas d'âges non plus, que deux prénoms faisant d'eux les soldats qu'ils étaient aujourd'hui. tous deux venaient de deux familles réfugiés en france suite a l'annexion japonaise de 1910. tous deux avaient connus la mort atroce de leurs parents, morts sous les coups du temps et de la vie, morts dans la mer alors qu'ils tentaient de fuir. depuis lors, les deux jeunes amis avaient refusé d'avoir plus qu'un prénom.

    les cris des maccabées retentissaient au moindre souffle de vent et les murmures des fantômes du passé revenaient hanter les derniers soldats alignés en ligne devant la tonne de barbelés. leurs armes sur le dos, sur l'épaule ou bien même sur la taille, ils observaient tous avec crainte ce tableau digne de la géhenne. les heures passaient sans qu'aucun mouvement ne soit détecté sur ces terres minées. ce fut une nuit particulièrement calme ce jour-là.

LE MUSÉE DES INVALIDES.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant