5. Epouse-moi

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Son regard était éclatant. Tout autant que son sourire. Par la simple clarté de son visage, on pouvait voir à quel point Tatsuki se sentait légère. Elle marchait dans cette maison comme si elle n'était jamais parti. Elle arpentait chaque coin comme si cet endroit lui appartenait. Elle était à son aise, parlant de tout. Ou de rien ? Aucune parole n'était claire, elle voulait juste leur parler. Et par moment, ses yeux s'humidifiaient, présageant une joie, presque douloureuse, de retrouver ces parents.
Malgré quelques rides, ils n'avaient pas changé. Son père était toujours aussi souriant, avec une énergie communicative. Et sa mère, ce bout-en-train, ne savait toujours pas rester calme. Encore moins maintenant que sa fille était là, à ses côtés.

Itadori, lui aussi, se sentait chez lui. Il se sentait normal. Et il avait face à lui ce à quoi il avait toujours aspiré. Une famille. Et plus le temps passait, plus il voyait dans les pupilles de Tatsuki, la sienne. Sa famille actuelle mais surtout future. Il avait une certaine honte à l'avouer, mais il songeait à ce que l'avenir pourrait faire d'eux. De son jeune âge, il savait ce qu'il voulait. N'était ce pas précoce ? On lui avait toujours répéter de profiter de sa jeunesse, que l'amour c'était pour plus tard. Mais pour lui, c'était maintenant. Il n'avait pas la certitude que ça allait durer. Bien au contraire. Il n'avait aucune idée de ce que cet amour lui réservait. Il en était terrifié. Mais encore plus impatient.
On dit qu'avec la jeunesse s'accompagnait les sentiments éphémères, les bonheurs comme les malheur. Pour Itadori, non. Certainement pas l'amour. C'était ce qu'il avait ressenti de plus vrai, de plus authentique. Et bien que la peur d'être tuer grandissait en lui, les sentiments qu'il avait pour Tatsuki se faisait encore plus grand, recouvrant tout ces sentiments négatifs auxquels il faisait face. Il l'aimait à ce point, là.

Alors, comment faire perdurer cet amour ?

Comment faire perdurer un sentiment que l'adolescence s'amusait à détruire et recréer sans cesse, à sa manière ?

Cette question s'immisça en Itadori alors qu'il entrait dans la chambre de Tatsuki. L'ombre d'un sourire passa rapidement sur le visage du jeune homme à la vue de cette pièce : pour ne pas changer, les murs étaient verts. Encore. La décoration était bien plus sobre, se contentant de quelques livres et de photos. Photos de Yuri, particulièrement. Son amour avait été éphémère pour lui, n'est ce pas ? Un sourire nerveux apparut sur son visage, n'échappant pas au regard de sa rose.

- Qu'est ce qu'il y'a ?

- Tu penses à notre futur parfois ?

Elle entremêla leurs doigts et plongea son regard dans le sien.

- Pourquoi cette question ? Qu'est ce qui te taraude autant ?

Que pouvait il lui répondre ? Qu'il l'aimait ? Qu'il mourrait d'envie de l'avoir à lui et personne d'autre ? Qu'en pensant a l'avenir seul son visage lui apparaissait ? Non, il ne pouvait pas. Itadori n'était pas de ce genre. Certes, il parlait beaucoup, énormément. Il aimait combler les vides. Mais rarement par ses émotions. Pas ceux là. Son amour, il avait peur de lui en montrer l'étendue. Il avait peur que ça ne soit pas assez. Ou trop. Après tout, Yuri avait été les deux. Pas assez sincère pour lui donner sa liberté. Mais trop passionné jusqu'à lui en faire mal. Alors lui, où se situait il entre les deux ?
La douce voix de son aimée interrompit ses pensées. Et son regard inquiet le désarma.

- C'est juste que j'avais jamais imaginé qu'un couple puisse devenir une famille plus tard.

Le rire de Tatsuki résonna face à la pensée ridicule de ce dernier.

- En voyant tes parents, je me suis dis qu'ils ont été comme nous un jour. Alors est ce qu'on sera comme eux à notre tour ?

La main de Tatsuki se posa sur sa joue, et ses yeux laissa transparaître un léger doute.

- Les amours de jeunesse sont toujours imprévisible à ce qu'il parait.

Ça lui avait fait mal. Itadori a eu mal à l'entente de cette phrase. La rosée avait beau l'avoir dit avec une grande douceur, cela n'en restait pas moins présager une possible rupture. Et cela lui sembler impossible. Parce qu'après tout, être jeune n'empêchait pas de trouver l'amour d'une vie. Et il en était persuadé, Tatsuki était le sien.

- Epouse-moi.

- Pardon ?

- Dans 10 ans, épouse moi. Ou dans 15, 20 ou 30. Peu importe. Épouse moi.

- Itadori, on est tellement jeune. Pourquoi penser à ça maintenant ?

- Parce que moi, je sais qu'il n'y a que toi.

Le rire nerveux du jeune homme envahit la pièce.

- Je sais que c'est bête. Je sais qu'on est jeune. Je sais que tout peut changer. Mais pour l'instant, c'est juste toi et moi. Alors pourquoi se soucier si ça va se finir demain ou dans 10 ans. Aujourd'hui, à cette seconde précise, je veux être avec toi jusqu'à la fin et c'est ce qui compte le plus.

Un sourire incontrôlable s'installa sur le visage de Tatsuki.

- Dis pas ce genre de chose ! Je risque de m'y accrocher.

Le rose de ces joues était éclatant. L'étirement de ces lèvres trahissait l'insouciance de leur jeunesse mais, était ce vraiment important ? Ils s'aimaient. Durement. Passionnément.

- Alors, commença Itadori dans un soupir profond. Accroches-y toi.

Ses yeux dans les siens, son visage a quelques centimètres, le jeune garçon attendait sa réponse. Itadori affichait cette expression suppliante, rempli d'un espoir qui leur était inconnu à ce jour.

- Oui. Marions nous dans 10 ans.

Et le cœur d'Itadori s'affola. Il en était certain : ce genre d'amour ne s'efface pas. Avec douceur, il attrapa la main de Tatsuki et attacha à son doigt un fil rouge qui trainait sur le bureau. Et au sien il fit de même avant de le couper. Et pourtant ce lien était toujours là. Ce fil rouge restait lié l'un à l'autre. Invisible aux yeux des autres mais si évident à le leurs. Une ficelle si fine qu'il faut le ressentir au plus profond de soi pour savoir quelle était là. Chose que seuls les deux amoureux pouvait savoir. Parce qu'en y réfléchissant bien, ils l'ont toujours su. A la seconde où Sukuna avait laissé place à Itadori et que leurs regards s'étaient croisé. Ce battement de cœur à l'unisson. Ce retournement d'estomac. Ils l'auraient su s'ils avaient compris les signes. Ils auraient su qu'ils étaient face à leur âme sœur.
Tatsuki fixait son doigt, réalisant la promesse qu'ils venaient de se faire. Et d'à quel point elle avait hâte d'être dix ans plus tard, face à l'homme qu'elle aime. Elle était déjà plus que prête à l'épouser. A lui passer la bague au doigt.

- C'est très mignon, commença t'elle en fronçant les sourcils, mais t'as intérêt à m'offrir une vraie bague.

- Je suis fou amoureux mais pas riche.

- Alors va bosser, c'est chère de m'entretenir.

Tout pour elle. C'est ce qu'il avait pensé à ce moment là. Il ferait tout pour elle. Pour l'entretenir. Pour qu'elle ne manque jamais de rien. Détruire le monde pour Tatsuki ne serait pas si grave.

Pendant ce qui semblait être des heures, ils avaient tout imaginé. La cérémonie la plus simple. La robe de ces rêves. Les chiens de Megumi qui porteraient les bagues. De la chose la plus logique à la plus folle.

- On invite pas Gojo sensei, ok ?

- On a pas le choix. Il est riche, il pourrait nous payer n'importe quel cadeau.

Leurs rires ne cessèrent pas avant des heures. Pas avant que Tatsuki ne s'endorme contre lui, avec le cœur lourd. Lourd d'espoir et de promesses. Lourd de cet amour qui veut tant exploser au fond d'elle. Leur promesse de mariage était innocent, presque enfantin. Et pourtant, jamais ils n'avaient pris une décision si adulte en y croyant autant.

Ils se marieraient. Ils en étaient certains.

FIN

Blanche - Tome 2 - Itadori x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant