Chapitre 1

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Dans le ciel les couleurs se confondent, je ne distingue pas quand le bleu passe au rose, elles se confondent si bien qu'elles forment un mélange apaisant, si apaisant que je m'en inquiète. Je ne vois pas correctement le changement de couleur, et je ne suis plus apaisée. Posée sur le rebord de la fenêtre, je jette un regard à travers, par-dessus les grandes barrières de fers qui bordent notre ville, et je m'affaisse. En revanche, je remarque très bien le contraste entre le ciel et la limite de ce mur, la clarté et l'obscurité. Je ne vois que ça. Et toujours ça. Je soupire, et l'alarme retentit, il est 21 heures - l'alarme de la ville qui fait office de couvre-feu. Brusquement tirée de ma rêverie, je regarde Jace me tirer par le bras, je n'ai pas compris ce qu'il a dit.
- T'as dis quoi ? Crié-je sans m'apercevoir qu'il n'y avait plus de bruit.
- Rien, tu ne m'écoutais pas, comme d'hab' ! Dit-il en articulant parfaitement, amusé.
- Ta gueule, Jace, dis-je souriant à mon tour.
Je le suis et on se bousculent comme deux gamins. À vrai dire, j'ai très bien entendu ce qu'il me disait, bien que je préfèrerais ne pas l'entendre comme à chaque fois qu'il me le dit depuis un an. Dès sept heures du matin jusqu'à treize heures, il est de l'autre-côté...De l'autre-côté. Il part en exploration, il part chercher des vivres, il part en tant que soldat au service de la ville. Et j'écarquille les yeux quand il est là devant moi à me raconter ce qu'il a vu. Souvent d'effroi. Et des fois, j'en fais des cauchemars. Et d'autres fois, les souvenirs se faufilent dans mes nuits, si bien qu'ils me réveillent soudainement.
- Kyle ?
Nous sommes devant ma porte. Je relève la tête, et je ne vois plus le bleu de ses yeux, son visage est dans l'ombre.
- Essaye de dormir, dit-il sérieusement.
Ses sourcils se rejoignent presque, il soutient mon regard et je fini par baisser le mien. Je ne lui ai pas expliquer pourquoi j'avais autant de mal à dormir, mais il doit s'en douter. Ça fait un moment qu'il ne prends plus trop le temps de me raconter ses sorties. Il me demande de ne pas m'inquiéter surtout.
- Oui, dis-je en pinçant le bout de ma lèvre inférieure.
On reste quelques secondes silencieux, et soudainement, il presse doucement mon bras.
- Allez, je file, dit-il dans un sourire.
Je me retourne aussi, la main sur la poignée, et je rentre à l'intérieur.

DEGENERESCENCE (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant