Ship Mano // Recueil d'OS //

3- La limite à ne pas dépasser

Le déménagement de la Mano de leur quartier à la villa n'avait pas changé grand-chose pour lui. Ou qu'il soit, il ferait le même travail. Mais il avait quand même été heureux de quitter l'appartement minable qu'il était censé occuper. Le nouveau était un peu plus haut de gamme, beaucoup plus dans le style qu'il avait l'habitude de côtoyer. Pas que ça changeait grand-chose finalement, vu le temps qu'il passait à l'intérieur, mais il aimait le sentiment de confort.

Travailler avec la Mano ne le dérangeait pas, Ryan avait bien choisi pour lui. Ces gars étaient aussi timbrés que leur ambition démesurée. Ça l'amusait beaucoup d'écouter leurs plans ou leurs conneries, de regarder toute cette petite vie. Il avait l'impression de faire partie des meubles et personne jamais ne lui manquait de respect. Son Boss s'en assurait régulièrement de toute façon, enfin quand il pensait à lire et faire des retours sur ses rapports hebdomadaires.

Marc avait rapidement pris ses habitudes à la villa Mano. Il avait trouvé sa place sous la pergola de la terrasse sur le côté de la bâtisse principale, à l'abri des intempéries et des rayons trop forts du soleil. Il voyait les membres défiler devant lui à toute heure. Ils étaient de plus en plus nombreux. La femme perdue de leur chef était arrivée en même temps que les derniers cartons de déménagement et quelques jours plus tard, il avait dû à nouveau réexpliquer les détails du boulot à un autre gars. Puis, ils avaient tous rapidement reprit le rythme de travail.

Mais son programme journalier avait brusquement changé. D'habitude, pendant la troisième partie de soirée et le tout début de matinée, il avait du temps libre. Il n'était pas le seul insomniaque, il voyait régulièrement trainer une ou deux personnes du groupe dehors à des heures tardives, mais elles ne venaient pas à lui, préférant se concentrer sur la recherche d'information. Alors le message l'avait surpris.

« Bonjour, Est-ce qu'il y a une possibilité d'avoir des largages ou pas ? »

Bien sûr, il avait le numéro de toute cette joyeuse ribambelle de pseudo-gangsters. Il envoyait la pose des chutes des caisses d'armes à celui qui le voulait, puis ils se démerdaient entre eux. Il n'avait aucun autre échange textuel avec eux autre que ces séries de chiffres. Là, il était cinq heures du matin et il était parti faire un peu de chasse dans les environs et ils en avaient qui désiraient bosser ? Soit. Il ne prit même pas la peine de répondre et se redirigea vers son poste.

Sous la pergola, il trouva le dernier venu de la Mano. Contre le mur, bras croisé et lunette de soleil, alors qu'il faisait encore nuit. Il n'avait rien à dire, il faisait la même chose. Le gars ne bougea pas quand il arriva, mais le salua tout de même. Marc ne répondit rien, se contentant d'attendre. Au bout de trente secondes, il claqua sa langue d'agacement et l'autre fini par comprendre. Il se décala avec une excuse et l'Envoyé du Cartel put reprendre Sa place dans Son coin.

Marc sortit sa tablette, se connecta sur le Dark Web et envoya une demande à leur fournisseur sur le continent. Une réponse positive arriva dans la seconde. Il fit un signe de tête à l'autre qui attendait, puis, après un remerciement, il partit en direction du garage. Il n'avait pas loupé le sourire d'excitation de l'autre, suivi du crissement des pneus de ce qu'il reconnut être une Comet Safari.

Quand il envoya la position de la caisse, il nota mentalement le nom du gars : Allan. Ça ne faisait qu'un timbré de plus dans ce gang de fous et ça le fit rire.

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Depuis, tous les matins vers cinq heures puis tous les soirs jusqu'à deux à trois heures, Marc était à son poste et envoyait des locations GPS à « la Machine » comme l'avait surnommé le reste des membres de la Mano. Il devait bien reconnaître que ça lui allait comme un gant. Le gars pouvait faire entre soixante et quatre-vingts caisses le matin et près de trente le soir, le tout en solitaire. Et il ne comptait pas en plus celles de la journée faites avec les autres.