19h.
20h26
21h44.
C'est marrant comment l'alcool fonctionne sur notre corps et notre cerveau.
J'enchaîne les verres depuis 19h au bar de cette boîte où j'ai fini. Avec des amis, que je ne trouve pas actuellement mais peu m'importe. Je me sens légère et joyeuse.
Je décide d'aller rejoindre la piste de danse après avoir bu mon énième verre et de me déhancher au rythme de la musique. Tout va pour le mieux.
Je laisse mon corps s'exprimer et ne fais pas gaffe aux autres. Je suis seule et dans ma bulle.Sauf quand je sens deux mains s'accrocher à ma taille et un grand corps se frotter au mien.
- Tu t'appelles comment ma jolie ? siffla le gars qui venait de se coller à moi, puant l'alcool.
Beurk. Je pris le temps pour le détailler et il était vraiment laid et si même bourrée je n'arrivais pas à l'apprécier visuellement c'est qu'il devait vraiment être laid. Je m'écartais de lui et m'avançait pour rejoindre la sortie la plus proche non sans lui avoir jeté un doigt d'honneur au passage.
J'avais besoin d'air. Et d'une clope.
Tout ce monde. La chaleur de la salle commençait à devenir insoutenable et ma tête se mit a tourner violemment signe que je venais d'atteindre mon taux d'alcoolémie maximum.
En me faufilant à travers la foule je vis Anna, une de mes amies, dansant très sensuellement avec un homme. Dès que ses yeux trouvaient les miens je lui lançais un clin d'œil et elle me tendit son pouce. Signe que sa soirée se passait très bien.
Je continuai de me faufiler et trouva rapidement une sortie de secours pour finir par m'y engouffrer.
Une fois dehors, je soupirais de soulagement. Le vent froid de la nuit fouetta mon visage et me remettais les idées en place.
Je fouillais mes poches pour chercher une cigarette et après 5 min à les avoir trifouillées de partout je me rendis compte que je les avais laissé dans ma veste. Veste qui se trouvais à l'étage, à l'intérieur de la boîte.- Et merde. T'es vraiment trop conne, soufflais-je à moi même.
Je sortis mon téléphone et à peine une seconde après l'avoir allumer il se reeteignit, j'avais été naïve d'avoir pensé que sortir avec 24% allait me suffire.
Je me tournais vers les portes et tambourinait vers celles ci, dans l'espoir que quelqu'un m'entende à l'intérieur mais c'était peine perdue. La soirée battait son plein et la musique m'explosait les tympans, même dehors.
Je soufflai.
Comment allais je faire pour rentrer ? Mes clefs de voiture était dans ma veste et mon téléphone à plat.
- J'aurais jamais du boire autant. Stupide. Stupide. Stupide.
Je m'assois sur le rebord du trottoir et décide de me morfondre.
- C'est dangereux ici. Toute seule qui plus est.
Je relève la tête vers la voix qui venait de me parler.
Un homme grand et brun était adossé sur le mur de la boîte de nuit, en train de fumer. Je ne distinguais pas bien son visage avec la pénombre et sûrement aussi l'alcool.
Il me toisait et même si l'apercevoir m'était difficile je sentais son regard perçant sur moi.
Il s'avança vers moi.
Il était vraiment grand, frôlant le mettre quatre-vingt-quinze. Ses cheveux, qui reflétaient le rouge du neon de l'entrée, retombaient légèrement devant ses yeux.
Il portait une chemise blanche sous laquelle une fine musculature se dessinaient. Et ses yeux, c'est ce qui me frappait. Des yeux sombres comme la nuit, qui cherche les miens.
Je n'ai pas ouvert la bouche une seule fois. Trop obnubilée par cette arrivée mystérieuse.
Était-il là depuis longtemps ? M'avait-il vu ? Entendu ?
Quand il arriva a mon niveau il se baissa et fouilla dans sa poche, il y sortit un paquet de cigarette et me le tendit.
- J'ai cru comprendre que tu en voulais ?
C'était moi qui le toisait désormais. Me demandant l'espace d'un instant si je ne ferais pas mieux de me rapprocher d'une foule ou d'un groupe de personne plutôt que de rester ici, dans ce coin sombre avec cet inconnu.
Mais mon addiction à la nicotine eut rapidement raison de moi.
Je pris une cigarette dans son paquet et il me tendit un briquet.
Je lui répondis avec un merci à peine inaudible.
Nous étions désormais tous les deux assis sur le rebord du trottoir. Personne ne pipait mot. Seul la brise glacial se laissait entendre.
C'est au bout d'une dizaine de minute que le brun brisa le silence.
- C'est dangereux ici tu sais.
Je tournai ma tête vers lui, le regardant avec incompréhension. C'est la deuxième fois qu'il me dit ça.
Je pris une nouvelle taffe de cette clope et haussais juste les épaules. C'est vrai que ce coin là de la ville n'était pas réputée pour être des plus accueillant
mais l'alcool n'est pas cher et l'ambiance était cool.- Tu peux tomber sur des malades qui te veulent du mal. C'est pas très prudent de rester là toute seule.
Il avait dit cette phrase sans me regarder. Juste en inhalant et expirant la fumée. Il cherchait à me faire peur ou quoi ?
- Et toi alors ? Tu comptes me faire du mal ? retorquais-je narquoisement
Il esquissa un rapide sourire, puis se tourna vers moi.
Il se pencha vers mon oreille et avec une certaine délicatesse fit glisser une mèche de cheveux derrière celle ci.
Puis après un temps qui parut bien plus long qu'il ne fut il me murmura une phrase.
- Ça, hermosa, ça dépendra de toi.