Un frisson me parcouru.
Il rigolait. Évidemment qu'il rigolait.
J'espère.
- Ne m'appelle pas Hermosa, soupirais-je en déviant mon regard sur la route.
Il rigolait tout en se détachant de ma personne. Un petit rire assez grave qui correspondait bien avec le personnage.
- Et comment devrais-je t'appeler dans ce cas ?
Je réfléchissais.
Je ne connaissait pas ce type pourquoi devrais-je lui donner des informations sur moi même tel que mon nom ?
Il est mignon quand même.
Non. Non. Non. C'est ma libido et l'alcool qui parle pour moi.
Je soupirais une nouvelle fois.
- Toi. C'est quoi ton nom ?
Il reprit un air plus sérieux.
- C'est moi qui pose les questions ici, Hermosa.
J'allais une nouvelle fois l'interpeller sur le fait de m'appeler hermosa mais me ravisa.
Il était en train de me draguer. Je pouvais le parier au vu de son regard qui plonge profondément dans le mien, déviant quelques fois vers mes lèvres ainsi que mon décolleté et de la manière dont il passait sa langue sur ses lèvres comme si j'allais être son prochain quatre heure.
Mais d'un côté j'avais l'impression d'être inférieur à lui, il dégageait une telle prestance qu'on se sentait facilement à l'étroit à côté de sa présence. Comme si son charisme prenait toute la place.
Je décide de rentrer dans son jeu ?
Je me rapproche de lui et lui susura à l'oreille.
- Mais qu'est-ce qui m'oblige à y répondre ?
Je vis une lueur passe dans son regard comme si ma réponse le satisfaisait.
- Tu es bien audacieuse pour une fille dans ton genre, chuchotait-il.
- Dans mon genre ? retorquais-je.
Il plongea son regard dans le mien, à nouveau.
- Ouais. Il prit une taffe de sa cigarette puis poursuivait, Innocente.
Quoi ?
Ma bouche s'ouvrît, sûrement de choque.
Moi ? Laisse moi rire. Je suis tout sauf innocente. Il ne me connaît pas.
- Je ne le suis pas, répondis-je, vexée.
Il rigolait. Encore.
Apparement j'étais plus drôle que ce que je ne pensais.
- Si. Tu l'es.
Il se foutait de ma gueule. Comment en même pas dix minutes d'échange il se permettait de me juger ? Pour en plus me dire que j'étais innocente. Qu'est-ce que ça voulait dire même ? Innocente.
- Non.
Son rire laissa place à un rictus mauvais et après quelques seconde, il alterna son regarde. De mes yeux à mes lèvres et il commençait à s'avancer.
Je paniquais. Qu'essayait il se faire ? Pas de m'embrasser j'espère sinon c'est mon poing qu'il goûtera.
Il se rapprochait et s'arrêta. Juste avant l'interdît. Une fine limite nous distançait et je pouvais sentir son souffle sur ma peau. Son haleine mélangeant menthe fraîche et tabac.
Un délicieux mélange si vous voulez mon avis.
Mon regard alternait également entre ses lèvres et ses yeux. J'étais comme obnubilée. Et au moment où mon corps faillit franchir cette limite il émit deux petits mots.
"Prouve le".
Quoi ?
Prouver quoi ? Que je n'étais pas innocente ? Qu'est-ce qu'il racontait ?
Mon souffle se coupa.
Je devais prendre une décision.
Mais quelle décision ? Je suis folle ?!
Je suis assise, sur un trottoir avec un inconnu, TOUTE SEULE. Devant une boîte à laquelle je n'ai plus accès et dans laquelle j'ai oublié mes affaires. Et tout ce dont je pense à l'instant c'est quel goût ont les lèvres de cet inconnu.
Je n'allais sûrement pas bien. Ce type là il m'avait l'air dangereux. Sa façon d'être invisible, de me déstabiliser et d'essayer se m'effrayer. Ce n'était pas quelqu'un de fréquentable je pouvais le parier.
Nous étions encore là à se regarder dans le blanc des yeux. Il ne tentait rien, attendant sûrement ma réaction, voir si je suis si innocente.
Je m'avançais. Assez pour que nos lèvres se frôlent mais pas assez pour partager un baiser. Une tension s'installa.
L'atmosphère est tendue et la fraîcheur de la nuit ne m'atteignait plus. Elle fut remplacée par la chaleur émanant de nos corps.
Je le sentais haletant. En éveil, comme près à bondir sur moi à la moindre ouverture.
Et au moment où je le sentais s'avancer.
La porte de secours de l'enseigne s'ouvrît.
Je m'écartais brusquement du type.
C'était Anna, ma copine, qui venait d'ouvrir la porte et un soupir de soulagement m'échappa.
- MAIS TU TE MOQUES DE MOI ?! ÇA FAIT 50 MIN QUE JE TE CHERCHE. TU FAISAIS QUOI ICI ? cria-t-elle rouge de colère.
Oh. C'est pas bon ça.
- Heu.. ba-bah j-
Je ne pus à peine répondre que son regard dévia vers l'autre et c'est limite si je ne vis pas de la fumée sortir de ses oreilles
- Eve. Tu te fous de ma gueule j'espère. Ne me dis pas que le temps que j'ai passé à t'appeler, te chercher et à m'inquiéter pour toi, tu étais avec lui.
Je crois qu'au final je préférais quand elle criait. Elle était désormais beaucoup trop calme et une Anna calme ce n'est jamais bon signe.
Je balbutiais quelques mots.
- On rentre. Maintenant. m'annonçai-t-elle.
Au moment où j'entrais dans la boîte à nouveau je me retournais et croisais Monsieur X souriant à Anna. Un mauvais rictus était scotché à son visage comme s'il cherchait à la narguer.
Je suis perdue. Se connaissaient-ils ?
- Toujours un plaisir Anna, il fit une pause puis se tourna vers moi, À la prochaine, Ève.
Il avait prononcer mon prénom très doucement comme pour me faire souligner qu'il connaissait désormais mon identité.
Je déglutis.
Je vis Anna lever les yeux au ciel tout en me tirant vers elle.
- Ouais c'est ça à jamais enfoiré, lui répondit-elle.
