Pourquoi j'ai peur.

Préface.

Samedi 25 Avril 2015.

Cela fait neuf mois que c'est arrivé. Sachant que j'ai passé le mois qui a suivit l'événement dans le souvenir, à pleurer ou à attendre ses messages, on peut considérer j'ai pris huit mois de recul avant d'enfin laisser revenir les souvenirs au rang de souvenir, et non plus à celui de menace. J'ai pris du recul, certes, mais c'est et ça restera toujours subjectif. N'importe qui ne l'aurait pas vécu comme moi. Pour certain(es) ça n'aurait été qu'une histoire banale, alors que d'autres auraient peut-être été porter plainte, quoique je ne sais pas si on peut porter plainte pour si peu.

Je tiens à garder l'anonymat, parce que oui, j'ai Honte. Honte parce que ça témoigne de ma faiblesse. Je n'ai pas su résister à ce qu'on peut appeller l'amour. Honte parce que ce n'est pas le genre de chose qu'on peut confier aux autres pour se libérer d'un peu du poids du secret. Honte parce que c'était mon premier amour. Quand je serai plus vieille et qu'on me demandera de raconter mon premier baiser, je serai obligée de raconter le deuxième, si il y en a un. Par Honte.

Je commence à vous ennuyer. Vous vous attendez à quelque chose de choquant, comme un viol par exemple. Quelque chose d'horrible.

En soi c'est un peu étrange, illégal aussi je crois, mais ça reste raisonnable.

On parle très peu de ce que c'est que le détournement de mineur, préférant justement laisser la place à des choses plus "populaires", comme le viol justement, ou l'inceste ou que sais-je.

Je ne sais pas si on peut dire que j'ai été victime de...ça. Je ne pourrai jamais dire la phrase entière. La Honte, encore et toujours. Il m'a fallu du temps pour admettre que c'était une erreur. Il m'en faudra encore plus pour que ses conséquences ne s'atténuent.

Voilà ce que j'avais à dire avant de commencer à vraiment raconter.