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Blanc.

C'était la couleur que Haki détestait.

Dans le royaume d'Orzu, le rang social des habitants est désigné selon la couleur des yeux de la personne.

Le jaune doré a toujours représenté la couleur des yeux de la famille royale, le rouge les personnes de rang élevé. Ces deux rangs habitent dans le palais. Le vert est pour les villageois lambdas, et pour finir, le blanc pour les personnes avec le rang le plus bas.

Malgré qu'ils vivent tous les deux dans le village à côté du palais, les personnes avec des yeux blancs sont traités beaucoup plus misérablement que les personnes aux yeux verts.

N'est-ce-pas un moyen absurde de départager les êtres vivants ?

Haki se regarda dans le miroir, observant son visage avec dégout. Ses yeux blancs, ses cheveux noirs qu'elle attache toujours, son grain de beauté sous son œil droit. Elle n'a jamais rien trouvé de beau sur son visage, mais ce n'était pas ça qui la dérangeait. Elle se retourna pour faire face à ses vêtements. Elle enfila une chemise blanche et un pantalon noir avant de prendre trois de ses livres dans son sac.

Elle se dirigea vers un endroit où elle va tous les jours. Il s'agit d'un café qui se situe entre le village et le palais.
Elle y passe la majorité de son temps à lire des livres sur l'espèce qui l'intrigue tant.

Les humains.

Les personnes habitant à Orzu, malgré leur apparence ainsi que leur mode de vie ressemblant aux humains, sont pourtant une espèce différente.
Vivant au-dessus des nuages, beaucoup d'entre eux ne savent pas du tout à quoi ils ressemblent. Cela cause énormément de méfiance et de rumeurs, une grande majorité des habitants d'Orzu déteste cette espèce inconnue pour eux.

Haki, elle, ne les déteste pas.
Elle ne les aime pas non plus.
Elle est plutôt fascinée par eux.

Elle s'assit à sa place habituelle et sorti un de ses bouquins qu'elle ouvrit délicatement. Il y avait beaucoup de petites notes sur les pages.

- « Qu'est-ce-que je te sers ? » Dit le serveur, habitué de voir la jeune fille.

Elle jeta un œil au menu, à côté de chaque boisson ou plat, il y avait le nom d'une couleur entre parenthèses. Elle regarda le mot "Café" et soupira. Le café, crée par les humains, est plutôt compliqué à avoir. Seules les personnes de rang élevé ont le droit d'en consommer.

- « Un thé Chingsauz » Répondit-elle

Ce thé, originaire d'Orzu, est bien son préféré. En plus d'être bon, la plante de Chingsauz est très facile à trouver dans le royaume. Cela est donc simple d'en faire chez soi, peu importe son rang social.

Le serveur déposa une tasse sur la table de la jeune fille et s'installa en face d'elle. Confuse, Haki leva les yeux pour rencontrer ceux de couleur rouge de l'homme assit devant elle.

Malgré qu'il pourrait ouvrir un café dans le palais, il a préféré demander à sa majesté d'en avoir un plus accessible à tous. Même si celui-ci a reçu de nombreux refus, la famille royale a fini par accepter.

- « Tu as entendu les nouvelles ? » Dit-il avec un léger sourire.

Elle hocha la tête négativement.

- « Le roi a décidé de faire une nouvelle expédition dans le monde des humains. »

Haki toussa après avoir avalé sa gorgée de thé.

- « Quoi ? Ils avaient pourtant dit qu'ils n'allaient plus le faire à cause de l'incident de la dernière fois... »

Une expédition consiste à envoyer par groupe de deux quelques personnes en dessous des nuages pour espionner le comportement des humains et en apprendre davantage sur eux. Étant donné que les yeux des habitants d'Orzu ne ressemblent en aucun cas à ceux d'un humain normal, ceux-ci ont inventé un produit permettant d'avoir les yeux d'une autre couleur.

Le seul inconvénient est que ce produit est temporaire et ne fonctionne que 15 heures par jour, il faut donc être prudent à ce que la vraie couleur ne soit pas révélée au grand jour.

- « Je sais, c'est complètement fou ! » Répondit-il.

Il s'approcha doucement.

- « Tu devrais négocier pour pouvoir y aller. » 

Elle fit de grands yeux, étonnée par ce que celui-ci venait de lui dire.

- « Ne sois pas naïf, tu sais bien que seuls les gens de rang supérieur et la famille royale ont le droit de participer à ces missions. » Dit-elle en prenant une autre gorgée de son thé, devenu un peu tiède.

- « Allez, tu devrais au moins essayer ! Je peux même t'aider à rentrer dans le palais si tu le souhaites. »

Haki regarda le sol, pensive.

Elle ferma son livre et fronça des sourcils.

- « Ils ne me laisseront même pas rentrer, et ça même si je suis accompagnée de quelqu'un comme toi. N'oublie pas que je fais partie du rang le plus bas, c'est à peine si j'ai assez d'argent pour survivre un mois. »

Il soupira et regarda la tasse vide de sa cliente.

- « Je t'en sers encore ? »

Elle se leva et mit ses livres dans son sac qu'elle fit passer sur son épaule.

- « Non merci, je préfère rentrer, j'ai du travail à faire dans ma maison. »

Elle tourna talons et marcha vers la porte.

- « N'oublie pas ma proposition, tu peux toujours venir me voir si tu es intéressée. »

La jeune fille le regarda et fit un sourire léger avant de sortir du café.

L'idée de pouvoir participer à cette mission était impossible pour elle. De plus, elle ne voulait pas avoir de problèmes avec la famille royale. Qui sait ce qu'ils pourraient faire si une personne comme elle mettait un pied dans le palais pour en plus de ça négocier avec eux ? Cela serait vu comme un acte honteux et irrespectueux. Tout ce qu'elle veut, c'est vivre une vie calme, sans problèmes.

Elle ouvra la porte de sa petite maison et déposa son sac à l'entrée. Elle aperçut son grand frère, Raku. Celui-ci a dix-neuf ans et malgré qu'il n'a que trois ans de plus que sa sœur, il paraît beaucoup plus vieux. Ou c'est plutôt Haki qui paraît trop jeune.

- « Je suis rentrée. »

Raku tourna la tête pour la regarder, mais ne la salua pas. Après tout, leur relation n'a pas toujours été la meilleure. Haki a constamment reprochée à son frère qu'il ne prenait pas assez soin de leur mère malade. Celle-ci a dû élever ses deux enfants, toute seule, et dans la pauvreté. Leur père les a abandonnés le jour où il a su la couleur de leurs yeux, il ne voulait pas assumer le jugement que la société aurait eu à son égard.

- « Oh, tu es de retour. » Se fit entendre à l'autre bout de la pièce.

C'était leur mère.

La jeune fille accourra vers elle et la tenue par ses épaules.

- « Maman, retourne te reposer. »

La mère posa sa main sur celle de sa fille.

- « Ne t'en fais pas, je dois préparer le dîner après tout. »

- « Je vais m'en occuper. » Répondit Haki.

Elle se dirigea vers la cuisine. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose que ce que le serveur lui a dit un peu plus tôt.

- « Que faire... »














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