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— Vous dansez ?

Le mot se suffirait presque à lui-même.

Sitôt les yeux clos, comme si le temps perdait de son sens et que l'informe se mouvait en ton âme tourmentée, comme si finalement le monde s'apprêtait à mourir dans tes paumes. Philosophie de vie, un bien grand mot pour un saltimbanque en proie à si violente folie.

Les autres ce sont les autres, puis il y a toi.

Le doute qui tremble et l'envie qui trépasse, font se heurter ton corps au vide suspendu dans l'instant. Les mots qui éclatent sur le bout de la langue, tu ne sais parler qu'avec ça. Le reste, n'est que le reste et habite le silence s'ensuivant tes mouvements.

Tandis que se taisent les autres, à la recherche de ce qui ne se dit pas.

Tel l'on capture l'espoir hésitant à la poursuite d'une fêlure dans l'insouciance des passants. Vivre, encore et toujours alors que tu erres, perdu face à l'indifférence de la foule. Unanimement inanimés, de ces théâtres désertés par l'intérêt où l'on jouait des boléros et s'arrosait d'un peu de distraction, maintenant qu'on ne s'accorde plus que quelques danses au beau milieu d'un refrain.

Battre le sol de tes pieds, et crever la houle de malheureuses pensées.

Honteux spectacle qui ne semble plus être que la hantise de sentiments chétifs avant que l'oubli ne s'épate de l'anarchie avec lequel ton corps accueille l'absence de mélodie.

Tu accordes au soleil qui tombe, de telles valses avec la musique et le coït des instruments s'entrechoquent dans un tango de gestes possédant à eux seuls, un orchestre de douloureux pleurs. La danse finit pourtant toujours par te contrôler (ô consoler), elle s'enroule à ta poitrine, fuyant la crainte pour oser la passion si démesurément appelée nôtre. 



𝐕𝐎𝐔𝐒 𝐃𝐀𝐍𝐒𝐄𝐙 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant