Égaré

La Forêt Blanche

Il faisait encore jour, mais les oiseaux ne chantaient plus et la forêt demeurait silencieuse.

Mes pattes étaient lourdes tout comme l'entièreté de mon corps, la fatigue commençait doucement à faire son chemin.
Cela devait faire maintenant plus de cinq jours que je marchais à travers les hauts arbres de la Forêt Blanche, connue pour son froid glacial mais aussi pour sa beauté hivernale.

Ici, pas de présence d'hommes, c'était un endroit sûr et seulement peuplé par ceux de mon espèce, les loups hybrides, je les nommais comme ça car je n'ai jamais su ce que nous étions.
J'ai été arraché à ma famille à un très jeune âge, je n'ai donc jamais appris à me connaître et surtout à comprendre ce que je suis.
Je suis une simple humaine, mais j'ai la faculté d'adopter une apparence plus animale, comme celle d'un loup. 

Cette capacité est arrivée lors de mon adolescence, une période où les hormones jouent un rôle essentiel à cette transformation selon moi.
Donc lorsque je subis certaines crises je laisse place au loup qui dors en moi, cela me permet de mieux gérer mes émotions, mais je peux aussi me transformer à ma guise.

Cela fait depuis maintenant plusieurs années que je vagabonde sans but, j'essaie juste de vivre et d'être oublié de la société active dans laquelle je vivais.

Plus d'attache, plus de famille.

Je continuais alors mon chemin dans cette majestueuse forêt, de la neige frotter contre mes pattes et le bas de mon ventre, pas facile de se tenir chaud ici, il va falloir que je trouve une grotte ou un endroit au sec pour me reposer. Pour l'instant je n'avais croisé aucun loup comme moi, ce qui n'était pas plus mal, mais j'ai toujours cherché à éviter le contact avec eux bien que je connaisse leur existence.

Soudain, un bruit sourd et puissant se fit entendre dans toute la forêt, le grondement d'un ours.

Mon sang ne fit qu'un seul tour, et mon cœur rata un battement, ces bêtes sont les pires pour les loups, surtout que je ne suis pas en position de combattre et de fuir.
Mais quitte à évité le bain de sang je préfère encore courir.
L'ombre se rapprocha rapidement de ma position ce qui me fit rapidement paniquer et je pris mes jambes à mon cou !
L'ours réagit au quart de tour et pour je ne sais quelle raison il se mit à ma poursuite, à savoir qu'un ours court drôlement vite, il va falloir que je sois plus maligne.

Slalomant entre les arbres je réussis à me frayer un chemin dans la forêt qui devenait de plus en plus sombre à cause du soleil qui se couchait.

La course était longue et je manquais cruellement d'endurance et de force pour continuer de courir, c'est alors que face à moi se trouva une cascade ainsi qu'une grande vallée en contrebas.
Faire trempette n'est pas un problème si ça peut me permettre d'échapper à cette bête dangereuse, je pris donc mon courage à deux mains et sautais de la cascade pour plonger dans l'eau.
La chute fut assez rude, assez pour me couper la respiration, mais l'eau n'étant pas très profonde, les risques de se noyer sont minimes.

Je réussis à remonter à la surface tout en nageant jusqu'à la plaine face à moi, l'ours ne m'avait bien évidemment pas suivi mais un autre problème se dressait devant moi, le froid.

Cette eau était glacée et je sens que si je ne trouve pas de grotte maintenant cela risque de devenir compliqué, je pris alors mes dernières forces et je courus au milieu de la plaine en cherchant désespérément une grotte ou un abri.

Après une quinzaine de minutes de recherche je trouvais enfin un tronc déraciné laissant une crevasse juste devant lui, je plongeais alors dans le petit trou et me mis en boule dans la terre en espérant me tenir chaud jusqu'au matin.