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Ianto n'en pouvait plus...Son regard azur venait de se poser pour la énième fois sur l'horloge qui habillait le manteau de la cheminée. Il lui semblait que les secondes duraient des heures et que ce moment qu'il attendait avec tant de ferveur depuis maintenant des semaines ne viendrait jamais. Jack, son Jack, avait enfin consenti à quitter la crypte qui lui servait de chambre pour venir passer les fêtes de fin d'années à l'abri de ses bras. Oui... à force de persuasion et de mots d'amour tendrement murmurés à l'aube du premier jour, il avait réussi le fabuleux exploit de convaincre ce dernier de se laisser aller à croire que son cœur meurtri pouvait encore aimer.


C'est une chanson simple que je te donne
Aussi facile qu'elle est tendre
Tu sais, ce sont parfois les mots très simples
Les plus difficiles à entendre...


Un vrombissement semblant surgir des entrailles même du vide interstellaire, vint alors brusquement l'extirper de sa douce rêverie. Il ne pouvait s'agir que du Docteur... son invité le plus prestigieux. Mais le plus inquiétant aussi... la véritable nature des relations qu'il entretenait avec son amant demeuraient un véritable mystère pour le commun des mortels et il devait bien admettre que cela l'angoissait au plus haut point. Pourtant, il devait prendre sur lui et montrer à ce Galiléen de malheur qu'il ne craignait pas la concurrence, tout aussi déloyale fût-elle. Après avoir jeté un dernier coup d'œil dans son miroir pour rajuster le nœud de sa cravate et avoir pris une profonde inspiration, il décida finalement d'aller à sa rencontre. Un peu d'air frais ne pourrait que l'aider à reprendre le contrôle de ses émotions...Le Tardis était sagement stationné à l'angle de son immeuble, dans un endroit peu fréquenté et son illustre propriétaire souriait aux anges en essayant d'attraper les quelques flocons qui commençaient à tomber.

Laisse-toi guider au bord des mots
Et regarde au bout de tes pas
Le gouffre profond où sont jetées
Toutes ses phrases qu'on ne dit pas...


Décidément, Gwen Cooper avait l'art et la manière de l'exaspérer. Cela faisait tout juste une dizaine de minutes que celle-ci avait franchi le seuil de son appartement, qu'il ne la supportait déjà plus... elle et Rhys... elle et son beau Capitaine... elle en train de pourchasser des Weevils... elle, elle, elle... aaaaaaah... .Pourquoi diable avait-il fallu qu'il invite cette femme aux allures d'Amazones à sa soirée !? Question sans intérêt. Pour marquer son territoire bien évidemment. Pour lui faire comprendre que Jack lui appartenait corps et âme... à lui et personne d'autre. Et tant pis, si cette réalité lui déplaisait. Cette fois-ci, ce fut au tour de la sonnette d'entrée de le sortir de sa désagréable méditation. Il était là. Son plus beau cadeau. Son souverain. Après avoir vérifié que ses convives ne manquaient de rien, il alla d'un pas pressé lui ouvrir la porte afin de lui dérober un langoureux baiser. Dont les élans passionnés le firent frissonner. Il eût été dommage qu'il change d'avis et qu'il prenne la fuite, alors qu'il touchait au but.

Tous nos silences je les pardonne
Laisse-moi les ramener à la vie
Par une chanson simple que je te donne
Toi qui fus mon meilleur ami...

Depuis que les années ont passé
Et l'avenir s'est embrumé
Regarde nous deux devenus victimes
D'être tombés entre les lignes...


A bout de souffle, ils durent se résoudre à se séparer. Les doigts entrelacés, ils ne parvenaient maintenant plus à se détacher l'un de l'autre. De ce fait, l'instant lui sembla on ne peut plus propice aux confidences, comme aux demandes. L'une de ses mains, vint donc se perdre dans la chevelure brune de Jack, tandis que l'autre se glissait dans la poche de son élégant pantalon noir pour en extraire un trousseau de clefs « Que fais tu Ianto ? » Ce sourire... il aurait donné n'importe quoi pour avoir le privilège de le contempler pour le restant de ses jours. Aussi, en cette belle nuit enneigée du 24 Décembre, ce fit-il la promesse muette de donner à leur liaison une toute nouvelle ampleur. Ras le bol des câlins bâclés entre deux courses poursuites et de se complaire dans son rôle de Coffee Boy dévoué. Non... il aspirait à autre chose « Est-ce que tu m'offres les clefs de ton cœur ? » Demanda le Capitaine d'un air amusé « Non Jack, juste les clefs de mon appartement » Répliqua t'il avec un brin de défit dans la voix « Et donc...Que suis-je sensé comprendre ? Que tu m'invites à venir te rendre visite plus souvent...» Un soupire de dépit s'échappa de ses lèvres grimaçantes. Son vis-à-vis faisait-il exprès de ne rien comprendre ? Non... il se fichait de lui... où pas. En cet instant décisif une étrange certitude vint s'imposer à lui. Qu'ils soient du 21ème où du 51ème siècle, les hommes étaient tous les mêmes...« Non Jack. Je t'invite juste à partager ma vie. Comme un vrai couple..»

Si chaque instant éveille le regret
Si on ne se revoyait jamais
Quand tu penseras à celui que tu aimais
Souviens toi que je vis en toi
Souviens toi que je lis en toi....


Un mois plus tard, Jack emménageait chez lui. L'angoisse de dire adieu à ses habitudes de vieux garçons avait rapidement cédé sa place au bonheur de prendre un nouveau départ...1 an après... un mariage... un bébé...


C'est juste une chanson simple, sur un air d'éternité.


On christmas dayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant