1 - MOI

63 6 0
                                    

Lorsqu'elle m'effleura du regard, je sentis un doux frisson parcourir ma peau.

Ses yeux rouge sang me fixaient, comme essayant de lire dans mon âme. Elle me tenait par les poignets, si fermement que je ne pouvais esquisser le moindre mouvement. Sa respiration était saccadée, haletante. Elle passa longuement sa langue sur ses lèvres, avant de prononcer ces quelques mots :

« - Qu'est-ce que je vais faire de toi, maintenant ?

Je sentis une goutte de sueur couler le long de mon dos, et je ressentais de plus en plus le besoin d'être encore plus près d'elle.

Ses longs cheveux noirs descendaient jusqu'à ses hanches, et parfois, le vent les emmenait vers mon corps. Et j'aimais cette sensation. J'étais comme inerte, j'avais du mal à articuler. L'attirance que je ressentais pour elle était réelle.

-Fais de moi ce que tu veux. Je m'en fiche.

Et c'était vrai. Mon cœur se mit à battre de plus belle lorsqu'elle esquissa un léger sourire.

-Ce que je veux ?

Mes yeux se posèrent sur son visage. J'avais tellement envie de...

Je sentis un éclair froid me geler la peau. Mes cheveux relevés me tombaient dans les yeux, et je laissai pousser un léger cri de stupeur.

Un couteau.

Elle tenait l'arme de sa main droite tandis que sa main gauche maintenait mes deux poignets en l'air, visiblement sans le moindre effort.

Je sentis mes yeux s'écarquiller, puis je forçai un sourire à apparaître sur mon visage.

-Un couteau, vraiment ?

Elle répondit immédiatement.

-Tu t'y attendais ?

Elle fit glisser la lame le long de ma cuisse, remontant lentement. Ma robe déchirée laissait l'espace parfait pour le couteau. Je sentis mes poils se hérisser. Je déglutis péniblement.

Je renversai ma tête vers le haut, et m'empêchai de laisser échapper un soupir. Elle contrôlait chaque partie de mon corps, sans exception.

-Non. Mais venant de toi... ça ne m'étonne pas tellement.

Elle rit. J'aimais tant ce son cristallin...

-Oh...intéressant.

Sa voix de velours m'adoucit les oreilles. Je ne faisais attention à rien d'autre.

La lame était maintenant au niveau de mes hanches, et je sentais la pointe de l'arme exercer des petits cercles sur ma peau, lentement ; elle savait ce qu'elle faisait.

La bouche entrouverte, je rabaissais mon visage à son niveau. Elle était plus grande que moi, donc elle me regardait de haut, les yeux baissés. Je levai les yeux vers elle. Elle ne dit rien.

Lorsque le couteau arriva à ma poitrine, elle se pencha vers moi.

Je sentis l'odeur de vodka et de menthe qui subtilisaient son souffle. Ses cheveux rebelles effleuraient mes joues. J'allais perdre le contrôle.

Sa langue titilla mes lèvres, et je ressentis son haleine chaude sur mon visage. Elle maintint le couteau un peu plus fort contre ma peau. Je sentais qu'il commençait à percer ma peau petit à petit, mais je ne sentais aucune douleur. Je ne voulais que ses lèvres.

Quelques gouttes de mon sang s'écrasèrent sur le sol.

Elle descendit la main qui me maintenait le long de mes bras. Je les gardais en l'air, pour qu'elle ait un plein accès à ma peau. Je voulais tout ressentir.

Lorsque ses lèvres rencontrèrent les miennes, je sentis mon cœur exploser. J'attrapai son visage dans un mouvement rapide, et vint à l'encontre de son baiser. Je l'embrassai avec passion. Mes doigts couraient dans ses cheveux, et je la sentis appuyer le couteau un peu plus fort encore.

Je fronçai légèrement les sourcils, commençant à sentir un peu plus la pression de la lame sur mon corps. Cependant, cela n'allait pas réussir à me distraire.

J'écartai son visage du mien quelques secondes, pour reprendre mon souffle ; ses yeux étaient plus rouges que jamais, et je n'avais jamais vu ses pupilles aussi dilatées. Je la regardai droit dans les yeux, mon regard ancré dans le sien, attendant qu'elle dise peut-être quelque chose.

Mais elle n'en fit rien.

Elle posa sa main sur ma gorge. Je déglutis encore, un peu plus fort. Un éclair noir traversa ses yeux.

De la musique retentissait au loin. On aurait dit que nous étions éloignées de toute population. Je n'avais pas l'impression que nous étions sur Terre, à vrai dire.

Elle resserra sa main, légèrement plus fort. Elle ne savait pas ce à quoi je pensais. Impossible.

Elle se pencha de nouveau vers moi. Mon sang ne fit qu'un tour.

Puis je sentis le couteau traverser mon corps.

Je restai là, debout, perplexe.

L'arme était en moi, et je la sentais transpercer mes organes.

Elle se tenait là, devant moi, sans ciller.

Et ma dernière pensée fut pour elle. 

My womanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant