Troisième section

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"1789 N°139"

Je vois un peu Max comme ce héros qui n'a pas froid aux yeux et sur qui on peut compter.
Moi, je ne suis pas du tout comme lui.
Il est curieux, spontané et courageux.
C'est comme ça que je le vois, comme le héros principal d'un shonen ou d'un roman.
Nous sommes dans les rues étroites de Saint-Malo, à l'intérieur des grands remparts qui se dressent tout autour de cette mini-ville. En empruntant des escaliers, nous avons réussi à grimper tout en haut, sur les fameux remparts. La vue y est magnifique du côté du port, on peut voir directement des gros bateaux de pêche en train de stationner ou de partir. Il y a même quelques petits bateaux qui appartiennent sûrement à des particuliers et je me dis que tout le monde ne peut pas se payer des petits yacht ainsi qu'une place de parking sur l'eau.
Le vent souffle, parce que nous sommes en hauteur et surtout en Bretagne. Moi, j'y suis habitué, mais Max s'emmitoufle dans le ciré rouge que je lui ai prêté, capuche sur la tête. Il ne pleut pas, c'est juste que ses cheveux n'arrêtent pas de s'envoler et d'aller dans ses yeux. Les mouettes nous tournent autour parce que nous avons eu la bonne idée de nous acheter une gaufre en bas.

_ Ces bestioles sont coriaces, elles veulent à tout prix piquer notre nourriture. Barrez-vous !

Max fait des grands signes de bras dans les airs pour les chasser, faisant doucement rire les quelques passants.
Finalement, l'une d'elle réussit à lui chaparder sa gaufre, qui tombe ensuite au sol, dans le sable. La mine désespérée de Max me fait m'esclaffer et pour compenser, je lui donne le reste de la mienne.

Nous continuons d'explorer les deux kilomètres de remparts, il y a toujours plusieurs posts intéressants où se poser pour regarder devant nous. Même en étant un piètre guide, j'explique de temps à autre à Max ce que je sais ; je lui montre l'île du Grand Bé, avec juste derrière le petit fort de Bé. Je n'y suis jamais allé, mais il paraît que c'est super joli là-haut.
Max et moi on passe une bonne heure autour des remparts, on s'amuse à monter sur les canons de fer qui sont dirigés vers la mer et qui datent de 1778. Je le sais, parce que mon ami s'est amusé à faire des recherches sur cette ancienne ville médiévale. C'est impressionnant de voir toutes ces pièces d'artilleries et de se dire qu'autrefois, il y avait eu la guerre.

Et puis, par hasard, dans un trou d'un canon, je tombe sur un papier plié, scotché contre le fer. Curieusement, Max se penche derrière moi lorsque je le déplie, les sourcils froncés.
Il n'y a rien d'autre que ces chiffres ;

_ "1789 N°139" Qu'est-ce que ça veut dire ?

Me demande mon ami à la chevelure flamboyante. Je hausse les épaules, sans trop savoir. Pourquoi quelqu'un a-t-il glissé cela dans un des canons ?

_ Tu crois que ça ressemble à une énigme ?

_ Peut-être, j'en sais rien, c'est bizarre. 1789, c'est la date de la prise de la Bastille. Mais ce numéro, c'est quoi ?

Avec Max, on se regarde sans trop comprendre et pourtant, je sais qu'il pense à la même chose que moi ; nous avons envie d'en découvrir plus. Je suis même surpris de moi, ce n'est pas mon genre de vouloir m'impliquer dans des choses qui risquent de me mener à rien. Mais, je me dis que ça pourrait être drôle et que ça va me sortir une nouvelle fois de ma zone de confort. Et puis, je ne suis pas tout seul. Il est là lui aussi.
Le vent souffle, faisant chiffonner le morceau de papier blanc que j'avais entre les mains.
Max s'est emparé de son téléphone pour taper ce qu'il y avait d'écrit dessus sur Internet, mais je ne pense pas que la réponse soit là-dessus. Ça parle de la prise de la Bastille, de la révolution française, des Etats-Généraux. En fait, c'est ce numéro 139 qui nous embête.
Je commence alors à me dire qu'il n'y a rien, que c'est juste une perte de temps, mais mon ami finit par s'exclamer en pointant du doigt le dessus du canon juste à nos côtés.

Rouge flamboyantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant