Deuxième section

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"Les remparts de Saint-Malo"

_ Je vais lui dire que je ne peux pas, que j'ai un imprévu, que le chat a disparu.

_ Ouais et tu veux pas raconter aussi que tu t'es fait recruter par les Avengers et que du coup tu dois aller en mission ?

_ Alors ça, c'est une très bonne idée Ju'.

Je reçois une claque derrière le crâne de la part de ma sœur qui souffle.
Nous sommes mardi et je n'ai pas arrêté de stresser les autres jours. J'ai les mains moites et le cœur qui bat à cent à l'heure tandis que nous sommes dans la voiture. Mon père conduit en direction de la gare en écoutant sa radio, les yeux rivés sur la route.
Moi, je suis là en train de me faire des tonnes de scénarios, mais Juliette est à mes côtés, me tendant un de ses écouteurs. Le trajet passe relativement vite, beaucoup trop vite à mon goût. Apparemment, le train de Max arrive dans dix minutes.

Je suis tout de même un poil rassuré, car je ne suis pas seul, ma petite sœur se tient à mes côtés dans la gare. Son train ne va pas tarder.
J'en profite pour remettre correctement ma casquette sur la tête. J'espère ne pas faire tâche avec mon gros sweat gris et mon jean qui tombe presque à mes pieds.
Un wagon rouge arrive en faisant un bruit pas possible et plusieurs personnes commencent à en descendre. Il y a des gens pressés qui courent déjà, sûrement pour en attraper un deuxième, d'autres qui semblent perdu et qui cherchent des proches. Il y a même un vieux monsieur qui vient de faire tomber son sac par terre, aidé par un autre garçon qui s'est précipité pour l'aider à tout ramasser.
En réalité, cela ne m'étonne pas du tout de voir qu'il s'agit de Max. Son sourire est aussi grand que sur ses photos et ses cheveux rouges flamboyants ne passent pas inaperçus. On dirait qu'il sort tout droit d'un jeux vidéo ou d'un comics et ma sœur le traite de canon.
Oui, lui et moi, nous ne jouons pas dans la même cour.

_ Noah !

Je sors rapidement de mes pensées lorsque ce dernier se précipite sur moi, son sac parsemé de pin's sur le dos. Il me fait des grands gestes au loin et à mesure qu'il se rapproche de moi, je sens mon cœur s'emballer à cause du stress.
Quelques instants plus tard, il me tire contre lui pour m'offrir un câlin vraiment pas très doux.
J'en reste bouche bée pendant que Juliette est en train de se marrer à nos côtés. Il finit par me lâcher pour la saluer dans une accolade, elle aussi étouffée par ses grands bras.
Comment peut-il être si à l'aise pour une première rencontre ?

_ Salut la famille, vous allez bien ? Depuis le temps qu'on se parle, c'est cool d'enfin se rencontrer.

Il dit "on" parce que Juliette avait tendance à piquer mon téléphone pour lui envoyer des vocaux afin de plaisanter. Puisque je lui dis tout, c'est normal qu'elle connaisse son existence depuis un moment...

_ Noah était stressé à l'idée de te rencontrer, mais maintenant que tu es là, c'est cool.

Je donne un coup de coude à ma sœur en lui lançant un mauvais regard, cette dernière me murmurant un "quoi?", comme si elle ne savait pas de quoi j'étais en train de l'accuser.
Elle n'était pas obligée de lui dire que je me sentais anxieux à l'idée de le voir. Enfin, de toute manière, Max devait bien s'en douter. Après tout, je lui avais expliqué à lui aussi comment j'étais.
D'ailleurs, il me donne une tape amicale dans le dos, un grand sourire aux lèvres.

_ Tu vas voir, ça va être cool ces quatre prochains jours ensemble.

Dans la voiture, mon père fait connaissance avec Max qui est monté à l'arrière avec moi. Je crois qu'il est content qu'un ami à moi vienne passer quelques jours à la maison. J'ai l'impression d'avoir cinq ans et qu'il s'émerveille pour mon premier copain. De mon côté, je me sens rassuré de voir que mon ami s'entend bien avec ma famille, et moi.
Max n'arrête pas de me faire des blagues, de me parler d'histoires qu'il adore.
Je ne me sens pas gêné à ses côtés, il a ce don pour savoir mettre à l'aise les personnes qui l'entourent.
Je me suis inquiété pour rien, rien n'est bizarre entre nous.

Ses grands yeux verts observent la décoration de ma chambre, parsemée de plusieurs posters de jeux vidéos ou de films. Il commente chacun d'entre eux, pour me dire des futilités ou pour s'exprimer sur le fait que lui aussi adore Uma Thurman, alias Mia Wallace dans Pulp Fiction. Nous avons les mêmes goûts et je crois que c'est pour ça que le courant passe bien entre nous depuis notre première discussion.
J'ai installé un matelas pour lui, juste à côté de mon lit et Max s'installe dessus en étendant ses bras.

_ On fait quoi aujourd'hui ? Tu me fais visiter la ville ?

_ Je pensais qu'on allait jouer.

_ On peut, mais j'aimerai quand même visiter par où tu vis. Il paraît que c'est très joli à Saint-Malo. Je veux voir cette petite ville dans les remparts.

_ C'est que... Je n'y mets presque jamais les pieds moi tu sais. Je préfère les extérieurs.

Mon ami à la chevelure flamboyante me regarde avec des sourcils froncés tandis que moi je passe une main dans ma nuque pour la frotter, gêné. Il doit sûrement me prendre pour un idiot parce que j'habite à vingt-minutes à pied de là-haut.

_ Il y a des beaux endroits chez toi et tu n'y fourres même pas le nez. Moi j'habite en campagne, dans un trou paumé. Je serai heureux d'avoir la mer juste à côté de chez moi et tous ces endroits touristiques. On va devoir remédier à ça, No'.

Je sais dans quoi veut m'embarquer Max et je soupire en me laissant tomber sur mon lit.

_ Je vais être un piètre guide touristique...

_ Tu te souviens, dans tes messages, quand tu me disais vouloir changer ta manière d'être?

_ Mh, répondis-je en haussant nonchalamment mes épaules.

_ Alors, c'est le moment.

Rouge flamboyantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant