« Debout Simon ! »
Cette douce voix, il l'eut reconnu entre mille, il ouvrit subitement les yeux et la vit posée là, debout devant lui, aussi belle qu'au premier jour où il l'avait rencontrée assise sur ce banc, dans le parc où ils s'étaient revus tant de fois et où son cœur pour la première fois s'était ouvert au plaisir de l'amour.
« C'est ton premier jour en fac de médecine, dépêche-toi, tu vas être en retard ». C'était vrai, le réveil indiquait maintenant 9h30, et il allait être en retard pour son premier jour, Il secoua la tête comme pour sortir d'un rêve, laissa cependant ce souvenir encore quelques secondes dans un coin de sa tête avant de se lever tout à fait. Puis il sortit de son lit, l'embrassa lorsqu'il passa à coté d'elle et se dirigea vers la salle de bain pour se préparer.
« On part dans dix minutes » lui cria sa mère du bas de l'escalier.
Ce premier jour il le redoutait, au fond de lui, il avait peur de ne pas réussir, mais un simple regard vers cette fille qui se tenait à ses cotés lui fit envoler tous ses doutes.
« Ne te tracasse pas, tout va bien se passer. Tu es fait pour être médecin, c'est dans tes gènes » lui dit-elle calmement pour l'apaiser.
« tu as raison. Répondit-il en rigolant. »
Et puis, plus songeur, il ajouta : « j'espère que je trouverai un remède à ta maladie quand je serai devenu médecin ». Alors avec la tendresse la plus douce du monde, il lui prit la main et l'embrassa. Ensemble ils descendirent l'escalier.
« Prêt mon chéri ? » L'accueillit sa mère avec un grand sourire. Elle était tendue, ça se sentait, son tout petit garçon allait enfin jouer dans la cour des grands. Elle se rappelait le jour ou il lui avait annoncé qu'il voudrait devenir médecin, comme elle, pour sauver des vies, pour sauver sa vie. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux, alors chassant rapidement ce souvenir, elle ajouta d'un ton empli de bienveillance et pourtant parsemé de tristesse : « Sarah aurait été tellement fière de toi mon chéri. ». À ces paroles Simon se tourna et posa son regard sur celle qu'il aimait tant, voyant un sourire se dessiner sur ses lèvres à elle aussi, il se dirigea vers sa mère et lui dit : « elle l'est, Sarah est fière de moi maman ».
Le chemin jusqu'au campus de l'université fut long, Simon discuta tout du long avec sa tendre et bien aimé, sous les regards parfois inquiets que lançait sa mère dans le rétroviseur. Sarah arrivait à le calmer, à le faire sourire et rigoler dans ces moments d'attente et d'appréhension. Ce calme qu'elle lui procurait contrastait parfaitement avec la tempête qui se déchaînait à l'intérieur de sa mère. N'y tenant plus, elle lui demanda :
« Chéri et si on faisait un petit détour avant d'aller à l'université ? » Simon hocha bien évidemment la tête en signe d'approbation. Quelques kilomètres plus loin, la voiture s'arrêta au bord d'un petit chemin. Dans le silence le plus total, ils avancèrent tous les deux, Simon suivant sa mère dans ce nouveau chemin qu'il ne reconnaissait qu'à peine. Il contempla les arbres et les feuilles de multiples couleurs virevoltant comme les danseurs d'un ballet, annonçant l'automne. Il regarda avec soin les différents oiseaux ramasser de petits branchages pour construire leur nid. Il observa si bien le paysage qu'il ne remarqua où il se trouvait que lorsqu'il baissa les yeux pour se retrouver face à face avec une pierre d'une taille imposante qu'il reconnut tant bien que mal, enfouit dans un passé qu'il semblait se cacher à lui-même.
Sur cette pierre, semblable à toutes les autres qui se trouvaient là et pourtant si singulière à ses yeux, il y lit : « Sarah Devis 1998-2022 ». Alors il comprit, et les souvenirs qu'il avait tenté d'oublier revinrent à lui telle une tornade, sentant son monde s'effondrer une nouvelle fois, il ne put s'empêcher de pleurer à chaudes larmes, comme elle lorsqu'il l'avait rencontrée. Il regarda à sa gauche, là où Sarah était quelques secondes plus tôt, espérant la retrouver pour qu'elle le réconforte à nouveau. Elle avait disparu, tel un souvenir s'effaçant au fil des années. Elle s'était envolée comme libérée de cette nouvelle réalité. Il ne la reverrait plus, c'était fini.
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Battre à tout rompre
Romance" Comment vas-tu Sarah ? Lui demande sa psychologue, assise dans son gros fauteuil en cuire. -Mieux depuis la dernière fois. Mentit la jeune fille". Car non elle n'allait pas mieux et jamais elle n'irait mieux. La vérité, c'est que depuis qu'elle a...