Prologue

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Dans ce chapitre : 

TW: agression sexuelle 

Je soufflai en regardant à travers l'une des fenêtres du château de Linhord. Au loin, se dessinait une grande étendue verte qui me rappelait d'où je venais. Les forêts sacré des Amazones. Il y avait des instants comme celui-là, où je me demandais ce qui se serait passé si je n'avais pas été enlevé et condamné à servir ici en tant que domestique. Ma vie aura-t-elle été différente ? Une main sur ma taille me tira de mes pensées. Je me retournai et tomba nez à nez avec le prince Octave. Je vérifiai que nous étions bien seuls dans le couloir avant d'enrouler mes bras autour de son cou. Ce jeune homme avait été l'une des raisons pour laquelle j'avais tenu onze ans ici. Dès les premiers instants de ma captivité, il s'était montré tendre, gentil, attentionné. Grâce à lui, je ne passais plus mes journées enfermé dans un cachot. Grâce à lui, j'avais un semblant de liberté. Il me souria avant de déposer un baiser furtif sur ma joue avant de se diriger vers ses appartements. Nos rencontres en public était toujours courte et furtif, en effet nous ne devions pas nous faire prendre. A peine, m'avait-il tourné le dos, qu'un mauvais pressentiment m'envahit, comme si quelques choses de grave allait se passer. Je balayais cette pensée d'un revers de main, et me dirigeais vers les cuisines. La gouvernante m'attendait. 
La veille femme me demanda d'aller récupérer des provisions dans un coin peu recommandable de la ville. Le soleil déclinait dans le ciel, je demandai alors si l'on pouvait m'accompagner et je ne reçus que pour simple réponse, un regard dédaigneux. Message passé. Cependant, je demandai quand même à quelques chevaliers qui passaient par là de bien vouloir m'escorter, aucun n'accepta ma requête. Quand je sortis du château, un panier à la main, ce fût seule. 

La nuit tomba plus rapidement que prévu, les rues étaient désertes et chaque sons étaient amplifiés. Je tentais de passer inaperçus. Lorsque j'arrivais enfin, le gérant était en train de fermer boutique, je me précipitais alors vers lui, lui demandant de me donner ce que j'étais venues chercher. Après m'avoir inspectée de haut en bas, il refusa. J'insistai, je ne pouvais pas me permettre de rentrer les mains vides !  Il céda mais à une condition: que je passe la nuit avec lui. Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres, mes poils s'hérissèrent et la voix dans ma tête, me criait " Danger, Danger". Pour une fois, je décidai de l'écouter, je m'inclinai respectueusement en refusant sa requête, lui tournai le dos puis m'éloignai le plus vite possible.  Je sentais que l'on me suivait mais choisis de ne pas me retourner. Je n'étais plus qu'à une trentaine de mètre, du centre-ville, lorsqu'il me rattrapa. Sa main se referma sur mes bras et il me projeta contre un mur, me sonnant légèrement. Je tentais de me relever mais il s'approcha un sourire obscène collé sur son visage. Je réprimai un frisson de terreur. Il m'empoigna par les cheveux et me tira de force jusqu'à sa boutique. Je tentais de résister, en vain. Une fois à l'intérieur, il me poussa violemment contre une table. Ma tête heurta un coin. Je perdis conscience tandis qu'il m'ôtait ma cape. J'étais paralysée, incapable de bouger, de parler, de crier, j'étais comme détachée de mon corps. Chacun de ses gestes, de ses mouvements mon corps les ressentaient, chacun de ses gestes étaient des lames aiguisées qui me déchiquetaient. Je n'arrivais  plus à lutter. Je ne sais pas comment, mais je réussis à rentrer à l'aube au château. Mon corps était douloureux, à certains endroit en sang, mes vêtements dans un état pitoyable. Je me traînai jusqu'à mes dortoirs et tombai sur ma meilleure amie Lyos, je lui racontai tout. je n'arrivais pas à pleurer, ni à y croire. Elle m'emmena voir le médecin, je m'effondrai dans son cabinet. Je repris conscience dans l'un des lits dédiés au malade, me tournant le dos, Octave avait l'air songeur. Je l'appela d'une voix faible, il se tourna vers moi, m'observa de haut en bas une mou de dégoût sur le visage. Lyos inquiète, lui avait tout raconté. Je pensais qu'il allait me soutenir au lieu de quoi, il commença à exprimer du dégoût, à me rejeter. Les derniers fragments de mon coeur, se brisèrent.  Désespérée, je le suppliai de ne pas me laisser seule, que j'étais désolée, que je ferais tout, en vain. Pour seule réponse, il me demanda d'oublier tout ce que nous avions vécu jusqu'à présent, de l'oublier. Peu à après cet incident, le comportement de mes pairs commença à changer, les sourires se transformèrent en rire moqueur, les rires en messe basse, les compliments en insultes. J'étais méprisée de partout, traiter de tous les noms. Même Lyos passait moins de temps avec moi. Je tenais bon, mais chaque jour je sombrai de plus en plus. 

Octave avait une nouvelle préférée: Jenna St-Etienne. Elle était belle, intelligente et ne m'appréciais pas. Pour elle, j'étais la décadence, et je méritais d'être puni pour ce qui m'était arrivé, surtout que je n'étais, heureusement, pas mariée. Elle ne cessait de me le rappeler. Un soir, ce fut la remarque de trop. J'avais atteint mes limites, plus tôt dans la journée un chevalier avait tenté de me toucher ce qui m'avais mis dans un état viscéral. Ce soir-là, j'ai laissé  libre cours à mes démons intérieurs et je versai le contenu de ma carafe sur la tête de Jenna. Elle laissa échapper un cri de stupeur avant de se retourner vers moi, je ne lui laissai pas le temps de parler que je lui asséna une gifle. Un sourire sadique illumina mon visage et je sentis au fond de moi, crépiter une énergie étrange. Une satisfaction que je ne me connaissais pas.

Le jugement qui a suivi fut douloureux, interminable et injuste. Il dura deux semaines, semaines où je cohabitais avec les rats et le strict minimum dans une petite cellule. Ma condamnation était à mon goût disproportionné. Pour la durée d'un an au moins, j'étais déchu de mes droits d'appartenance au royaume et je ne pouvais y poser un pied. Avant cela, je devais être châtié physiquement. On m'emmena dans la forêt qui bordait les frontières du royaume, les soldats me torturent physiquement, psychologiquement et sexuellement pendant des jours qui ont semblaient durer une éternité. La coquille vide que j'étais devenue, fut ensuite abandonnée en plein territoire inconnu.

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