Chapitre 3

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TW: Agression sexuelle 

La salle de banquet était immense et Jade m'avait installé en bout de table. A ma droite, se trouvait Jason l'aîné, il était grand et  le teint légèrement halé. Ses boucles blondes et sa barbe accentuaient son regard d'un bleu glaciale. A ces côtés se trouvaient sa femme, grande, blonde mais son regard était chaleureux. Il allait bien ensemble. Assis à ma gauche, face à Jason, Hyppolyte, ses cheveux ébènes étaient retenus dans un chignon d'où s'échappait quelques boucles, il avait le teint halé et des yeux onyx profond. De là où j'étais, je ressentais son pouvoir presque écrasant. Je me concentrai sur ma respiration. À la gauche de Hyppolyte se trouvait Esteban, le préféré de leur père. Son teint était laiteux, ses yeux émeraudes d'une curiosité malsaine et ses boucles rousses qui lui tombaient sur le visage. La place face à moi était vide, le roi n'était pas encore là. 

- Il ne viendra pas, dit soudainement Esteban comme s'il avait lu dans mes pensées. 
Je me retourna vers lui, son regard pétillait. 
- Le roi ne viendra pas, il est malade
Je souris faible et acquiesça.
J'étais à la fois rassurée et triste. J'appréciais énormément le roi, il s'était toujours montré gentil et affectueux envers moi. Pour lui, je n'étais pas une vulgaire amazone mais une petite fille. Je n'aurais pas voulu qu'il me voit ainsi, dans un tel état. Au final, ce n'était pas si mal qu'il ne soit pas là. Le repas fut servis. 
Des milliers de questions s'entrechoquèrent dans mon esprit mais aucune ne franchit mes lèvres. Un long silence suivit où les domestiques apportèrent plusieurs plats. Je n'avais pas faim.
- Mes soldats t'ont trouvé dans la forêt alors que nous chassions, commença Hyppolyte sans me regarder, tu étais dans un mauvais état. Tu avançais en titubant malgré tes blessures. Tu avais le regard vide, c'était comme si tu étais morte. Ils t'ont trouvé avant moi, et t'ont prise pour un espion. Ils t'ont encerclé. Tu t'es mise à genoux et tu les as supplié de te tuer. Ils allaient le faire et c'est à ce moment là que je suis arrivée, je t'ai reconnu et je t'ai amené ici. 
J'avais oublié son franc parler. Je déglutis. Je ne me souvenais pas de ça. 
- Vous auriez dû les laisser m'achever, soufflais-je 
- Je suis curieuse, que vous a-t-il arrivé ? demanda la femme de Jason
Je lui souris et pris une profonde inspiration. Je ne savais pas si je devais tout leur raconter. Mais les nouvelles vont vite, surtout les ragots. Je réfléchis un instant et décida qu'il était préférable de le dire moi-même. Dans les rues, il courait qu'à Aceta on était plus ouvert d'esprit, j'espère que c'est le cas. Je racontai alors dans les grosses lignes mon périples, enfonçant mes ongles dans ma paume pour m'empêcher de pleurer. Mon récit terminé personne n'émit un mot. 
- Je suis désolée, commença Camille avec pitié

Mes poils s'hérissèrent. Je n'aimais pas son ton mais je me tus.

- Merci pour votre hospitalité, je ne vais pas vous déranger longtemps, répondis-je

- Tu es notre invitée Ectoir, répondit-elle

- Je ne veux pas abuser, ni créer de problème, répliquais-je

- Où iras-tu alors ? Tu as été rejeté de ta terre natale, dis Camille en insistant sur le mot rejeter

Je ne répondis pas. L'attention que Camille me portait me mettait étrangement mal à l'aise. 

- Tu vas rester ici jusqu'à que le roi se sentent mieux puis nous verrons avec lui, trancha Hyppolyte

Une vague de pouvoir me traversa alors. Même si je le souhaitais, je ne pouvais pas le contredire. Enfin si je tenais un minimum à ma vie et c'était à présent le cas. J'étais animée par une soif de vengeance.

Le diner prit fin sans plus d'encombres. Le soir suivant j'étais conviée de nouveau à dîner avec eux.

- D'ailleurs, nous partons une semaine dans le sud, nous te laissons entre les mains de Jade, me dit Esteban

- Oh d'accord. Bon voyage, répondis-je

Ils partirent effectivement le lendemain. 

Je demandai alors à Jade de me faire visiter la ville. La journée nous nous baladions dans la cité et le soir, elle me faisait couler un bon bain. Je lui proposait toujours de prendre son bain dans ma chambre, et je partageai la nourriture. Je n'étais pas une noble et j'appréciais Jade. Je me voyais en elle d'une certaine façon. Le dernier soir, la jeune femme ne vint pas dans ma chambre comme à son habitude. Je questionnai la gouvernante qui cherchait également  Jade. Je commençais à devenir anxieuse. J'attendis alors quelques heures avant de me faufiler hors de mon lit et de m'aventurer en dehors du château. J'expliquai la situation aux gardes qui trop fatigués me laissèrent passer, en guise de remerciement je leur offrirent le pain de mon déjeuner. Les rue étaient silencieuses et froides, je m'enroulais dans ma cape. Jade m'avait montrer plusieurs fois sa maison,  assez pour que je m'en souvienne. Je toquai à la porte mais je n'eus aucune réponse. J'avais un mauvais pressentiment. Je toquais de nouveau. La porte s'ouvrit. 

- Ectoir que faites-vous là ! Partez ! 

- Je m'inquiétais, vous n'êtes pas venu ce soir. 

- Je suis désolée, je ne me sentais pas bien. Je suis rentrée plus tôt. J'aurais du vous prévenir. 

- Qu'avez-vous ? 

- Un rhume. Maintenant partez, s'il vous plaît. Je ne veux pas qu'il vous arrive quelques choses ! 

Je souris faiblement et sortis trois miches de pain ainsi que quelques fruits de ma cape. 

- Prenez soin de vous Jade, lui dis-je en les lui donnant

- Merci beaucoup Ectoir. Maintenant filez ! 

Un bruit se fit entendre derrière elle. Je fis un pas en arrière et elle ferma la porte. 

Je souris et me dirigeai vers le château lorsque l'on m'attrapa le bras, je me raidis. Et tourna la tête vers un homme visiblement ivre qui me tenait fermement.

- Tu es jolie toi, 

- Merci, balbutais-je en tentant de me libérer. 

Je devais garder mon calme. Garder ma boîte fermée. 

- Viens on va s'amuser, me dit-il en m'emmenant vers la taverne la plus proche. 

Je luttai mais il était plus fort que moi.

Il n'y avait personne à part le tavernier. L'ivrogne lâcha mon bras pour m'agripper mon poignet en se collant à moi « Tu sais que t'es attirante » me souffla-t-il en caressant mes hanches. Par réflexe, me sentant insultée, en danger je lui assénai une claque. Tout dérapa à partir de cet instant. Il me rendis ma gifle avec puissance, avant de violemment me pousser sur une table, le contact du bois avec mon dos fut si brutal que j'émis un cris de douleur. Cris qu'il étouffa en posant ses lèvres sur les miennes tout en maintenant d'une main les miennes au-dessus de ma tête. J'essais de me débattre, mais je n'y arrivais pas, encore une fois. J'étais tétanisée. Je n'arrivais plus à crier, bouger. Il déchira ma robe, laissant à découvert mes jambes qu'il caressa grossièrement. Il remonta et s'attaqua au tissus qui recouvre mon buste. J'étais effrayée. Je sentais mon esprit se dissociait de mon corps. D'un geste brusque il arracha celui-ci, laissant ma poitrine nu devant ses yeux. Il souri en voyant mes cicatrices. Puis d'une main il malaxa mes seins avant de les lécher, je sentis le contact horrible de sa barbe sur ma peau. Il se redressa légèrement. Dirigea ses mains vers mon sous-vêtement. Soudain. La porte claqua, je me retournai sur Hyppolyte accompagné du tavernier. A la vue de cette scène, son expression faciale devint menaçante. Un flux d'énergie sortie de ces mains pour aller attaquer mon agresseur, qui tomba dans un bruit sourd à terre. Je puisais dans mes dernières forces pour courir et me cacher derrière lui. Mon corps était secoué de spasmes provoqués par des sanglots. Je n'en pouvais plus. Encore une fois. Qu'avais-je fait à l'Univers. Hyppolyte passa alors sa longue cape sur mes épaules avant de m'étreindre avec douceur. Il dut sentir ma détresse. Il a toujours était sensible à ce genre de choses. 

- Je suis désolé, je suis désolé, cela n'aurait pas du t'arriver, ce n'est pas ta faute, ne cesse-t-il de répéter

Je ne dis rien.

Nous ne croisons personne sur le chemin du retour. Une servante m'avais déjà préparé un bain. Je remerciai Hyppolyte et m'enfermai dans la chambre. Je plongeai dans le bain et me frottai avec force. Je devais enlever les traces de ses mains et lèvres avant qu'elles ne m'imprègnent encore une fois. Je devais enfouir en moi une nouvelle douleur. Ce soir-là mes draps furent mouillés de larmes et mes rêves devinrent de terrible cauchemars. Je devais tenir. 

EctoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant